« Nous ramons »

Alors que son voisin du Cercle développe un beau football, le champion d’automne tâtonne.

Karel Geraerts et Els attendent un heureux événement en avril. Le couple a occupé les fêtes à aménager sa nouvelle maison, à Sint-Andries. Karel a peint et rafraîchi l’ensemble. Il n’a donc pas eu le temps de s’ennuyer.

18e au Soulier d’Or après avoir été déjà cinquième à deux reprises et l’année dernière, premier Belge ! Que pensez-vous de votre résultat ?

Karel Geraerts : Je n’ai guère joué au second tour de la saison dernière à cause d’une blessure à l’orteil et à Bruges, le collectif prime. Stijn Stijnen et Elrio Van Heerden étaient les seuls à pouvoir prendre des points. Elrio émerge du lot par ses actions. Un jour, il pourra prétendre au trophée. C’est plus difficile pour les autres Brugeois, à moins de signer plusieurs belles saisons de rang comme Timmy Simons dans le passé.

Est-ce oublier vos performances de l’automne ? Elrio a obtenu 20 points alors qu’il a été titularisé trois fois tandis que vous avez joué 16 matches…

J’ai été bon à partir d’octobre mais mon début de saison n’a pas été brillant. J’ai parfois été décisif, j’ai marqué l’un ou l’autre but, délivré un assist mais sans disputer de match formidable. J’ai progressé par la suite, à un autre poste.

Steven Defour mérite-t-il sa victoire ?

Oui, car il a été le plus régulier. Passez-moi la comparaison : comme moi mais à un niveau supérieur. Steven peut dribbler et a un excellent passing tout en étant régulier. Il est toujours bon. Il a beaucoup joué sur le flanc, en équipe nationale et au Standard. C’est bien pour son évolution, même s’il est fait pour l’axe.

Vous êtes un diesel. Est-ce la seule

explication à vos débuts pénibles ?

Je me livre à fond pendant la préparation estivale afin d’avoir une bonne base. Il me faut donc quelques semaines pour retrouver ma fraîcheur ensuite mais je tiens le coup toute la saison. D’autres facteurs jouent un rôle. Globalement, nous n’avons pas été bons. Nous nous cherchions sur le terrain, je jouais un peu plus haut et à ce poste, pour être rentable, il faut recevoir des ballons des ailiers. D’ailiers purs, pas de faux comme les nôtres.

 » Je suis resté dans l’axe mais j’ai dû me contenir « 

Le système de jeu a changé début octobre. Le Club est passé du 4-4-2, où vous occupiez un poste dans l’entrejeu central, au 4-3-3, au sein duquel vous êtes médian défensif. D’un coup, on a vu un autre Geraerts…

En effet, le système a évolué, en seconde mi-temps contre Brann Bergen. La première période avait été dramatique. Nous avons raté la qualification d’un cheveu puis nous avons enchaîné les victoires. Je suis resté dans l’axe mais j’ai dû me contenir. Je peux encore monter mais sélectivement. J’opère ainsi quatre ou cinq fois par match. Je dois encore apprendre à mieux choisir mes moments. Le reste ne pose pas problème puisque je suis médian défensif de formation. Jadis, je constituais une alternative à Simons. Mais comme il était rarement blessé ou suspendu, je n’ai pas eu ma chance. Plus tard, le Standard a exploité d’autres registres de mon jeu en me plaçant à côté de quelqu’un qui effectuait le travail défensif : Juan Ramon Curbelo, Matthieu Assou-Ekotto, puis Siramana Dembele et enfin Marouane Fellaini, en 4-4-2, avec deux flancs.

Etes-vous suffisamment armé pour relancer le jeu ?

Je progresse. Je suis plus serein et j’ai plus de monde devant moi, donc plus de possibilités. Il faut passer le ballon aux médians pour bien construire le jeu.

Précisément, au premier tour, le Club a abusé des longs ballons.

Nous ne devons pas en abuser car nous n’avons pas d’attaquants pour les gérer, à part Salou Ibrahim, qui ne joue pas. Les autres préfèrent les combinaisons. Nous devons obliger les défenseurs adverses à quitter le rectangle en montant ballon au pied, générer une supériorité numérique dans l’entrejeu et mieux exploiter les espaces. Nous devons joindre la manière aux résultats mais nous marquons difficilement.

