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 » NOTRE MOUVEMENT EST EN PLEIN ESSOR « 

La Belgique participe aux Paralympiques avec une délégation de 29 sportifs et une mission spécifique : faire mieux que les 7 médailles obtenues à Londres.

Nafi Thiam, Greg Van Avermaet, Pieter Timmers, les Red Lions, Dirk Van Tichelt, Jolien D’Hoore ont participé au plus grand événement sportif du monde mais dès ce mercredi et jusqu’au 18 septembre, c’est l’heure des Jeux paralympiques. Ils occasionnent également un grand déménagement puisque quelque 4.000 athlètes issus de 168 pays vont séjourner en Amérique du Sud.  » Pour préserver la compétitivité de l’événement, on a fixé le maximum à 4.350 sportifs « , explique Guillaume Gobert, le marketing & media manager du Comité paralympique belge.  » A Londres, ils étaient 4.200, représentant 163 pays. Nous pourrions atteindre les 178 mais je pense que nous allons rester aux alentours des 168. Rio n’a pas payé le support grant à dix pays au moins. Du coup, certains, comme les pays africains, plus pauvres, n’ont pas pu réserver de vols.  »

La semaine dernière, le Comité international paralympique avait promis d’intervenir, surtout au profit des petites délégations, qui coûtent moins cher. Un million de billets, sur un total de 2,5 millions, ont été vendus mais il est clair que les stades ne seront pas remplis, comme c’était déjà le cas pendant les JO.  » C’est très regrettable « , estime Gobert.  » Les prix sont pourtant moins élevés et les athlètes raffolent du kick conféré par un grand public. Ça les avait boostés à Pékin et à Londres et nous pensions avoir trouvé une norme. Hélas non. Le football va attirer le plus de monde car le Brésil a toujours été sacré champion paralympique depuis l’existence de ce tournoi. Pour ça, le stade sera comble. Les Brésiliens et le football, ça reste une religion.  »

EN PROGRÈS

Gobert a mis le cap sur le Brésil vendredi, pour rejoindre l’équipe présente à Copacabana. Il était déjà des Jeux précédents. La Belgique avait gagné sept médailles pour terminer 36e au classement des nations.  » C’est un fameux progrès car la récolte avait été particulièrement maigre à Pékin avec une seule médaille. Nous en voulions cinq et dix places dans le top dix à Londres mais notre délégation de 40 sportifs a obtenu sept médailles. Nous avions une équipe de rugby de onze athlètes et une équipe de goalball pour aveugles et malvoyants de six personnes. Trois joueurs-clefs de rugby ont raccroché depuis, ce qui nous a empêchés de figurer parmi les huit meilleures équipes du monde.

Lars Mertens, le meilleur au monde, a trouvé l’amour aux États-Unis et y est devenu semi-pro. Nous n’avons pas les moyens de le faire venir régulièrement pour les entraînements nationaux. Suite à l’émergence des dames, le nombre d’équipes en goalball est passé de douze à dix. Nous avons loupé le coche à deux buts près. Nous n’alignons donc pas d’équipes mais 29 sportifs individuels. Initialement, ils étaient 24 mais suite à la suspension de la Russie, on a repêché cinq Belges. Nous évoluons donc, même s’il faut relativiser.

Depuis Londres, beaucoup de petits pays se sont fameusement professionnalisés. Le nombre de compétitions a augmenté et il est devenu important de grappiller des points pour notre classement mondial, qui joue un rôle dans le nombre de slots délivrés à chaque pays. Tout cela coûte beaucoup d’argent. La Belgique progresse certainement. N’oubliez pas que nous avons obtenu cinq places de plus, attribuées à des sportifs qui avaient tous satisfait aux critères internationaux. Ils sont récompensés par leur sélection, même si c’est en dernière minute.  »

UN NOUVEAU CHALLENGE

L’objectif ?  » Nous visons huit médailles car nous en sommes capables. Après sept, il est temps de passer à huit « , poursuit Gobert.  » Cela nous permettrait de progresser nettement au classement des nations. Le nombre de professionnels soutenus par l’Adeps ou le Bloso est toutefois limité à six. C’est que beaucoup d’athlètes, comme notre figure de proue, Marieke Vervoort, perçoivent une allocation et ne peuvent la combiner avec le soutien des instances sportives.

Quatre ans après Londres, l’Angleterre peut se profiler comme la meilleure nation du monde et aider les plus petites. C’est une nation vraiment top. Elle nous fait d’ailleurs bénéficier de beaucoup de conseils et d’aide. Pour le reste, il y a surtout les USA, l’Australie, la Chine, qui est représentée dans toutes les catégories, et l’Ukraine, étonnante quatrième mondiale après Londres.

Ce sont généralement des pays qui disposent d’un vaste programme de revalidation qui permet à beaucoup d’anciens militaires de trouver un nouveau challenge grâce au sport. On trouve aussi des pays qui ont été impliqués dans une guerre plus ou moins récemment. Inutile de préciser que nous sommes très heureux de ne pas figurer dans cette catégorie.  »

PAS DE FIGURE DE PROUE

La Belgique emmène quatre champions du monde et trois champions d’Europe en titre. Deux jeunes pongistes de talent, numéros un et deux, Florian Van Acker (19 ans) et Laurens Devos (16 ans) font partie de ces derniers. Elle possède en plus de véritables ténors, champions du monde à deux reprises : Peter Genyn (sprint en chaise), Marieke Vervoort (sprint en chaise) et Michèle George (équitation). Soit un potentiel de six médailles alors que le porte-drapeau durant la cérémonie d’ouverture, Sven Decaesstecker, dispute ses quatrièmes Jeux. Il a terminé deux fois cinquième et une fois quatrième.

Tout le monde connaît maintenant le joueur de tennis Joachim Gérard, lauréat des Masters 2015. Le boccia est le sport le plus spécifique. C’est une sorte de pétanque pour personnes à mobilité réduite, par exemple suite à une paralysie cérébrale. En chaise électrique, elles déploient technique et concentration pour lancer une balle en cuir le plus près possible d’un exemplaire blanc.

En cyclisme, il existe un tandem à trois roues pour ceux qui ont des soucis d’équilibre.  » Le sport paralympique ne dispose pas actuellement d’une véritable figure de proue, d’un athlète à la Usain Bolt » , conclut Gobert.  » Nous avons longtemps eu Oscar Pistorius mais nous n’avons trouvé personne pour le remplacer. Je ne suis pas sûr que nous en ayons vraiment besoin mais ce serait quand même intéressant. Nous parlons d’un univers radicalement différent.

A titre de comparaison, Gérard parcourt le monde entier pour participer aux grands chelems et il gagne environ 40.000 euros alors qu’ Andy Murray en touche 2,4 millions. L’attention médiatique est moins forte en Belgique que dans les pays voisins. Ça nous fait parfois de la peine. La France va transmettre les Paralympiques en direct pendant 800 heures, le Canada pendant mille heures ! Mais notre mouvement continue à grandir. Le caractère social qui y est lié, l’intégration de la personne handicapée, constitue notre grande motivation. Les athlètes sont les catalyseurs du sport par leurs prestations.  »

PAR FREDERIC VANHEULE – PHOTOS BELGAIMAGE

 » L’intégration de la personne handicapée constitue notre grande motivation.  » – GUILLAUME GOBERT, MARKETING & MEDIA MANAGER DU COMITÉ PARALYMPIQUE BELGE

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