Nouveau CASTING

Sous la houlette d’Emilio Ferrera, le diamant ivoirien souhaite retrouver tout son éclat.

Après le gardien IstvanDudas (ex-Sporting Charleroi), le FC Brussels a entériné la semaine passée son deuxième gros transfert de l’intersaison : Venance Zézé Zézéto. Pour l’attaquant ivoirien, qui s’était forgé une très jolie réputation sous la casaque de Beveren depuis son arrivée en Belgique en 2001, ce passage dans les rangs des néo-promus devrait logiquement s’inscrire sous le signe de la réhabilitation. Car en 2003-04, l’ancien élève de Jean-Marc Guillou à l’Académie de Sol Béni d’Abidjan, n’avait guère défrayé la chronique sportive dans son nouveau cadre d’expression, à La Gantoise : quatre buts et deux assists seulement.

Un total bien mièvre, chacun en conviendra, pour un attaquant qui avait totalisé au préalable 18 goals et 12 passes décisives, en l’espace de 60 rencontres de championnat au Freethiel.

Comment expliquer que Venance Zézé Zézéto n’ait pas répondu complètement à l’attente lors de son bref séjour à Gentbrugge ? D’après Régis Laguesse, bras droit de Jean-Marc Guillou chez les Jaune et Bleu, les Buffalos ont commis, dès le départ, une erreur de casting concernant le joueur.

 » S’ils cherchaient un réalisateur, susceptible de remplacer Alexandros Kaklamanos en pointe, les responsables gantois auraient été beaucoup plus inspirés de jeter leur dévolu sur Constant Kipré Kaiper « , dit-il.  » Car ce dernier a réellement l’étoffe d’un voleur de buts, tandis que son compère s’est toujours profilé davantage comme un habile remiseur, même si sa moyenne d’un goal par tranche de trois matches à Beveren tend à prouver qu’il ne manque pas d’atouts non plus à la finition. Pour exprimer la pleine mesure de ses possibilités, Zézé doit pouvoir jouer dans un contexte où il est dénué de toute contrainte. C’était le cas, chez nous, dans la mesure où il lui était loisible d’agir à sa guise en front de bandière. Pour l’avoir vu à l’£uvre à l’une ou l’autre reprise à Gand, je suis bien placé pour dire que son rayon d’action y était nettement plus restreint. De surcroît, en l’espace d’une saison, il a dû composer avec plusieurs systèmes différents, £uvrant tantôt seul en pointe, puis en association avec Ivica Jarakovic et, enfin, comme soutien de Sandy Martens avec le Serbo & Monténégrin à ses côtés. Dans ces conditions, il y a de quoi y perdre son latin pour un élément qui n’avait jamais connu, auparavant, qu’un seul mode d’expression.

Il faisait partie de la première génération des Académiciens, en 1994, et pendant sept années en Côte d’Ivoire, puis deux à Beveren, cette manière de faire n’avait pas varié du moindre iota. En réalité, on peut comparer ses déboires à ceux rencontrés à un moment donné par certains joueurs qui avaient quitté l’Ajax d’Amsterdam. Ils avaient été tellement habitués à un système qu’ils éprouvaient de la peine à s’accommoder à un autre, du moins s’ils devaient changer leur registre du tout au tout, comme ce fut le cas pour Jari Litmanen. Personnellement, je reste persuadé que Venance Zézé Zézéto aurait fait des dégâts la saison passée s’il avait pu graviter autour d’un footballeur de la trempe d’Alexandros Kaklamanos, par exemple. Mais sûrement pas en tant que solution de rechange au puncheur grec « .

Esprit à Beveren

Côté gantois, tout le monde reconnaît la rentrée dans le rang de Venance Zézé Zézéto, après deux saisons pourtant prometteuses chez les Waeslandiens. Mais l’ancien entraîneur, Herman Vermeulen, qui avait lui-même remplacé le Néerlandais Jan Olde Riekerink en cours d’exercice, nie que son club s’est trompé sur la marchandise en enrôlant l’Ivoirien.

 » Footballistiquement, nous savions fort bien à quoi nous en tenir avec lui « , observe-t-il.  » La seule inconnue, c’était son intégration dans un contexte plus huppé et au niveau d’exigence plus élevé aussi. A cet égard, nous sommes un peu restés sur notre faim. Une transition n’est jamais chose aisée, même dans le cas des meilleurs. L’international Jacky Peeters en avait eu lui-même un petit aperçu, dans le passé, en digérant très mal, au départ, sa mutation de l’Arminia Bielefeld chez nous. L’Ivoirien a fait, somme toute, la même expérience. A cette nuance près qu’il était beaucoup plus jeune que l’autre avant de franchir ce pas et que sa formation était plus uniforme. Même si les approches tactiques furent nombreuses, tout au long de la saison passée, Venance Zézé Zézéto aurait dû logiquement pouvoir se tirer d’affaire à un moment donné. Mais si, physiquement, il était bel et bien présent à Gentbrugge, son esprit était manifestement ailleurs la plupart du temps. Il a paru souvent déraciné, loin de la colonie ivoirienne de Beveren, et ce n’est pas un hasard s’il se retrempait plus souvent qu’à son tour dans cette ambiance qu’il avait bien connue au Freethiel.

