Nerfs d’ACIER

Le maillot de meilleur buteur n’est vraiment pas trop lourd pour le Nigérian (24 ans).

Il a fallu attendre l’apparition d’un maillot distinctif pour le meilleur buteur de l’actuelle compétition pour qu’il rentre dans l’imaginaire collectif. Depuis les trois coups du championnat, Tosin Dosunmu porte ce maillot flanqué d’un ballon doré et c’est avec celui-ci qu’il émerveille la compétition. Car même s’il s’en défend, il a pris goût à cet attribut à tel point qu’il ne laisse rien à personne. Lors des deux premiers matches, il a inscrit tous les buts de Westerlo. Pourtant, il manie la modestie comme si c’était donné à tout le monde de marquer cinq buts en deux rencontres.

 » Ces cinq buts sont l’£uvre de toute l’équipe, pas de moi. J’étais simplement la bonne personne à la bonne place. J’ai eu beaucoup de chance « , explique-t-il.  » On ne me reconnaît pas plus en ville et je ne voudrais pas que cela m’arrive. La seule chose qui a quelque peu changé, c’est l’attention que me portent les médias. Mais moi, je considère simplement que je suis un peu chanceux. Comme attaquant, il faut simplement saisir l’opportunité qui se présente « .

Il a l’air un peu surpris de sa réussite actuelle comme s’il s’agissait d’une vaste blague :  » Pendant l’avant-saison, j’étais en forme, mais je ne marquais pas. Jan Ceulemans m’a pris à part et m’a dit que je devais rester calme, ne pas me précipiter et que si je maîtrisais mes nerfs, cela rentrerait un jour ou l’autre « .

Guidé par le destin

Le Nigérian n’a pas changé mais a seulement fait du chemin depuis son arrivée en Belgique à 17 ans en 1997.  » Je disputais le championnat du monde des û 17 ans au Portugal et comme le Nigeria qui jouait avec notamment Rafiu Afolabi (ex-Standard) et Aliyu Datti (Mons) a remporté le tournoi en battant 3-2 l’Espagne en finale, nous nous sommes fait remarquer. Moi, je n’avais pas disputé la finale mais j’avais quand même été aligné à deux reprises. Le manager du RWDM m’avait remarqué. Il s’agissait d’ Herman VanHolsbeeck, aujourd’hui à Anderlecht, et c’est grâce à lui que j’ai débarqué à Molenbeek « .

De là à le voir de nouveau rejoindre celui qui l’a déniché et retrouver l’air de la capitale en cas de départ d’ Aruna Dindane, il y a un pas que Dosunmu ne veut pas franchir :  » Je n’ai pas reçu d’offre d’Anderlecht et mon manager non plus. Pour le moment, je suis à Westerlo et j’ai encore un contrat de deux ans. Je dois me concentrer sur mon travail. Je suis heureux ici et ma vie est confortable. Je ne passe pas mon temps à rêver d’un ailleurs meilleur. Le destin m’amènera là où je dois aller. Si cela marche, tant mieux, si pas, alors on fera avec « .

Il ne cesse de se référer à son chemin tout tracé :  » J’ai réalisé ma meilleure saison l’année passée. Personne ne pouvait savoir que j’allais marquer autant de buts û 16 û mais cela ne sert à rien de s’emballer car tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre. Je ne peux que travailler consciencieusement « .

Déboires et des supporters

Il n’ose plus s’aventurer de peur de revivre les épisodes passés. Car sa vie en Belgique ne fut pas de tout repos. A Molenbeek, il ne s’impose pas ; la direction change et Freddy Smets, le manager de l’époque, ne pense plus qu’à vendre le joueur :  » On voulait m’envoyer en Chine mais j’ai refusé car je trouvais que j’étais trop jeune. J’ai pris alors le risque de quitter Molenbeek. Mon père m’a dit qu’il s’agissait de ma dernière chance et que si je revenais au Nigeria, je retournerais à l’école. Cela m’a motivé à continuer (ilrit). J’ai finalement abouti à Denderhoutem en D3. Le club était vraiment familial et j’ai noué de nombreux contacts. D’ailleurs, le président du club continue à m’appeler à chaque but que j’inscris !  »

Et là, résurrection. Tosin Dosunmu marque 23 buts et se fait remarquer par le FC Malines.  » Le plus important pour moi était de jouer en D1. En plus, on m’a vite mis au courant de l’histoire du FC Malines. Je rentrais dans un grand club… mais rapidement il a connu des problèmes financiers. Moi, cela ne me perturbait pas car mon boulot consistait à tout donner pour mon employeur. Et même si on recevait nos salaires en retard, on les recevait. Je me souviendrai toujours des supporters malinois. Ils étaient formidables dans la tempête. Ils font partie certainement de la crème des supporters en Belgique. Ce sont eux qui ont porté l’équipe pendant la première partie de la saison. Je ne saurai jamais les oublier « .

En janvier 2002, le joueur était libre, le club ne pouvant plus payer les salaires.

Concentré jusqu’au bout

L’aventure campinoise débute. Il aboutit à Westerlo et découvre le Kuipje. Il finit la saison 2002-2003 modestement mais réalise une deuxième saison tonitruante.  » Ici, ce qui fait la différence, c’est l’ambiance et la mentalité. C’est un peu une nouvelle famille. Chacun peut compter sur les autres. On se donne tout le temps à fond. On entre sur le terrain pour gagner, que ce soit en match ou à l’entraînement. Même s’il n’y a pas d’enjeu. Des joueurs comme Chris Janssens, Mario Verheyen ou Wim Mennes sont de vrais gagneurs. Jan Ceulemans veille également à cette ambiance et comprend bien ses joueurs. Comme ancien attaquant, il me conseille. Il voit tout de suite quand j’ai des problèmes. Il me dit alors de me concentrer et de garder mon calme devant le but. Il se comporte comme un père envers moi « .

Désormais, Dosunmu fait partie des cadres de l’équipe et devra assumer ses responsabilités multipliées ces derniers temps.  » Je serai plus attendu et surveillé par les défenseurs. J’ai déjà pu m’en rendre compte lors des premiers matches de championnat. Et je devrai aussi gérer ma condition physique car cette année, je n’ai pas eu de vacances. En juin, j’ai été appelé pour la première fois en sélection nigériane. Je n’y croyais pas car avec des attaquants comme Nwanko Kanu (West Bromwich Albion) , Ayegbeni Yakubu (Portsmouth) , Victor Agali (Schalke) ou Obafemi Martins (Inter), je ne pensais jamais entrer en ligne de compte. Après la sélection, j’ai dû revenir assez vite car Westerlo entrait en lice en Coupe Intertoto. Je ne suis pas fatigué mais l’entraîneur a dit que je devais me surveiller et peut-être me donnera-t-il une semaine de congé pour soigner ma récupération. Mais je suis prêt à tout donner pour Westerlo, l’équipe a encore une marge de progression. Nous ne sommes qu’à 70 % de nos moyens. On a toujours mieux joué en première mi-temps. Regardez contre Ostende et le Lierse, on s’est fait rejoindre après la pause. Ce qui vaut pour moi, vaut également pour l’équipe : il faut rester concentré jusqu’au bout « .

Stéphane Vande Velde

 » Je ne passe pas mon temps à RêVER DE PARTIR « 

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