Nino Maraviglia

En 2006, l’Udinese a déboursé deux millions pour le jeune attaquant chilien et va encaisser pour au moins 15 fois plus.

Fin février, l’Udinese refile 7 goals à Palerme et Alexis Sanchez (22 ans) se fait connaître du grand public pour en avoir pris quatre à son compte. Les amateurs de football et surtout les recruteurs européens n’ont pas attendu ce coup de poker pour savoir que le Chilien est une perle. Dans son Spécial Championnats Européens de l’été dernier, S/F Mag l’a même épinglé comme étant le joueur à suivre avec la mention :  » Connaissant le flair de l’Udinese, il est probable qu’il se retrouve sur le marché dans les deux ans. Prix de vente minimum 15 millions « . A l’époque, on n’a pas oublié que l’attaquant chilien a réussi un bon Mondial et que les défenseurs du Honduras ont été saoulés par ses dribbles exécutés à toute vitesse. Depuis le début de la saison écoulée, le Sud-Américain a multiplié les actions de classe mondiale et en décembre, sa mise à prix est déjà de 20 millions.

Lorsqu’en 2006 l’Udinese débourse 2 millions, les supporters, qui attendent leur nouveau Zico depuis 25 ans, sont doublement étonnés. Primo, ils ont du mal à croire que leur club a devancé le Werder Brême, le Bayern Munich, Villarreal, l’AS Rome et surtout Manchester United, qui rêvait de refaire le coup de CristianoRonaldo. Deuzio, l’Udinese n’a pas l’habitude de verser de tels montants (même payable en trois tranches) pour un jeune. Peu importe, l’affaire est rondement menée : le club du Frioul propose un contrat de cinq ans au jeune garçon qui avouera :  » J’ai suivi le conseil d’ IvanZamorano, l’ex-star de l’Inter et du Real Madrid, et de DavidPizarro, le milieu de la Roma passé par le Frioul en 2002-2005.  »

Un dribble à la Messi

Sanchez est né le 19 décembre 1988 à Tocopilla, un village de 24.000 habitants situé au nord du Chili dont la seule attraction est une centrale thermoélectrique. Mais c’est dans cette ville, loin du décor de carte postale, qu’est née l’idole de tout un peuple. Un destin étrange car à Tocopilla, tous les garçons s’adonnent au baseball : la ville possède deux équipes qui ont remporté la moitié des championnats de la Chilean Baseball Federation. Mais Alexis a toujours préféré le ballon aux gros gants et aux battes. A 15 ans, avec l’Arauca, l’équipe de son quartier, il marque huit goals dans un match comptant pour le tournoi régional. Epaté, le maire lui offre une paire de chaussures de foot. En février 2004, les observateurs de Cobreloa, également tombés sous le charme, l’enrôlent, le lancent en D1 le 12 février 2005 (il n’a pas encore 17 ans) et l’affublent du surnom Nino Maraviglia (le garçon merveille soit la petite merveille), qui est toujours d’actualité aujourd’hui.

Les observateurs de l’Udinese sont directement sur place et Gino Pozzo, le fils du patron, annonce qu’il a mis la main sur une pépite dont il a planifié la progression. Il le prête directement à Colo Colo : il remporte le Tournoi de Clôture 2006 et le Tournoi d’Ouverture 2007 et, entre les deux titres, il fête sa première sélection en équipe nationale. L’année suivante, il passe à River Plate juste le temps de remporter le Clausura 2008. Malgré les efforts du club argentin pour le conserver encore une saison, Sanchez débarque à Udine en 2008. Dans la foulée, Gino Pozzo annonce qu’il a refusé une offre de 20 millions de Manchester United. Si c’est vrai, la famille Pozzo avec à sa tête papa Giampaolo, qui a collectionné les gros coups, devait être blindée pour refuser et se dire que trois ans plus tard, elle mettrait le joueur en vente 15 fois le prix qu’il leur avait coûté.

Un pari osé car la première saison de Sanchez sous le maillot bianconero n’a pas été emballante : à peine trois buts en 32 ren-contres. Pendant la deuxième saison, on a pu apprécier son dribble court à la Messi dont il a quasiment le même gabarit (1m71, 68kg) mais pour ce qui est de la régularité, faut repasser. Il ne marque que cinq buts et se cabre quand il voit que son coach, PasqualeMarino, l’aligne sur l’aile ou en soutien d’attaque – des positions qu’il n’apprécie pas du tout – quand il ne l’envoie pas carrément dans la tribune.

Le duo productif avec Di Natale

La saison dernière après quelques tâtonnements, FrancescoGuidolin, décide d’aligner son joyau chilien comme deuxième pointe à côté de Totò Di Natale : une idée de génie ! Nino Maravilla n’a plus jamais de cote sous les 7 dans les quotidiens (il terminera en tête du classement du Corriere dello Sport pas spécialement réputé pour surcoter les équipes du Nord). De la 17e à la 24e journée, en plein mercato d’hiver, il marque 6 buts et le téléphone du directeur sportif FabrizioLarini surchauffe : Chelsea, Manchester United, Manchester City, la Juventus, Barcelone et l’Inter le veulent tout de suite. Ils savent qu’en juin, la somme à mettre sur la table sera encore plus importante que les 25 millions dont on parle déjà fin janvier. Rien n’y fait, Nino reste à Udine où il se montre toujours plus imprévisible. Il possède un bon tir, sait jouer dos au but ou en contre et utilise les deux pieds avec un égal bonheur. En revanche, il doit apprendre à mieux se gérer lors des différentes phases d’une rencontre et surtout à être plus concret devant le but même s’il a entassé 12 goals. Mais cet attaquant complet et moderne ne pouvait laisser indifférent et le feuilleton de son transfert pouvait démarrer, Barcelone tenant la corde.

PAR NICOLAS RIBAUDO – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Bon tir, sait jouer dos au but ou en contre et utiliser ses deux pieds. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire