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Nike coupable de sexisme

Nike fait face à une grosse tempête : plusieurs grandes athlètes ont déclaré qu’elles avaient été sanctionnées financièrement pendant et après leur grossesse.

Alysia Montano (33 ans) était dépeinte comme une superwoman quand, en 2014, elle a pris le départ du 800 mètres des championnats américains d’athlétisme. Enceinte de huit mois, elle a donné naissance à une petite fille quelques semaines plus tard. Trois ans après, enceinte de cinq mois, elle a remis le couvert. C’est une bien belle histoire mais la réalité est nettement moins affriolante.

 » Quand j’ai annoncé que j’étais enceinte, Nike m’a dit qu’il n’honorerait plus mon contrat « , a raconté Montano, médaille de bronze du 800 mètres aux championnats du monde 2011 et 2013.  » J’ai vu les vidéos publicitaires de Nike avec le message Dream Crazier mais on n’est crazy que quand on veut être à la fois athlète et mère. Le milieu du sport, et pas seulement Nike, devrait protéger les sportives quand elles sont enceintes ou qu’elles deviennent mères.  »

D’autres athlètes, qui s’entraînent également sous l’aile du géant américain, ont suivi l’exemple de Montano. Kara Goucher, médaille d’argent sur 10.000 mètres au Mondial 2007, était enceinte quand Nike lui a annoncé qu’il ne reprendrait ses paiements que quand elle reprendrait la compétition. Après son accouchement, elle a donc été placée devant un choix cornélien : se réentraîner pour le semi-marathon ou passer encore quelques semaines avec son fils.

Une semaine après la naissance, elle a enfilé ses chaussures de course pour participer à un semi-marathon trois mois plus tard. Toutefois, son médecin l’a prévenue : pas question d’allaiter si elle devait courir 180 kilomètres par semaine.  » J’aurais dû me comporter comme toutes les mères normales : rester plus longtemps auprès de mon bébé.  »

Allyson Felix (33 ans), une des figures de proue de Nike, avec six titres olympiques et onze médailles d’or aux championnats du monde (100, 200 et relais 4 x 100 mètres), a confié que quand elle avait annoncé à la marque qu’elle souhaitait avoir un enfant en 2018, Nike lui avait dit, pendant ses négociations, qu’elle devrait renoncer à 70% de ses émoluments.  » Je l’accepte si c’est le montant que je vaux maintenant mais j’ai voulu insérer une clause afin de ne pas être sanctionnée financièrement si je ne retrouvais pas immédiatement mon niveau après la naissance. Ce n’était pas possible. Si je n’y arrive pas, qui y parviendra ? « , raconte Felix, qui a donné le jour à une petite fille, par césarienne, en novembre dernier, et a été mise sous pression pour reprendre l’entraînement dans les plus brefs délais.

Ces témoignages entachent l’image de Nike. La marque US a promis au Wall Street Journal de mieux protéger les athlètes enceintes, à l’avenir, comme elle l’avait fait pour Serena Williams, qui a insisté, depuis Paris, soulignant qu’elle avait bénéficié d’un soutien inconditionnel pendant et après sa grossesse. Nike compte désormais suivre cette voie.  » Dans le passé, tous les sports et tous les sportifs n’étaient pas sur le même pied mais depuis 2018, aucune athlète n’est pénalisée financièrement parce qu’elle est enceinte.  »

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