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 » Nous ne voulons pas trop de VAR « 

A partir de ce week-end, onze arbitres semi-professionnels, qui seront bientôt rejoints par d’autres, doivent s’assurer plus de  » respect « . Le corps arbitral belge veut redorer son blason. L’objectif : ramener un Belge parmi l’élite européenne.

Il ne faut pas attendre de Belge qui arbitre un grand match de Ligue des Champions avant deux ans, annonce Bertrand Layec. Pendant dix ans, le Breton a assuré le suivi des arbitres français, parmi lesquels Clement Turpin, un des meilleurs de son pays et du monde. En mai, Layec a succédé à Johan Verbist à la tête des arbitres belges. Layec :  » Amener un arbitre au sommet est l’affaire de dix ans, voire plus. Eden Hazard n’a pas non plus émergé par hasard. Il vient de signer au Real mais je le connais depuis dix ans…  »

L’arbitre n’a pas à rédiger le scénario d’un match. C’est la tâche des joueurs.  » Bertrand Layec, le patron des arbitres

Il prône la patience. Le respect. La confiance. L’ouverture, aussi. Le dernier jour du stage de trois journées des arbitres à Tubize, la presse a pu écouter le speech adressé à son corps. Il a ensuite parlé aux journalistes. Cette semaine, tous les changements de règlement vont être expliqués et, dans le courant de la saison, il veut que chaque arbitre visite au moins un club professionnel pour faire plus ample connaissance. Une meilleure communication et plus de compréhension amélioreront la direction des matches.

DE NOUVELLES RÈGLES

Nous lui avons demandé quelle était la nouvelle règle la plus marquante. Layec :  » Tout changement est important mais le plus significatif concerne le jeu de main.  » Depuis le 1er juin, l’IFAB, l’organe qui détermine les règles du jeu, l’a mieux décrit :

Il y a hands quand le footballeur touche le ballon et que son corps forme une silhouette non-naturelle. Quand il se fait plus large avec son bras, en traduction libre. S’il touche le ballon de la main plus haut que l’épaule, il y a faute. Par contre, il n’y en a plus quand un ballon est détourné sur le bras ou touche un membre utilisé comme soutien.

Layec :  » La différence, c’est qu’avant le 1er juin, nous avions des habitudes, des règles qui ne figuraient pas sur papier. Désormais, tout est écrit noir sur blanc. On a réduit la zone grise. Ça devrait en principe faciliter la tâche des arbitres, même si cette zone grise ne disparaîtra jamais vraiment.  »

La deuxième grande différence, à ses yeux, est la gestion des coaches et du banc. Layec :  » Pendant les play-offs, nous avons remarqué à plusieurs reprises des mouvements et des expressions excessifs. C’est habituel en Belgique, me dit-on, mais je ne trouve pas ça bien. Je suis très sensible à l’image du football. Quand je suis devant mon poste TV et que je vois 25 hommes s’agiter devant un banc, ça ne me plaît pas. Les nouvelles règles, qui permettent d’avertir ou d’exclure un entraîneur ( par des cartes jaunes ou rouges, ndlr) constituent un atout qui peut être utilisé intelligemment.  »

Il y a d’autres changements moins marquants, qui auront toutefois un impact sur le jeu. Plus d’attaquant dans le mur -on ne pourra plus pousser ni tirer ou, par exemple, la possibilité pour un joueur remplacé de quitter le terrain par l’autre côté, afin d’accélérer le jeu. Layec :  » J’apprécie notamment le fait qu’un joueur sur lequel on a commis une faute et qui reprend rapidement le jeu par un coup franc éventuellement suivi d’un but ne sera plus puni par l’annulation de ce but et l’obligation de recommencer le coup franc. Avant le 1er juin, l’arbitre devait donner une carte de suite s’il voulait sanctionner la faute. Ça ralentissait le jeu et allait à l’encontre de l’éthique du sport. Désormais, il peut le faire a posteriori.  »

LE VAR

On ne pourra plus dire que les arbitres présents dans le bus du VAR sont en fait des arbitres busés. A la demande de l’UEFA, ils sont désormais tous des juges actifs. Ils ne doivent pas craindre de corriger leurs collègues, estime la direction du corps. Frank De Bleeckere :  » Qui les gens vont-ils pointer du doigt en cas d’erreur ? Pas l’homme sur le terrain mais celui qui est dans le bus : avec toutes ces images, comment n’a-t-il pas vu la faute ?  »

Petit rappel. Quand le VAR peut-il intervenir ? Selon l’IFAB, en cas de  » clear and obvious error  » ou de  » serious missed incident  » en rapport avec : a) un but ou pas de but ; b) un penalty ou pas ; c) une carte rouge directe (pas sur une jaune ou un avertissement verbal) ; d) une erreur de personne (si l’arbitre renvoie le mauvais joueur).

Layec :  » En principe, c’est très clair et c’est positif pour le football mais c’est aussi un danger. Nous nous trouvons un peu entre les deux. Nous avons énormément travaillé avec les arbitres pour placer très haut la barre des interventions. Ce qui veut dire : ne pas trop intervenir si ce n’est pas vraiment manifeste. Mais ce n’est pas facile car il y a encore une vaste zone grise entre ce qui est clair pour l’un et pas pour l’autre. Nous allons publier sur une plate-forme les directives sur lesquelles nous avons travaillé, à l’intention du public et des clubs. N’oubliez pas que ce système n’est en place que depuis deux ans. Nous en avons extirpé les principaux manquements mais il y aura encore des situations pour lesquelles certains voudront l’intervention du VAR et d’autres pas.  »

Dans son speech, Layec a insisté sur le respect. Veut-il un corps arbitral plus autoritaire ?  » Non. Je veux plus de respect pour l’arbitre, qui sera toujours le premier responsable. Son management, sa personnalité, un sourire de temps en temps, voilà ce qui compte. Du leadership. De la communication. En match avec les joueurs-clefs, les capitaines mais aussi les entraîneurs. En même temps, le respect doit venir aussi de l’extérieur. Celui qui est critiqué jour après jour n’est plus en état de prester. Un arbitre est un être humain, pas une machine. Pour être performant, il faut être en confiance. Je ne suis pas naïf. Il y aura parfois une guéguerre entre les deux parties mais il faut distinguer la stratégie du respect. C’est de bonne guerre.  »

DES SANCTIONS SÉVÈRES

Depuis vingt ans, on nous serine qu’il faut protéger les artistes, les talents. Combien de temps faudra-t-il encore attendre ? Layec :  » Je vous comprends. Nous continuons à insister là-dessus à chaque réunion. Je n’ai pas voulu montrer les images à la presse mais j’ai été surpris par la manière dont on traitait des bons footballeurs pendant les play-offs. J’ai repassé ces images en interne. Je veux aussi que les arbitres soient très attentifs en fin de match. Il faut plus de concentration, surtout dans le rectangle. Il y a une différence entre siffler un penalty fifty-fifty à la 53′ ou à la 95′. L’arbitre n’a pas à rédiger le scénario d’un match. C’est aux joueurs à le faire.  »

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