© PG

New Bosuil

L’Enfer de Deurne se dotera très prochainement d’un nouvel écrin. De quoi attiser tant et plus le feu ?

Lundi soir, aux alentours de 19h30. Des représentants des clubs de supporters de l’Antwerp se réfugient dans le Diamond Bar, au rez-de-chaussée de la tribune principale. Ils sont une petite centaine à apprendre la nouvelle en priorité. Ils savaient déjà que leur chère T2 disparaîtrait à terme. Mais ils ignoraient qu’elle disparaîtrait déjà à la fin de cette saison.

Elle ne deviendra donc pas centenaire, cette tribune mythique de l’Antwerp. Elle sera démolie à la mi-mai, alors qu’elle n’a  » que  » 97 ans. Cette tribune, avec des banquettes en bois et une infrastructure désuète, empêche le club de recevoir la licence européenne. Or, l’Antwerp aimerait jouer à domicile.

A la mi-février, le nom du stade Den Dreef de Louvain figurera comme solution de rechange dans le dossier de licence, car les travaux ne seront pas terminés lorsque l’Antwerp devra probablement se produire sur la scène européenne en juillet, août ou septembre. Il n’entre cependant pas dans les intentions du club de déménager à Louvain, un an après avoir dû planter son chapiteau à Bruxelles. Pour l’entrepreneur Ghelamco, de toute façon, rien n’est impossible : en 2017, la tribune principale a été construite en 22 semaines…

Hugo, l’un des supporters présents, conserve à la fois de bons et de mauvais souvenirs de l’ancienne tribune. Elle était synonyme d’ambiance, surtout à l’époque où les feux de Bengale étaient encore autorisés et que les douches de bière étaient courantes lorsque l’Antwerp inscrivait un but. Un jour, il avait pris place en T1 et le bruit de la T2 lui avait manqué, mais il admet que la tribune est devenue au fil des ans complètement désuète.

Maintenant qu’il a pris un peu d’âge, il apprécie de moins en moins les douches de bière ( » ils se plaignent du prix, mais ils n’hésitent pas à la gaspiller « ) et, en plus de la boisson, la drogue et les bagarres étaient aussi devenues des fléaux.  » J’ai vu un père qui s’est fait tabasser jusqu’au sang sous les yeux de ses propres enfants.  »

Mais, ce qui le dérangeait le plus : le confort était inexistant. Aucun endroit pour se réchauffer, à moins de se blottir les uns contre les autres pendant l’hiver ; aucun endroit pour se protéger de la pluie lorsque celle-ci se rabat sous le toit et, à certains endroits, une vue imparfaite sur le terrain. Hugo :  » J’espère que les fans apprécieront le cadeau qu’on nous fait et qu’ils ne casseront rien.  »

LE MUR ROUGE

L’Antwerp possède déjà le matricule n°1, et l’ascension vers les sommets se poursuit : le club possède désormais le troisième budget de la division 1A, il a décroché la 8e place dès sa première saison au plus haut niveau, il a terminé 4e la saison dernière avec un ticket européen à la clef et, cette saison, il jouera la finale de la Coupe de Belgique tout en participant une nouvelle fois aux plays-off 1.

Pour entretenir la flamme, les fans recevront un nouveau jouet. Une tribune qui leur sera complètement réservée, avec 3.700 places assises (en haut) et 3.800 places debout (en bas). Pour les matches européens, ces dernières devront obligatoirement être transformées en places assises, de sorte que la capacité du Bosuil sera de 14.000 places en Coupe d’Europe et de 16.000 places en championnat et en Coupe de Belgique.

Après le Mur Jaune de Dortmund, il y aura le Mur Rouge de l’Antwerp, cela paraît clair. Toujours plus grand, c’est dans la nature des Anversois. A la demande des fans, Ghelamco prévoira des poulies afin de pouvoir accrocher un gigantesque tifo lors des matches au sommet. Et, tout en haut, apparaîtra le plus grand écran jamais vu dans un stade belge : 100 mètres carrés. C’est trois fois plus que l’écran de la Ghelamco Arena de Gand.

La T4 deviendra aussi celle où battra le coeur du club pendant la semaine, avec 15 vestiaires pour les jeunes, un nouveau vestiaire pour l’équipe A, une piscine de revalidation, une salle de fitness, un hammam, un sauna et un jacuzzi, deux auditoriums, et des bureaux pour l’administration.

LE TOUR DU PROPRIO

Mardi midi, un peu avant 11 heures. Après les supporters, c’est aux partenaires commerciaux qu’est annoncée la nouvelle. A notre table, un certain Mister Wim. Il est nouveau à l’Antwerp. Le businessclub grandit de plus en plus et compte désormais 84 membres. Il n’est pas un pur Anversois, le club élargit aussi son champ de recrutement.

Mister Wim est originaire de Westerlo, mais ne reste pas avec les pieds collés dans le sable de Campine. Sa fille étudie à Los Angeles, elle veut devenir actrice, et lui-même se considère comme un  » pionnier de Dubai  » où il a habité pendant 20 ans, avant le développement du tourisme dans le Golfe Persique.

Il change de boulot tous les sept ans. Il vend son commerce pour en lancer un nouveau. Dans des domaines toujours différents, mais avec un point commun : la vente. Des boissons énergisantes pour les sportifs et pour les chevaux, des écrans-vidéos, et désormais des masques et des kits que l’on retrouve dans les hôpitaux…

Un conteur invétéré, qui a le mérite de l’honnêteté : il avoue qu’il n’y connaît rien en football. A part Jan Ceulemans, son voisin, il ne connaît aucun joueur. Et sa vue est trop mauvaise pour bien suivre les matches. Mais il suit de près l’évolution du club.  » Je pense sincèrement qu’ils sont sur la bonne voie.  »

Mardi soir, un peu avant 19 heures. Après les supporters et les businessmen, c’est au tour des riverains. Ils sont venus en masse. Et ils ne sont pas les moins bruyants. Alors que les responsables du club annoncent la nouvelle pour la troisième fois, ils font régulièrement remplir leur verre.

C’est la deuxième fois qu’ils sont invités à un tour du propriétaire, révèle Frank, un couvreur qui s’est établi dans le quartier il y a huit ans. Et qui n’est devenu supporter qu’à ce moment-là. Il aimerait se procurer un abonnement, mais il figure sur la liste d’attente. La rançon de la gloire…

New Bosuil
© PG
La T2 actuelle a 97 ans et empêche l'Antwerp d'obtenir la licence européenne. Elle ne fêtera pas son centenaire.
La T2 actuelle a 97 ans et empêche l’Antwerp d’obtenir la licence européenne. Elle ne fêtera pas son centenaire.© PG

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire