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11e au dernier Giro, le coureur de Davitamon-Lotto n’a aucun mal à se pousser dans les cols et rêve de devenir champion de Belgique dans les Ardennes ce dimanche.

« Le maillot tricolore est le plus beau qui soit. Combien de fois ne l’ai-je pas admiré sur les épaules de Tom Steels… Je suis en forme, je dois en profiter au Championnat de Belgique, sur un parcours qui me convient. Pareille occasion ne se présente pas si souvent « .

Les yeux de Wim Van Huffel (26 ans) brillent à cette perspective. La petite maison qu’il occupe avec sa femme Nathalie, pendant qu’il fait construire ailleurs, est remplie de peluches, de bouquets et de bouteilles de champagne. Bref, tous les cadeaux reçus récemment car il est vrai qu’en l’espace de six semaines, le coureur de Davitamon-Lotto a percé comme une comète : sixième de la 11e étape se terminant au Zoldo Alto (1.914 m) dans les Dolomitres, quatrième de la 17 e étape jugée au sommet du Colle di Tenda, cinquième à Sestrières, terme de la 19e étape et, une semaine après ce Giro fantastique, troisième au Mont Ventoux au Dauphiné Libéré.

La Belgique s’est trouvé un grimpeur de classe, un coureur qui sait ce qu’il veut, aussi. Poli, calme, il ne mâche pas pour autant ses mots et peut prendre des décisions radicales. Ainsi, il a coupé les ponts avec ses parents, sans en trahir le motif :  » Cela a trait à ces dernières années. Heureusement, j’ai des grands-parents formidables, qui sont mes premiers supporters et compensent le reste. Je prends mes responsabilités en toutes circonstances. J’ose aussi clamer mes ambitions. J’avais annoncé que je réussirais mon Giro. Je suis imperméable au stress « .

Il s’est distingué au Tour d’Italie sans en connaître le moindre col. Il s’est contenté des graphiques des étapes et des informations de la voiture suiveuse. Il ne se sent jamais mieux que dans de longues côtes régulières de moins de 10 %. Capable de rouler longtemps dans le rouge, il exècre en revanche les changements fréquents de rythme induits par l’alternance de côtes sèches et de plats. Bien assis, il emploie un grand braquet, à la Jan Ullrich. Comme l’Allemand, il ne sait pas démarrer sèchement non plus pour attaquer. Il doit s’élancer et augmenter progressivement la cadence. Lorsque ses muscles durcissent, il lui arrive de mouliner mais il ne s’y entraîne jamais, faute de cols en Belgique, et retarde ce changement en course pour conserver un rythme cardiaque régulier.

 » D’abord trouver mon rythme  »

 » Je suis un diesel « , sourit-il.  » Il me faut le temps de trouver mon rythme, qu’il s’agisse d’un tour ou d’une course d’un jour. Je ne me considère finalement pas comme un vrai grimpeur mais je négocie bien les cols. Je descends bien aussi sans prendre trop de risques. Au Dauphiné, Maryan Hary a heurté un mur. Et il y a quelques années, au Tour de l’Avenir, j’ai chuté dans une descente, à 80 km/h. Je m’en suis bien tiré mais cela fait réfléchir « .

Si le Championnat de Belgique de dimanche prochain accapare ses pensées, Van Huffel couve d’autres rêves. Il ne doit pas réfléchir longtemps avant de citer les cols où il aimerait s’imposer : le Mont Ventoux et l’Alpe d’Huez. Pourtant, pragmatique, il préfère le Tour d’Italie à celui de France ou d’Espagne.  » Ayant besoin d’un temps de chauffe en course, je me sens mieux au Giro, où on roule encore à son aise, si je puis me permettre l’expression « .

De même, il préfère viser une victoire d’étape et un bon classement général que le maillot à pois du meilleur grimpeur au Tour :  » De nos jours, c’est généralement le meilleur attaquant qui emporte ce classement. Cela m’exclut. De même, je ne gagnerai jamais de grand tour car je ne suis pas vraiment génial en contre-la-montre mais je peux collectionner les places d’honneur. Terminer chaque année un grand tour dans le top dix, ce ne serait quand même pas mal, n’est-ce pas ? »

Sa régularité et son aptitude à récupérer le servent dans les épreuves à étapes. Contrairement à la majorité des Belges du peloton, il n’émerge pas dans un tronçon pour s’effondrer le lendemain sans et perdre dix minutes. Lorsqu’il se sent moins bien, il parvient à limiter les dégâts.

Van Huffel savoure son succès actuel, lui qui rêvait d’être professionnel alors qu’il était un anonyme du peloton en jeunes. Il doit sa carrière à Wilfried Nelissen, qui lui a permis d’effectuer un stage chez Lotto en 2001. Comme l’équipe était au complet, il a rejoint Vlaanderen-T-Interim, où il a eu la latitude de courir les épreuves qu’il voulait, à la recherche de ses points forts. Maintenant lié à Davitamon jusqu’en 2006, il ne cherche pas à tout prix une grande formation étrangère :  » Nous participons au Pro Tour et je peux me préparer comme je le souhaite. L’ambiance est un facteur décisif : à table, je rigole toujours, je ne parle jamais de la course « .

Loes Geuens

 » MA CHUTE DANS UNE DESCENTE du Tour de l’Avenir à du 80 à l’heure m’a fait réfléchir  »

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