Après avoir repris les rênes à la tête de la Première, j’ai essayé de favoriser son intégration, en lui parlant en aparté ou en lui donnant de temps en temps une petite tape amicale. Mais cette chaleur-là, manifestement, n’était rien, ou pas grand-chose, en regard de celle qui lui était réservée lorsqu’il retrouvait sa bande de copains à Beveren. Sans doute le décalage aurait-il été moins abrupt pour lui, d’une campagne à l’autre, si La Gantoise, sur le terrain, avait fait pleinement honneur à son statut de membre du G5. Malheureusement, la situation sportive a laissé à désirer elle aussi. Et elle n’a fait qu’enfoncer un peu plus le joueur.

De plus, comme le public de Gentbrugge est très critique, Zézé a osé de moins en moins entreprendre, au fil des mois. Or, c’est précisément l’une des composantes essentielles de son jeu. S’il ne peut pas enchaîner les actions à intervalles réguliers, le joueur perd automatiquement de sa superbe. Et il en est hélas allé ainsi chez nous « .

Retrouvailles

En paraphant un contrat d’un an û avec option pour une saison supplémentaire û au FC Brussels, Venance Zézé Zézéto retrouvera sous peu le coach qu’il a connu à ses débuts au Pays de Waes : Emilio Ferrera. Une perspective qui a pesé de tout son poids sur l’orientation qu’il voulait donner à sa carrière.

 » S’il a choisi de se lier aux néo-promus, c’est principalement en raison de la présence, chez eux, d’Emilio Ferrera, à qui il voue une très grande estime « , souligne le manager du joueur, Serge Trimpont.  » Voici trois ans, la collaboration entre eux avait été de courte durée, puisque Jean-Marc Guillou avait préféré poursuivre sa route sans le concours du coach bruxellois. Il n’empêche que ces quelques semaines de vie commune avaient marqué Zézé, persuadé de recouvrer ses meilleures sensations sous la coupe du cadet des Ferrera. De fait, c’est un peu le monde à l’envers : autrefois, Emilio Ferrera avait dû quitter le club flandrien sous prétexte qu’il ne favorisait pas suffisamment l’épanouissement de la jeune classe ivoirienne. Et voilà que trois ans plus tard, un de ceux-là jubile à l’idée d’£uvrer à nouveau avec son maître. Il est simplement dommage que ces retrouvailles ne se soient pas déroulées un an plus tôt, auquel cas le joueur n’aurait pas perdu une saison à Gentbrugge. Car l’été dernier déjà, Emilio Ferrera avait insisté pour que Venance Zézé Zézéto soit embrigadé au Lierse. Mais la transaction n’avait pas eu lieu car Stein Huysegems et Arouna Koné étaient toujours présents à la chaussée du Lisp. Avec douze mois de retard et dans un tout autre environnement, les espoirs sont à nouveau permis à présent « .

Une opinion que corrobore pleinement le nouvel entraîneur des Bruxellois.  » Je suis ravi de l’avoir une nouvelle fois sous mes directives « , précise Emilio Ferrera.  » C’est un élément susceptible de faire la différence lorsqu’il est utilisé à bon escient. A Gand, il n’en fut pas souvent ainsi, dans la mesure où, au début, Jan Olde Riekerink le flanqua de deux ailiers. Or, Venance Zézé Zézéto a besoin de se mouvoir sur tout le front de la ligne d’attaque pour s’exprimer à bon escient. Dès que les couloirs sont occupés, son champ d’action est automatiquement limité. L’idéal est de pouvoir le coupler avec un avant autour duquel il est libre de sillonner. Pour le moment, nous sommes en quête de cet homme-là, puisque Ibrahim Tankary est partant. S’il est remplacé avantageusement, je prédis d’ores et déjà une grande saison pour Zézé. Dans ces conditions, il enflammera le stade Edmond Machtens, c’est sûr « .

Bruno Govers

 » Venance a besoin de se mouvoir sur TOUT LE FRONT D’ATTAQUE pour s’exprimer  » (Emilio Ferrera)

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