« NOUS VOULONS GAGNER L’EURO AUSSI « 

Paillettes et glamour ne sont pas son truc. Il s’en tient tout au plus à un brin de show sur le terrain. Le gardien du Bayern et de la Mannschaft espère devenir le Joueur FIFA de l’Année, lundi prochain à Zurich.

En août dernier, au référendum du Footballeur Européen de l’Année, il a été devancé par Cristiano Ronaldo. Manuel Neuer a terminé deuxième. Maintenant, il est nominé au Ballon d’Or, au même titre que l’attaquant portugais du Real et que Lionel Messi. Le trophée est remis le lundi 12 janvier prochain, à Zurich.

Manuel Neuer sait que dans ce genre de référendums, les gardiens sont souvent désavantagés, même si, de facto, il opère en onzième joueur de champ. Neuer quitte fréquemment sa cage pour participer au jeu, de manière spectaculaire. Au Bayern, il s’implique encore plus dans la construction.

Ses passes précises amorcent des attaques car il ne manque pas de technique. Son style de jeu permet à l’équipe de défendre jusqu’à la ligne médiane. Il en assume les risques, inhérents à son tempérament.

Manuel Neuer :  » Je suis flatté d’être nominé pour le titre de Footballeur mondial de l’Année. Ça reste très spécial pour un gardien car on se focalise davantage sur les buts, les occasions, les dribbles et les actions spectaculaires. On oublie plus vite les sauvetages, sans parler de la manière dont un gardien participe au jeu.  »

Ne faut-il pas être une marque, comme Cristiano Ronaldo, pour enlever pareil titre individuel ?

Manuel Neuer : Je ne le pense pas. Je crois que maintenant, tout le monde me connaît. Après tout, l’Allemagne est championne du monde et le Bayern est omniprésent sur la carte internationale du football. Je ne me considère pas comme le représentant d’une marque, hormis d’Adidas. Poser en slip n’est pas mon genre. Je n’aime pas qu’on déroule le tapis rouge devant moi. Je me sens mieux sur le terrain, à l’entraînement. Jour après jour, j’essaie de progresser. Je n’aime le show que sur le terrain et encore, seulement quand il est utile.

Un regard différent

Serez-vous nerveux en attendant le résultat des suffrages pour le Ballon d’Or ?

Je vais vivre l’événement avec décontraction. C’est un événement fantastique, auquel se rendent les meilleurs footballeurs du monde. Je suis heureux d’en faire partie.

Joachim Löw dit que vous avez conféré une autre dimension au poste de gardien pendant la Coupe du Monde. Espérez-vous confirmer ses propos ?

J’essaie d’introduire des risques calculés dans mon jeu. Je ne suis pas devenu un libéro depuis la Coupe du Monde mais les gens portent sur moi un regard différent. Avant, ils disaient que je sortais très vite de mon but alors que maintenant, ils se demandent pourquoi je reste dans ma cage. Je veux jouer sérieusement car l’intrépidité peut provoquer beaucoup de dégâts dans maintes situations. Je dois donc avant tout conserver ma sérénité et communiquer mon assurance à mes coéquipiers. Ils doivent être sûrs de toujours pouvoir m’adresser le ballon.

Avez-vous atteint vos limites ?

Je n’en sais rien. J’essaie d’exercer tous les aspects de ma fonction, de peaufiner les détails et surtout de ne pas me laisser monter la tête. Je n’ai changé en rien mes méthodes de travail. Il n’y a qu’un aspect impossible à entraîner : les sorties. C’est une question d’anticipation. Je dois lire le jeu et évaluer la vitesse à laquelle un joueur déboule, de même que la position de mes coéquipiers.

Question de temps

Depuis le Mondial, l’équipe nationale est moins brillante. Vous avez encaissé huit buts en quatre matches.

Tout a commencé par cette défaite 2-4 contre l’Argentine. L’Allemagne aligne une nouvelle défense. Il faut du temps pour la roder. Nous devons retrouver notre jeu et changer notre style de jeu en prévision de l’EURO français. Des joueurs importants ont mis un terme à leur carrière et plusieurs autres sont blessés. Nous avons également commis des erreurs. A domicile contre l’Irlande, par exemple, nous nous sommes retranchés en défense au lieu de continuer à jouer et de faire circuler le ballon.

Le manager Oliver Bierhoff a dit que l’Allemagne devait jouer en championne du monde, quel que soit son adversaire.

C’est ainsi. Tout le monde veut battre le champion du monde en titre. J’ai connu ça quand je jouais à Schalke 04 : nous voulions toujours battre le Bayern.

Il doit être très difficile de trouver des automatismes quand Jérôme Boateng est le seul facteur de constance ?

Heureusement que nous avons Jérôme. Il est un des meilleurs défenseurs centraux du monde, peut-être même le meilleur. Sa participation à tous les matches est importante.

Devrez-vous vous débrouiller avec les essais du sélectionneur en défense avant l’EURO ?

L’entraîneur ne peut que sélectionner les joueurs disponibles. Si nous n’avons pas de bon arrière gauche, c’est à cause de David Alaba. Quand il était plus jeune, je lui ai conseillé de demander la nationalité allemande. Hermann Gerland, notre entraîneur adjoint au Bayern, a tenté de l’en convaincre également mais Alaba, qui est autrichien, ne nous a pas écoutés.

Phase de transition

Boateng affirme qu’il serait plus simple que chacun se replace avec autant de conviction que les joueurs du Bayern. Est-ce un point à travailler ?

Nous optons pour la voie la plus courte pour reconquérir le ballon le plus vite possible. Nous devons y parvenir endéans les trois ou quatre secondes : sprinter pour réduire les espaces et saisir l’adversaire à la gorge. Nous nous trouvons dans une phase de transition. Plusieurs joueurs ont atteint leurs limites au Brésil. A partir de mars ; nous pourrons nous remettre au travail, en reprenant la campagne de qualification pour l’EURO. Nous voulons aussi le gagner.

La qualification de l’Allemagne pour cet EURO est-elle si évidente ?

C’est pour ça qu’on a changé le règlement, non ? Le troisième est également qualifié ! (Rires) Naturellement, nous en serons, nul ne doit se tracasser à ce sujet. Nous avons perdu des points mais nous ne sommes pas inquiets. Nous devons simplement savoir quel style de jeu nous allons développer durant le championnat d’Europe. C’est à ça que nous devons travailler. ?

PAR KARLHEINZ WILD – PHOTOS: REUTERS

 » J’essaie d’intégrer des risques calculés dans mon jeu. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire