Ni glamour ni paillettes

Il a fait une belle carrière à Bruxelles et continue à suivre le RWDM, avec lequel il fut champion.

La taverne Green Park, proche du Stade Constant Vanden Stock, est un des clients attitrés de Jacques Teugels. Serviettes, assiettes, cuillers, il fournit tous les petits ustensiles horeca. Agé de 55 ans, l’ancien footballeur est indépendant.

Teugels travaille dur pour mener une vie normale, sans glamour ni paillettes. D’ailleurs, il n’y a rien eu de tout ça dans son existence. Le robuste extérieur gauche a profité de la vie mais il n’a pas gagné une fortune. « D’après ce que je sais, un seul joueur de notre génération n’a pas été obligé de travailler au terme de sa carrière: Rensenbrink« , explique Teugels à quelques encablures du Parc Astrid, là où a commencé sa carrière. Lorsqu’il jouait à Anderlecht, où il ne s’est jamais imposé comme titulaire à part entière, il effectuait quelques tâches administratives pour aider le secrétaire, Eugène Steppé. Plus tard, à l’Union, il a travaillé chez Vandenborre, qui était alors président du club et avait un magasin de hi-fi. Pendant sa période au Racing White, il était au service du garage Mabille. « Après la fusion avec le Daring Molenbeek, je suis progressivement devenu professionnel à part entière mais j’ai donc eu une autre activité pendant la majeure partie de ma carrière sportive. Cela a facilité ma reconversion. Je n’ai jamais vraiment regretté les tribunes combles ni l’odeur des vestiaires. Ma plus grande erreur a été d’accepter d’être joueur-entraîneur du Racing Gand, en D3. A tous points de vues, la différence avec la D1 que j’avais toujours connue était énorme. Durant mon passage à La Louvière, le dernier comme professionnel, je suis devenu représentant chez Adidas. J’étais sur les routes le matin et je m’entraînais l’après-midi. Durant ma dernière saison au Tivoli, je me suis blessé au genou. Je n’ai jamais retrouvé mon niveau mais je n’étais pas les mains vides. Mon travail chez Adidas me permettait de rester dans la branche. Ensuite, il n’était pas si évident de me concentrer sur ma fonction de joueur-entraîneur du Racing Gand. Mon travail m’absorbait trop. »

Teugels a fait son travail avec amour et dévouement, mais après 20 ans, il a été limogé. La voix empreinte d’amertume mais aussi de colère, il commente: « C’est la plus grande déception de ma vie. Le nouveau patron nous a appelés un par un. Il nous a appris que nous étions virés sur-le-champ. Ce type avait succédé à un monument, Willy Gillard, six mois auparavant. En un jour, il a bousillé pas mal de vies.

J’ai passé six mois à me morfondre à la maison. Se recaser n’est pas évident à 51 ans. Combien de fois n’ai-je pas entendu: -Avec ton nom, tu trouveras vite un autre boulot! Oui, santé! Heureusement qu’une connaissance m’a introduit dans mon métier actuel. » Jacques Teugels continue à suivre le football mais il a pris ses distances: « De temps à autre, je vais encore voir Anderlecht ou le RWDM, mais en général, je suis leurs résultats par les journaux et la TV. Je n’ai pas de club favori. Je suis toutes les formations bruxelloises. Si je viendrai voir un Anderlecht-RWDM? Oui, mais je serai neutre, à moins que ce jour-là, Anderlecht ne joue le titre et que Molenbeek ne soit déjà sauvé. Dans ce cas-là, je serai supporter des Mauves. »

Stefan Van Loock

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