Nos petites entreprises connaissent la crise…

A l’heure du Tour de France, les footballeurs de D1 ont changé de braquet car, pour eux aussi, les étapes de vérité se précisent déjà à l’horizon. Le championnat retrouvera tous ses maillots dès la fin juillet. En attendant, les apéros que sont les matches amicaux attirent les regards même si la campagne des transferts vient à peine de s’animer. Le vent de la crise financière souffle et les décideurs des clubs savent que les vagues se creuseront en septembre.

La machine économique cale avec une courbe des sans-emploi qui part en vrille et cela génère des conséquences néfastes dans la sphère du football. La prudence s’impose et, en D1, une soixantaine de joueurs n’ont pas de contrat ou ont été priés de chercher un autre employeur. L’élite belge ne compte plus que 16 clubs et ce régime a réduit le nombre de places disponibles. Un agent de joueurs nous confiait récemment qu’il en allait de même aux Pays-Bas où  » pas mal de joueurs sont obligés de réduire leur salaire de 25 à 40 % sous peine d’être écartés et relégués dans un anonymat qui peut être fatal pour la suite de leur carrière « .

Le tsunami boursier explique beaucoup de choses mais c’est aussi l’écran de fumée derrière lequel les clubs cachent les résultats désastreux de dizaines d’années de mauvaise gouvernance. Ils profitent de ces temps délicats pour pousser la poussière sous le tapis de la crise. L’opulence n’est donc plus de mise même si les coups d’éclat du Real Madrid pourraient faire croire le contraire. Tous les amateurs de beau jeu se lèchent déjà les babines en attendant découvrir des vedettes comme Kaká, Cristiano Ronaldo ou Karim Benzema, entre autres, à l’£uvre dans une même équipe. La frénésie d’achats de la grande Maison Blanche a même déstabilisé le puissant Bayern Munich. La semaine passée, Franck Ribéry a claqué la porte à l’entraînement car il entendait accepter l’offre madrilène.

Un Real en technicolor affolera toutes les salles d’ Hoollyfoot comme du temps des Galactiques ou durant les années 50 quand Madrid enleva Alfredo Di Stefano au nez et à la barbe du Barça ou pêcha Raymond Kopa au Stade de Reims. Le Real est un grand musée. Le Louvre aurait-il du succès si on n’y exposait que les tableaux d’un seul maître ? Il y a des recettes éternelles mais l’UEFA a enfin lancé le projet d’un contrôle ( » fair-play financier « ) des clubs européens qui sera d’application dans deux ou trois ans. On ne peut qu’approuver cette initiative, même si elle est tardive, en soulignant les propos de Michel Platini qui a posé le problème de l’éthique :  » A part le FC Barcelone, champion d’Europe qui a fait des bénéfices sur la saison écoulée, tous les autres grands clubs sont dans le rouge, et un rouge très rouge.  » Une décision sur le concept et les principes sera prise au comité exécutif des 14 et 15 septembre à Nyon, en Suisse, et l’UEFA a dès à présent précisé par communiqué :  » Le football doit récompenser les clubs qui ne vivent pas au-dessus de leurs moyens. Pour que les clubs soient viables, il faut que les salaires et les transferts soient proportionnels aux revenus générés.  »

Les clubs belges ne peuvent pas rêver du football pétillant du Real et des autres matadors européens. On rappellera quand même, avec plaisir, qu’Anderlecht fut en 1962-1963 le premier tombeur étranger du Real (3-3 en Espagne, 1-0 au Heysel, but de Jef Jurion : seul Barcelone avait signé un tel exploit) qui de 1956 à 1960 avait disputé toutes les finales de la Coupe aux grandes-z-oreilles. En 1961-1962, le Standard n’avait été sorti qu’en demi-finale par ce Real-là, encore plus majestueux que la version 2009-2010. Anderlecht avait mitonné son équipe comme les meilleurs brasseurs préparaient une gueuze artisanale de derrière les fagots. Les Mauves unirent les meilleurs lambics (talents) de la vallée de la Senne et cette formule magique donna une équipe régionale, originale, technique, somptueuse. Le temps a passé mais si le prochain championnat de D1, relooké, permettait à nos clubs de retrouver les recettes d’antan, on trinquerait en se disant que des gueuzes de chez nous peuvent être aussi nobles que le cava du Real.

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PAR PIERRE BILIC

Les clubs profitent de ces temps délicats pour pousser la poussière sous le tapis de la crise.

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