Nivellement des valeurs en UEFA

Emilio Ferrera n’est pas surpris par la tenue du Slovan Liberec et de l’Hapoel Tel-Aviv.

A tout seigneur tout honneur: en Ligue des Champions, Arsenal-La Corogne s’est bel et bien déroulé de manière conforme à vos prévisions?

Emilio Ferrera: J’avais effectivement fait le distinguo entre une équipe travaillée (La Corogne) et un team qui ne l’est pas ou beaucoup moins (Arsenal). Et force est de reconnaître que la différence aura été criarde lors de la revanche entre ces deux formations à Highbury. Car d’un côté, il y avait là un collectif sans faille, avec des joueurs quasi capables de se trouver les yeux fermés et de l’autre côté, une phalange londonienne qui ne valait que par ses seules individualités. Mais à partir du moment où elles étaient mises complètement sous l’éteignoir, Arsenal n’avait plus grand-chose à proposer. C’est toujours la même rengaine avec les Gunners: leurs buts sont constamment le fruit d’efforts individuels de joueurs comme Thierry Henry ou Robert Pires, qui multiplient les chevauchées fantastiques, ou de coups de patte de joueurs d’exception comme Dennis Bergkamp. Mais je n’ai jamais vu de la part de cette équipe un seul mouvement collectif digne de ce nom. A La Corogne, en revanche, ils sont légion et la moitié des joueurs, au bas mot, sont toujours impliqués dans ces manoeuvres.

Avant son déplacement à Highbury, La Corogne avait déjà séduit pas mal de monde, au premier tour de l’épreuve en battant (2-3) Manchester United. Est-ce à dire que le football anglais a étalé ses limites par rapport à l’espagnol?

La fois passée déjà, au jeu des comparaisons entre les buteurs de ces deux formations -Ruud Van Nistelrooy pour les Anglais et Diego Tristan pour les Espagnols-, j’avais signalé que l’attaquant du Depor avait une dimension supérieure, à mes yeux, en raison du fait qu’il doit s’exprimer en Liga, dans un contexte beaucoup plus difficile que la Premier League. Ce constat est d’application également au plan collectif. En Angleterre, c’est le rouleau compresseur qui, les trois quarts du temps, contribue à faire la différence. En Espagne, ce sont à la fois la jugeotte ainsi que les qualités techniques qui permettent d’orienter les débats. C’est pourquoi, lorsqu’une équipe anglaise et une espagnole sont opposées, les faveurs des pronostics vont à la seconde.

Le nul arraché par Liverpool à Barcelone est donc l’exception qui confirme la règle?

En quelque sorte, car au match-aller, le Barça, qu’on s’en souvienne, avait réellement fait joujou avec les Reds. Un ballon monopolisé les trois quarts du temps par l’adversaire, comme ce fut le cas ce soir-là, on n’avait jamais vu cela de mémoire de supporter à Anfield. Dans le cas présent, un Liverpool bien organisé a tout simplement profité de la mauvaise passe actuelle des joueurs pour arracher le nul. Je m’attends toutefois à ce qu’au même titre que le Real Madrid et le Deportivo La Corogne, le FC Barcelone se qualifiera pour les quarts de finale.

En Coupe de l’UEFA, Inter-Valence (1-1) était placé sous le signe des retrouvailles entre Hector Cuper et ses anciens joueurs.

A dix, les Espagnols sont parvenus à revenir au score. Ce qui en dit long sur leur valeur. A mes yeux, les ténors espagnols comme le Real, le Depor et Valence sont tout bonnement intouchables pour le moment.

La présence de clubs comme le Slovan Liberec ou Hapoël Tel-Aviv en quarts de finale de la Coupe de l’UEFA n’est-elle pas la preuve que la deuxième épreuve européenne n’a pas le même impact auprès des clubs que la Ligue des Champions.

Je ne pense pas que l’Olympique Lyonnais, qui a été éliminé par les Tchèques au tour précédent, ou que Parme, évincé par les Israéliens, aient vraiment pris cette compétition par-dessus la jambe. La raison de leur élimination réside plutôt dans le tassement des valeurs à ce niveau. Car qui retrouve-t-on en Coupe de l’UEFA? Les éliminés de la Ligue des Champions, de même que les meilleurs des nations footballistiques les moins fortes. Et je ne suis pas convaincu que le meilleur de Tchéquie soit moins fort que le troisième ou quatrième classés en France, loin s’en faut. Quant aux Israéliens, ils se situent dans une région où le football a très fort évolué ces dernières années, au même titre qu’en Grèce, en Turquie et à Chypre. (B.Govers)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire