Non mise aux enchères

Le capitaine des Loups revient sur un premier tour réussi et espère que le groupe n’explosera pas.

Les affiches de Van Handenhoven rehaussent la plupart des vitrines de la capitale du Pays de Waes, Saint-Nicolas, où habite la petite famille. Mais ce n’est pas Gunter, 26 ans dans quelques jours, qui les orne. C’est sa s£ur Sandrine qui a acquis une certaine popularité grâce au programme Idool 2004 (l’équivalent flamand d’ A la recherche de la nouvelle star). Son frère n’en prend nullement ombrage. Sa voiture est remplie de photos dédicacées de sa petite s£ur et en ce jour de congé, il n’a pas fallu le déranger avant midi car la veille, il a été la supporter pour sa dernière émission, le public ayant décidé de l’éliminer alors qu’il ne restait plus que trois candidats.  » Pour le moment, je suis moins connu que ma s£ur. Mais je trouve qu’elle le mérite tant elle fait bien son travail « , explique-t-il.

Mais si Sandrine occupe une grande partie des pensées de son frère, il arrive encore à se concentrer sur son travail de footballeur à La Louvière, près de 120 km plus au sud. Les travaux, il connaît. Le Tivoli est en voie de finition, ce qui est encore loin d’être le cas de la Grand-Place de Saint-Nicolas qui sera enfin délivrée d’ici quelques mois de sa gare routière et de son parking. Pourtant, de chantiers peuvent naître de biens belles réalisations comme l’équipe de La Louvière alignée lors de ce premier tour.

Tu t’attendais à une telle première partie de saison ?

Gunter Van Handenhoven : C’est vrai que cela se passe très bien par rapport à ce que tout le monde nous prédisait en début de saison. On parvient à montrer du football positif tant sur le plan défensif qu’offensif. Cela ne fut pas évident car il a fallu reformer une équipe. Si on regarde l’équipe de base, seuls deux joueurs (Silvio Proto et Michael Klukowski) étaient titulaires la saison passée. Manaseh Ishiaku ne jouait pas alors qu’Olivier Guilmot et moi n’avons percé que lors du deuxième tour. Il a donc fallu trouver une certaine cohésion sur le terrain. Mais dès les premiers entraînements, on a pu se rendre compte que les nouveaux étaient des garçons bien éduqués. Même si les résultats de préparation laissaient à désirer, on n’a pas paniqué. Avec des joueurs comme Geoffray Toyes, Mario Espartero (ex-Metz), Yannick Zambernardi qui avait disputé la Coupe d’Europe avec Troyes et Fadel Brahami, international algérien, nous disposions de talent. L’outil était là mais en faire une équipe, c’était autre chose. Il a fallu se chercher.

Comment expliquer que tout se soit imbriqué pour le début de saison ?

Albert Cartier savait où il allait. Il possède une philosophie de vie et de travail. Ce qu’il avait déjà comme joueur. Il a été rechercher des garçons qui avaient ou allaient avoir cette même philosophie : des bosseurs qui venaient pour se remettre en question. Ces footballeurs étaient prêts à faire des efforts financiers pour relancer leur carrière. Il les a choisis et savait ce qu’il pouvait en tirer.

La Louvière est donc à sa place ?

Oui. Pour l’instant, le club est à sa place. On mérite d’intégrer les cinq premiers car tant au niveau du jeu que du football, on a montré de belles choses.

Gagner contre des équipes du top

Et le club peut-il encore grimper d’un ou deux échelons ?

Pour revendiquer la troisième place derrière Bruges et Anderlecht, il aurait fallu prendre des points contre les équipes du top. Or, contre ces formations, on a réalisé un 0 sur 12. On n’a battu que Genk. Pourtant, on a bien joué. On devait ramener un point d’Anderlecht, prendre les trois points contre le Standard et au moins partager l’enjeu face à la Gantoise. Seul Bruges nous a été largement supérieur.

On peut parler de manque de maturité ou d’une pression trop forte pour un club comme La Louvière ?

Non car je répète que nous avons bien joué. Seul notre football contre Gand ne fut pas exceptionnel. La pression n’est pas présente dans le club. Elle se met à l’extérieur. Quand j’entends que l’on parle d’Europe pour présenter la rencontre contre Gand, cela me fait sourire. On évoque l’Europe à un moment où l’on n’est même pas à mi-championnat. Si on nous avait dit qu’à cette époque-ci, on serait à la troisième ou à la quatrième place, on aurait signé des deux mains. On ne doit pas être européen en fin de saison. Mais si on peut l’être, tant mieux.

Et le manque de maturité ?

Là, c’est vrai que l’on doit encore apprendre. Contre le Standard et Gand, on part à 200 à l’heure. Puis sur un contre, ces deux équipes ouvrent le score. Et là, on se rend compte que l’on a du mal à relever la tête. On n’arrive pas à trouver la faille quand ces équipes se replient. On essaie de trop chercher la solution dans l’axe au lieu de continuer à passer par les côtés. On n’a pas eu l’habitude dans le passé de se retrouver dans cette position de domination. Et il va falloir gérer ce paramètre car de plus en plus d’équipes vont s’adapter à notre jeu. On a déjà pu s’en rendre compte contre St-Trond. Ils sont venus chez nous pour prendre un point avec le seul Benjamin De Ceulaer en pointe. Cela veut en tout cas dire que l’on nous respecte et que l’on nous craint.

Mais n’est-ce pas frustrant de ne pas arriver à ramener quelque chose des matches de gala contre les grands ?

Oui et non. On prouve que l’on peut développer un football attrayant et même si on perd, je préfère jouer de cette façon que, comme Gand, avec 10 hommes derrière en balançant de longs ballons devant. Mais quand on rencontre de telles équipes, on doit réfléchir différemment et chercher d’autres solutions pour mettre à mal la défense adverse.

Tu t’inscris comme un pion essentiel de cette formation alors que tu as mis du temps à te forger une place dans l’équipe de base la saison passée. Cela te surprend-il ?

Je me suis posé beaucoup de questions à la fin de la saison passée. Surtout quand Ariel Jacobs a annoncé qu’il partait. Car, avec le président Filippo Gaone, c’est une des personnes qui avait réussi à maintenir la maison debout. Mais quand le club a annoncé la venue de Cartier sous les ordres duquel j’avais officié à Metz, je me suis dit que le club était sur la bonne voie. Je voulais rester une saison de plus car l’entraîneur allait nous faire travailler et progresser.

Et puis, il t’a choisi comme capitaine…

Il m’en a parlé quand il est arrivé. Il avait confiance en moi et il voulait quelqu’un qui serve de lien entre les nouveaux et les anciens, entre les Belges et les Français. Il se trouve que je suis capable d’occuper une telle fonction. L’entraîneur sait que je pense d’abord au groupe.

Plus près des attaquants

Ta position a évolué ces dernières années. De milieu défensif, tu t’es converti vers une position plus offensive alors qu’il y a quelques années, tu ne comprenais pas pourquoi Jan Olde Riekerink voulait te faire avancer dans le jeu à La Gantoise…

Mais que ce soit à n’importe quelle place, je ne servais que de deuxième ou troisième choix à Riekerink. Cependant, c’est vrai qu’à l’époque, je ne voyais pas la nécessité de me faire avancer dans le jeu. Mais Ariel Jacobs m’a d’abord essayé à une position plus offensive avant qu’Albert Cartier me demande également de participer plus aux attaques de l’équipe. Et maintenant, j’ai compris que ma meilleure position se situe derrière les attaquants.

Mais à La Louvière, tu occupes souvent les flancs…

Au départ, on évoluait en losange puis l’entraîneur a opté pour un système avec deux médians défensifs (Assou et Espartero) et deux ailiers. J’ai donc pris place souvent sur les côtés. Mais en possession de ballon, je rentre dans le jeu et je me retrouve souvent derrière les deux attaquants. Albert Cartier sait qu’il ne s’agit pas de ma place de prédilection et c’est pourquoi il me laisse la liberté de rentrer dans le jeu. Je ne serai jamais un vrai ailier comme peut l’être Fadel Brahami.

Comment évolues-tu par rapport aux autres joueurs du milieu ?

Le coach nous demande de jouer selon notre potentiel. Assou apporte son calme et son sens de l’anticipation. Il tacle rarement mais récupère énormément de ballons. Il se complète très bien avec Espartero qui est plus fonceur. A eux deux, ils sont les dépositaires de notre jeu. Ils ont les capacités pour construire et venir vers l’avant. Moi, je dois traverser les lignes. Ils sentent vraiment l’instant où ils doivent donner les ballons dans les intervalles au moment où je passe. Si eux ne débloquent pas le jeu, personne ne joue car on doit alors commencer à balancer des ballons vers l’avant.

L’équilibre de l’équipe ne risque-t-il pas d’être mis en péril par des départs au mercato ?

Quand j’ai lu que Michael Klukowski avait signé à Genk, j’ai été voir le manager Stéphane Pauwels et je lui ai demandé si on allait vers une vente aux enchères des joueurs. Je ne voulais pas que ceux qui restent se retrouvent comme des c… Et quand le président prétend (mais l’a-t-il vraiment dit ?) qu’il va falloir vendre pour payer des primes car on gagne trop de matches, je me pose des questions. Est-ce de l’humour ou pas ? Mais qu’il le pense ou pas, cela ne doit pas être dans la presse. Car après les gens nous dévalorisent comme Paul Okon qui annonce, avant le match de ce dernier week-end, qu’Ostende doit croire en sa chance contre nous car on a déjà trop de points. Mais on ne peut quand même pas attendre que, du jour au lendemain, on se mette à perdre.

Le problème des départs peut se poser en fin de saison puisque toute une série de joueurs n’ont qu’un contrat d’un an et seront donc libres en juin…

C’est la loi du football. J’espère simplement que tout le monde va continuer à jouer pour progresser et pour l’équipe, et non pas pour obtenir un transfert. Mais cela dépendra du caractère de chaque joueur. Si certains jouent avant tout pour eux-mêmes, je peux déjà dire que le deuxième tour sera catastrophique. Les personnalités ressortent d’un collectif fort et c’est en se fondant dans ce collectif qu’un joueur pourra se faire remarquer par un grand club. Moi-même, je suis Loup au moins jusqu’à la fin de la saison, et comme capitaine, je me vois mal quitter le navire avant terme.

Stéphane Vande Velde

 » Je ne serai JAMAIS UN VRAI AILIER  »

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