Comment avez-vous digéré l’élimination en Coupe ?

Mal. Le Cercle s’est créé une occasion, comme nous.

 » Que Van Heerden rentre avant le 10 février svp « 

Le Cercle est porté aux nues, le Club critiqué.

Le Cercle ne joue pas mal. Son football est gai, frais, super, comme celui de Genk la saison passée. D’ailleurs contre le Racing, il lui a suffi de regarder le but pour marquer. Le Standard a connu ça en début de saison. Nous ramons. Nous n’avons pas encore reçu un seul but cadeau mais nous en sommes responsables. On a besoin de footballeurs qui savent conserver le ballon à certains postes, afin de monter. Les flancs sont importants. Si on s’efface mais qu’on n’est pas habitué à conserver le ballon avec un défenseur dans le dos, on n’apporte pas grand-chose à l’équipe. Le retour d’Elrio est important. C’est le seul capable de forcer une action. Il sait dribbler. Qu’il revienne vite d’Afrique ! Wesley Sonck va aussi jouer un rôle important. Enfin, j’espère.

Koen Daerden n’a pas encore repris l’entraînement. Comptez-vous sur lui ?

Il recourt. J’espère qu’il pourra rejouer en fin de saison. Sinon, ce sera pour l’année suivante. C’est très ennuyeux. On en parle peu mais ces trois joueurs peuvent forcer quelque chose.

La finale de la CAN a lieu le 10 février…

C’est tard… Espérons que l’Afrique du Sud soit éliminée au premier tour !

Vous considérez le Standard comme votre principal candidat au titre. Pourquoi, selon vous, serait-il capable d’être champion cette saison ?

Parce qu’il a été très bon jusqu’à présent. Il doit bien y arriver une fois… Il a une équipe talentueuse. Pourquoi pas ?

Tenez-vous encore compte d’Anderlecht ?

Pas pour l’instant, l’écart est trop important. En fait, nous observons peu d’équipes, nous nous concentrons sur nous-mêmes. Je sais que beaucoup de gens guettent avec impatience nos premières défaites. A nous de leur ôter cet espoir.

 » Celui qui n’admet pas qu’on peut mieux jouer est borné « 

Qu’avez-vous travaillé pendant le stage de janvier ?

Le groupe s’est beaucoup entraîné à la possession du ballon, au physique, à la finition, surtout par des petits matches, des situations concrètes : à douze contre neuf, en tenant de conserver le ballon dans telle ou telle partie du terrain pendant 20 ou 30 secondes… Nous avons entraîné des aspects qui améliorent le jeu mais nous avons encore une marge de progression. Celui qui ne l’admettrait pas serait borné.

Le départ de Bosko Balaban a peut-être été une bonne chose pour le Club et celui de Sergio Conceiçao a libéré le Standard ?

Je n’ai côtoyé Balaban que pendant la préparation. Tout le monde sait comment il est. Il marquait mais il n’assumait pas ses tâches défensives comme Djokic. Bosko a certes inscrit des buts décisifs mais le football moderne implique qu’on attaque et qu’on défende à onze. Il est trop facile de dire que le Standard marche cette année parce que Sergio est parti. Il a apporté beaucoup au Standard, à mon avis. Nous avons rejoint Liège au même moment. Nous avons été troisièmes la première saison puis deuxièmes et encore troisièmes. Le club a jeté certaines bases, il a acquis une certaine stabilité. J’aurais préféré qu’il l’acquière plus tôt car j’aurais peut-être gagné un prix sous son maillot. La fin n’a pas été agréable mais la période qui l’a précédée a été très belle.

Vivre avec sa rancune n’est pas bon ?

Non et ce serait injuste. Je n’en ai pas voulu au Club non plus car je m’y sentais bien. Simplement, je n’ai pas eu de chance : Timmy était au top, comme Gaëtan Englebert et Nastja Ceh, il y avait peu de blessés…

Tom De Sutter est un autre produit du Club…

Il va devoir franchir une étape à l’avenir car le Cercle n’a rien à perdre. C’est la première année qu’il connaît un tel succès. C’est tout ce que je dirai. Je ne suis pas à même d’émettre un jugement plus approfondi sur De Sutter.

par peter t’kint- photos: reporters

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire