© CHRISTOPHE KETELS - BELGAIMAGE

 » Notre bonheur dépend de notre amour, pas de nos médailles « 

Lui : ancien nageur, détenteur du record du monde de l’heure en cyclisme. Elle : spécialiste de la brasse, multiple médaillée en petit bassin. Ensemble : le couple sportif le plus connu de Belgique. Avant le contre-la-montre du championnat de Belgique jeudi et le Mondial de natation fin juillet, Victor Campenaerts (27 ans) et Fanny Lecluyse (27 ans), évoquent leur vécu.

« En fait, on devrait nager l’un contre l’autre. Je suis d’accord mais il faut convaincre Fanny. Je crois qu’elle a peur.  »

 » Brr, terriblement.  »

 » Moi, je suis coureur. Je n’ai rien à perdre, hein !  »

 » Mais tu es un homme.  »

Victor Campenaerts et Fanny Lecluyse croisent gentiment le fer, après s’être prêtés à une séance photos dans une piscine d’Anvers. Il faut beaucoup insister avant qu’ils trouvent un compromis : ils vont se livrer leur toute première compétition en 50 mètres papillon. Pas la brasse, la spécialité de Fanny, mais la discipline qui a permis à Campenaerts de se distinguer durant son adolescence. Il a remporté deux médailles de bronze en papillon aux championnats de Flandre. « Mes records de club au Brabo de Borgerhout en benjamins, minimes et cadets tiennent toujours « , signale-t-il fièrement.  » Mais je n’ai plus nagé depuis trois mois. Atteindre l’autre côté du bassin sera déjà un fameux défi.  » Fanny intervient :  » Ne cherche pas d’excuses. Tu peux même t’estimer heureux de ne pas devoir faire demi-tour car là, tu perdrais sûrement !  »

La grande différence entre la natation et le cyclisme, c’est qu’on souffre beaucoup plus en course qu’à l’entraînement.  » Victor Campenaerts

Peu après, les deux amoureux, qui se sont rencontrés l’année passée à l’EURO de Glasgow, alors que les équipes nationales de natation et de cyclisme dînaient dans le même restaurant, sont prêts à plonger.  » Tu nous filmes ? Je voudrais connaître mon chrono « , demande Campenaerts, maniaque des statistiques, à votre serviteur, également chargé de donner le départ.

29 secondes plus tard, Lecluyse arrive en tête, suivie à une seconde par Campenaerts, qui semble satisfait.  » À mi-parcours, j’ai pensé passer au crawl pour rejoindre Fanny mais finalement, je n’ai pas trop de retard. En fait, c’est plus le départ que la course en elle-même qui m’a fait perdre du temps. Fanny rit : « Le voilà tout fier, maintenant !  »

 » Le cyclisme n’est pas vraiment une passion  »

Ce premier duel illustre parfaitement la mentalité de ces deux sportifs de haut niveau, deux bêtes d’entraînement.

FANNY LECLUYSE : Adolescente, je voulais même battre les garçons. Quand je ne nageais pas plus vite qu’eux, j’étais furieuse.

VICTOR CAMPENAERTS : Mes anciens coéquipiers du club de natation m’ont envoyé des messages après mon record de l’heure. Ils se souviennent qu’à douze ans, après l’entraînement, j’étais le seul à encore exercer dix fois les départs et les demi-tours. Pourtant, au début, je détestais la natation : mes parents m’avaient obligé à en faire. Puis, j’ai terminé deuxième d’une course à laquelle mon père m’avait inscrit contre mon gré et j’ai commencé à m’entraîner cinq fois par semaine. Pas que j’aimais subitement ça, mais parce que je voulais être le meilleur. Ça n’a pas changé. Le cyclisme est un moyen d’atteindre mon objectif ultime : devenir le meilleur spécialiste mondial du contre-la-montre. Ce n’est donc pas vraiment une passion. Si je pensais être meilleur sur 400 mètres, je serais sur une piste d’athlétisme. Mais je suis trop petit, comme je l’étais pour devenir un nageur de talent. Je suis donc passé au triathlon puis au cyclisme.

Victor Campenaerts :
Victor Campenaerts :  » Je puise ma confiance dans la qualité de ma préparation. C’est grâce à ça que j’ai battu le record de l’heure, pas parce que j’étais amoureux. « © CHRISTOPHE KETELS – BELGAIMAGE

Il est possible de devenir le meilleur dans une activité qu’on n’adore pas ?

CAMPENAERTS : Compare ça à une femme dans la quarantaine, qui ne veut plus d’enfant mais tombe enceinte. C’est pareil pour moi : je veux et je dois atteindre mon objectif, soit l’or olympique à Tokyo. C’est pour ça que je me torture à l’entraînement. Comme je fais beaucoup d’efforts et de sacrifices, je veux en être récompensé. C’est un cercle vicieux. Je m’oblige à prester.

