Nicolas Lombaerts vous a écrit une LETTRE DE RUSSIE

 » Il est un peu plus de 20 heures à Saint-Pétersbourg. Dehors, il y a deux ou trois degrés. Ce n’est donc pas encore le froid polaire redouté… « 

« On m’a raconté que, parfois, le thermomètre peut descendre jusqu’à -15° ou -20°. Ce sera peut-être le cas en janvier… mais on partira alors en stage en Espagne. Actuellement, c’est une période un peu spéciale puisque les joueurs des autres équipes sont déjà en vacances. Le championnat est, en effet, terminé. Seuls les clubs encore en lice sur le front européen accomplissent leurs dernières tâches de l’année. On ne fait rien de spécial pour se maintenir en forme. On s’entraîne tous les matins, c’est tout. Aucun match amical n’a été prévu pour combler le vide du week-end. Ce mercredi, on joue contre Everton en Coupe de l’UEFA.

Le moment est venu pour moi de dresser un premier bilan, après cinq mois dans le championnat de Russie. Il est positif. D’abord, j’ai pu fêter un premier titre au niveau professionnel. Et je l’ai vraiment fêté. D’abord avec les supporters, qui étaient en nombre au stade et dans les rues. Puis avec les coéquipiers, lors d’une soirée mémorable au restaurant, puis en boîte de nuit. J’ai passé une nuit blanche, j’ajouterai même : un matin blanc. En Belgique, on a l’habitude d’avaler beaucoup de bière dans ces occasions-là, mais ici, on boit surtout beaucoup de vodka. Je me suis donc initié à la culture locale. On m’avait assuré que cette boisson ne causait pas trop de dommages et effectivement, je n’avais pas la gueule de bois lorsque je me suis levé le lendemain.

Pour moi, ce titre est une réponse à tous les sceptiques qui doutaient de mes capacités et avaient prétendu que j’allais m’enterrer dans un championnat de seconde zone, loin des yeux et donc loin du c£ur. Le championnat de Russie n’est pas de seconde zone. Pour preuve : je suis déjà assuré de disputer la Ligue des Champions en 2008-2009. Je crois que bien des joueurs d’Anderlecht, de Bruges ou du Standard signeraient des deux mains pour avoir une telle assurance. Contrairement au champion de Belgique, le champion de Russie ne doit pas passer par le tour préliminaire. Cela aussi, c’est une belle satisfaction. C’est pour la même raison que cela m’a fait plaisir de jouer contre le Standard en Coupe de l’UEFA. Je ne me réjouis pas de l’élimination des Liégeois, car je reste belge avant tout, mais j’ai pu montrer au public belge que le Zenit était une belle équipe, qui n’avait rien à envier aux ténors de la Ligue Jupiler. Ma réaction fut un peu de dire : – Voilà, vous avez vu maintenant ?  »

 » Je vis dans la capitale des tsars « 

 » Les amateurs de vraie culture sont comblés à Saint-Pétersbourg, une ville ouverte sur le monde, qui compte 5,5 millions d’habitants : autant que la Flandre, plus que la Wallonie. Une ville où le trafic est aussi intense que dans les plus grandes métropoles occidentales : à certaines heures, on roule au maximum à 10 km/h. Une ville, aussi, où les musées abondent, tous plus impressionnants les uns que les autres. Dont le fameux musée de l’Ermitage, une merveille. Un peu à l’extérieur de la ville, il y a aussi Petrodvorets, le Versailles russe. Je ne manque jamais de montrer tous ces bâtiments aux membres de la famille et aux amis qui viennent me rendre visite. Je leur conseille aussi une promenade sur la Neva, le fleuve qui traverse la ville. On ne s’ennuie pas à Saint-Pétersbourg. Quoi de plus logique, au fond, puisqu’au temps des tsars, la ville fut même la capitale de la Russie. Elle s’est aussi appelée Leningrad de 1924 au début des années 90.

Mais, bien sûr, la région de Saint-Pétersbourg ne représente qu’une petite portion de cet immense pays. En tant que footballeur, on est amené à voyager. J’ai donc aussi vu la misère. Particulièrement à Naltchik, une ville située à une centaine de kilomètres de Beslan, là où il y a eu une prise d’otages dans une école et où tant d’enfants ont été tués. La pauvreté sautait aux yeux. Y compris à l’hôtel où nous sommes descendus. L’eau coulait du plafond, il fallait placer des seaux à ces endroits-là, et les lits n’étaient pas confortables. Samara, la ville de Lada, n’était pas folichonne non plus. Mais dans l’ensemble, la plupart des villes sont plus agréables que je le pensais. Je ne comprends pas pourquoi Cédric Roussel a eu autant le cafard à Kazan. J’ai trouvé cette ville très jolie et très propre. La plus belle qu’il m’ait été donné de visiter, après Saint-Pétersbourg et Moscou. Bien sûr, je n’y ai passé que trois jours, mais j’ai tout de même vu de jolies églises et un très beau Kremlin. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’effectuer le long voyage vers Vladivostok : une dizaine d’heures d’avion, paraît-il. Ce sera pour la saison prochaine. Car j’ai signé un contrat de quatre ans et je compte bien l’honorer. Je ne considère pas Saint-Pétersbourg comme un simple lieu de transit. Mais peut-être comme un tremplin vers de plus hautes destinées encore. Car, je l’avoue, j’aspire à jouer un jour dans un tout grand club « .

par nicolas lombaerts

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