Au point que le jour de la remise du Vélo de Cristal, tu t’entraînais sur les rouleaux à 4h30 du matin.

LECLUYSE : ( elle interrompt) La veille, on s’était couché à 20 h car je voulais m’habituer au décalage horaire avec Hangzhou, en Chine, où se déroulait le Mondial en petit bassin ( elle y a obtenu une médaille de bronze, ndlr). Par solidarité et par amour – c’est romantique, non ? , Victor s’est levé en même temps que moi, à 4 h. Et il est allé sur les rouleaux. Le plus beau restait à venir. À 5 h du matin, on a sonné : contrôle antidopage ! Vous auriez vu l’étonnement des contrôleurs en voyant Victor ! Je suis partie à la piscine peu après ( elle éclate de rire).

 » On apprend chacun de l’autre  »

Tu n’as pas accompagné Victor au Vélo de Cristal. Beaucoup se seraient pourtant fait une joie d’assister à pareil gala.

LECLUYSE : Le choix n’a pas été difficile. Le Mondial était trop important. Je ne pouvais pas me permettre de me fatiguer en veillant tard. Quand j’arrêterai, ce qui n’attendra pas cinq ans, j’aurai encore l’occasion d’assister à des fêtes. Maintenant, ma carrière est prioritaire. Je ne veux pas nourrir de regrets plus tard.

À l’issue du Mondial, tu as confié que Victor t’avait appris à t’améliorer. Sur quel aspect ?

LECLUYSE : Surtout en matière de nutrition. Avant, je m’imposais un régime strict dès le début de l’année. Quand ça allait moins bien, je craquais et je mangeais trop. Pas des kilos de chocolat mais une pizza, par exemple.

J’ai changé : au printemps, le dimanche, mon jour de repos, je me suis accordé une crêpe. Je pensais pouvoir être extrême durant les treize semaines précédant le Mondial mais c’était trop long. Il veut mieux attendre le dernier mois pour surveiller strictement son alimentation : plus de desserts, de parmesan sur mes pâtes… Il y a d’autres détails : un shake de récupération immédiatement après l’entraînement, m’appliquer davantage pendant les séances. C’est plus facile en m’y consacrant pendant un mois.

CAMPENAERTS : Personne ne peut tenir pendant des mois, à part Chris Froome. J’essaie de continuer à apprendre. Surtout à me freiner. Je m’oblige à rester dans mon fauteuil en novembre quand je n’ai pas envie de pédaler pendant cinq heures ou de m’astreindre à une dure séance contre le chrono. La saison est déjà assez dure comme ça sans qu’il faille s’épuiser mentalement trop tôt.

LECLUYSE : Atteindre son pic de forme au bon moment donne de l’assurance car on sait qu’on a tout mis en oeuvre pour réussir et que toutes les pièces du puzzle vont s’assembler.

Victor, qu’est-ce que Fanny t’a appris ?

CAMPENAERTS : Avant, je pensais travailler plus systématiquement, avec plus de structure que les autres coureurs. Mais ce que Fanny fait… Il y a une différence.

LECLUYSE : Je me lève tous les matins à 6h15. Je déjeune puis je fais douze minutes d’exercices de respiration avec mon appareil POWERbreathe -encore un aspect que j’ai copié de Victor. À 6h50, je pars à la piscine de Mouscron. J’entame mon échauffement sec à 7h10, je nage de 7h30 à 9h15 puis je fais un quart d’heure de stretching. Je me repose l’après-midi avant de replonger dans le bassin de 17h15 heures à 20 h, avec en plus une séance de musculation et de cardio-training, à laquelle je m’astreins aussi le matin deux fois par semaine. Je suis au lit à 22 h précises. Tout est parfaitement planifié.

Fanny Lecluyse :
Fanny Lecluyse :  » Avant une compétition, je suis heureuse de savoir que Victor la regarde mais en course, je ne pense pas à lui. « © CHRISTOPHE KETELS – BELGAIMAGE

CAMPENAERTS : Fanny me motive. Surtout, quand j’étais en stage d’altitude en Namibie, avant ma tentative de record du monde, et que j’enchaînais parfois trois dures séances par jour. J’ai appris à mieux répartir mes temps d’entraînement et à me reposer. On apprend chacun de l’autre.

 » Je sais que je dois souffrir pour gagner  »

Une préparation de plusieurs mois pour un seul grand objectif est plutôt rare pour un coureur alors que pour un nageur, c’est pareil tous les ans. C’est dur mentalement ?

LECLUYSE : Pas pour le moment, puisque le Mondial approche et parce que depuis juin de l’année passée, j’ai mon diplôme d’institutrice et que je peux me consacrer pleinement à mon sport. Les mois de janvier et de février sont souvent les plus durs parce que mon objectif est encore lointain.

Le problème, c’est qu’en natation, on ne peut pas participer à des dizaines de compétitions pour interrompre cette longue période de préparation. Pour prester, on doit chaque fois diminuer l’intensité des séances pendant dix jours. Or, j’ai besoin de ce temps pour exercer mon endurance et donc nager beaucoup de kilomètres, surtout pour une épreuve aussi dure que le 200 mètres brasse. Cet entraînement est déterminant pour un nageur alors qu’un cycliste peut se préparer en course.

CAMPENAERTS : Peu de coureurs parviendraient à suivre mon régime de trois mois d’entraînement, avec une seule course, Tirreno-Adriatico, avant le record du monde. Mais je suis un ancien nageur. Je savais aussi que si je n’améliorais pas le record, je pourrais encore sauver ma saison au Giro, à l’EURO, à la Vuelta, au Mondial. Si Fanny échoue au championnat, elle doit patienter six mois et tout reconstruire, à l’entraînement. Mentalement, c’est nettement plus dur.

LECLUYSE : Surtout que durant ces séances, il faut se faire mal. Je dois me motiver, me préparer à des séances de brasse de 45 minutes durant lesquelles je vais dans le rouge. C’est beaucoup plus pénible qu’une compétition de deux minutes.

Victor a déclaré, dans notre Guide du Cyclisme, qu’il aimait souffrir. Et toi ?

LECLUYSE : Ça ne me fait pas peur, en tout cas. Mon entraîneur peut m’infliger ce qu’il veut : je sais que je dois souffrir pour atteindre une finale et gagner une médaille. Même si c’est dans une piscine, à l’aube, sans spectateurs.

CAMPENAERTS : C’est la grande différence avec le cyclisme. On souffre beaucoup plus en course qu’à l’entraînement. Un départ en montée, pendant lequel il faut trimer pendant une demi-heure. Ou un Giro. Au bout d’une semaine, on se dit qu’on ne tiendra jamais deux semaines de plus. C’est presque inhumain mais il faut s’accrocher durant cette première demi-heure pour franchir la ligne. Il faut survivre aux étapes de montagne pour pouvoir gagner le dernier contre-la-montre. J’ai dépassé mon seuil de douleur plus souvent en vélo qu’en natation ou en triathlon. J’y suis poussé. Par les encouragement des supporters, les coureurs qui m’entourent.

Après une mauvaise course, Victor ne va jamais porter de jugement. Il va plutôt me consoler et me remonter le moral.  » Fanny Lecluyse

LECLUYSE : Si j’étais complètement seule, je n’y parviendrais pas non plus. Je peux effectuer mes séances les plus intenses avec mes collègues masculins, au club, ce qui est moins monotone et plus facile à supporter mentalement.

 » On comprend nos frustrations et nos expériences négatives  »

L’amour vous aide-il à l’entraînement, vous permet-il d’aller encore davantage dans le rouge en compétition ?

CAMPENAERTS : Ne comparons pas ça avec le boost qu’a reçu Frank Vandenbroucke à la Vuelta en tombant amoureux de Sarah. Je pourrais présenter les choses plus romantiquement mais je suis trop réaliste pour ça, un brin autiste ( rires). Je puise ma confiance dans la qualité de la préparation. Elle doit être parfaite. C’est grâce à ça que j’ai battu le record de l’heure, pas parce que j’étais amoureux. Ce sentiment de bonheur est certes une motivation supplémentaire pour surmonter des semaines d’entraînement intense ou rouler un Giro très dur. Je me réjouis chaque fois de notre séance quotidienne sur Skype, à 21 h, après l’entraînement de Fanny ( Victor habite toujours à Winksele, près de Louvain, et Fanny à Dottenijs, près de Mouscron, ndlr).

Victor Campenaerts :
Victor Campenaerts :  » Je n’ai pas pensé à Fanny pendant le record de l’heure car sur la piste, je ne pouvais pas dévier de ma trajectoire d’un centimètre. « © CHRISTOPHE KETELS – BELGAIMAGE

LECLUYSE : Tout est plus facile quand on est amoureux mais je ne me lève pas plus facilement qu’avant et je ne m’entraîne pas mieux non plus. Je ne vais pas non plus faire l’inverse : brosser une séance pour pouvoir parler sur Skype avec Victor. Je suis trop perfectionniste et Victor l’est encore plus que moi. C’est pour ça qu’on va aussi bien ensemble.

CAMPENAERTS : Deux battants ! Même le jour de la Saint-Valentin, on s’est minutieusement entraîné.

LECLUYSE : Qu’il soit amoureux ou pas, le sportif de haut niveau doit vouloir prester pour lui-même. À long terme, c’est la meilleure motivation. Avant une compétition, je suis évidemment heureuse de savoir que Victor la regarde et qu’on puisse se téléphoner une heure avant mais juste avant le départ et en course, je ne pense pas à lui. Je suis dans ma bulle. Je ne forme un coeur qu’à l’arrivée.

CAMPENAERTS : Pendant un long contre-la-montre, comme celui du Giro, il m’arrive de penser à Fanny, au message qu’elle m’a envoyé le matin, par exemple. Un cerveau ne peut pas rester concentré à 100% pendant une heure sans la moindre digression. Si elle est courte, elle ne fait pas de tort, pour autant qu’on soit toujours capable de se reconcentrer.

Pendant ma tentative de record de l’heure, je n’ai pas pensé à Fanny car je devais être beaucoup plus concentré : je ne pouvais pas quitter ma ligne d’un centimètre sur la piste. Toute mon attention allait au panneau indiquant mes temps à chaque tour.

C’est plus facile pour oublier une déception et relativiser ?

CAMPENAERTS : J’ai déjà appris à gérer les contrecoups avant. Après le contre-la-montre du Giro ( où un problème de chaîne et une mauvaise poussée du mécanicien ont privé Campenaerts de la victoire, ndlr), j’étais très fâché, mais durant la réunion de l’équipe, j’ai immédiatement dit : le Giro continue, nous allons affronter des étapes de montagne extrêmement pénibles donc ce n’est pas le moment de se taper la tête au mur. J’ai même consolé le mécanicien car je savais que Steven, un chouette gars, se sentait encore plus mal que moi et qu’il n’avait pas fait ça délibérément.

Il est plus facile d’oublier sa déception quand on essaie de montrer aux autres qu’on l’a mise de côté. Ce qui m’aide aussi, c’est de pouvoir râler auprès de Fanny à propos de tout ce qui a foiré ( rires). Et aussi de parler ensemble de notre avenir. Ça dissipe les craintes de chutes et de graves blessures.

LECLUYSE : Il y a un autre avantage à partager la vie d’un autre sportif de haut niveau : on comprend nos frustrations et nos expériences négatives. Je comprends que je ne suis pas la seule à avoir vécu des déceptions, à douter. Après une mauvaise course, Victor ne va jamais porter de jugement. Il va plutôt me consoler et me remonter le moral. C’est exactement ce dont j’ai besoin.

CAMPENAERTS : Je pense que je tiens ça de ma mère, inconsciemment. Elle n’y connaît rien au cyclisme mais elle dit toujours, même après un mauvais résultat : Super, Victor, car je sais que tu as fait de ton mieux.

Votre relation peut-elle aussi vous inciter à relativiser votre succès ?

CAMPENAERTS : Absolument. J’ai vécu mon record de l’heure avec beaucoup d’intensité mais l’euphorie a été brève et un brin superficielle. Il ne m’a pas procuré de réel bonheur. L’amour m’en procure et sur une longue période. Si une médaille ou un record déterminaient ton bonheur, je pourrais t’en donner la formule : deux mois de stage en altitude en Namibie, Tirreno-Adriatico, trois semaines au Mexique plus une heure de souffrance. Et voilà, tu es heureux ! Mais ça ne marche pas comme ça.

En fait, j’ai profité davantage de la préparation que de ces moments et de l’attention que m’a valu ce record. De la manière dont j’ai vécu les mois précédents avec Fanny. Car que représente le bonheur si on ne peut pas le partager ?

LECLUYSE : Voilà, je n’aurais pas pu formuler ça mieux. Victor s’exprime bien, n’est-ce pas ? Il est meilleur en paroles qu’en natation, en tout cas ! ( rires)

La répartition de l’effort

L’une nage seule dans un couloir, l’autre pédale seul contre le chrono. Est-ce comparable ? Victor Campenaerts :  » Oui, en terme de gestion de l’intensité. J’ai appris ça en natation et je roule plus régulièrement que la plupart des coureurs, à la même vitesse du début à la fin. Si j’accuse 35 secondes de retard après 15 kilomètres, comme ce fut le cas sur Yves Lampaert à l’EURO, je ne panique pas car je sais que je peux continuer à développer la même puissance et que ça me permettra de refaire mon retard. C’est aussi ce qui a fait ma force pendant le record de l’heure. J’ai bouclé mes tours avec constance, juste au-dessus de 55 km/h. Je n’ai pas roulé une demi-heure à 56 km/h puis le reste à 54 km/h.  » Fanny Lecluyse enchaîne :  » La répartition des efforts est cruciale en natation. Je ne peux pas me laisser entraîner par une autre nageuse car si elle part délibérément lentement pour finir en force, je risque de me brûler. Je me concentre sur moi-même, sur ma technique : autant de coups dans les 50 premiers mètres, autant dans le second volet. En brasse, je ne vois pas mes rivales, si ce n’est quand je tourne. Et je ne connais mon classement qu’en arrivant.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire