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Nenad Petrovic

Le CEO de la Belgian Federation of Football Agents fait notamment des prévisions estivales pour le monde des agents.

1. En 1quoi la crise du coronavirus va bouleverser l’été des agents ?

Déjà, ils sont dans l’incertitude concernant le calendrier puisque personne ne peut dire quand le foot va reprendre. C’est perturbant. Et ce ne sont pas les instances du football, que ce soit l’Union Belge, l’UEFA ou la FIFA, qui prendront les décisions. Ça viendra des autorités sanitaires, du gouvernement, de l’Europe. Ça me semble inévitable que moins d’argent circule pendant l’été dans le milieu des agents. À partir du moment où la crise a un gros impact sur ceux qui paient, les clubs, les agents seront d’office touchés. Moins d’argent dans les clubs, ça veut dire moins de moyens pour faire des opérations, donc des transferts moins coûteux, et forcément des commissions plus limitées. Les clubs sont confrontés aux mêmes soucis que le reste de l’économie. Les clubs de foot n’ont plus de billetterie, plus de catering, mais ils doivent toujours payer leurs joueurs et d’autres personnes. Est-ce que les Anglais vont continuer à mettre vingt millions pour des joueurs qui en valent à peine dix ? Ils ont l’habitude de le faire parce que l’argent n’est pas un problème pour eux. Mais la crise pourrait changer ça. Les agents qui n’ont pas de grosses réserves risquent de souffrir. Je prévois que les grands vont se regrouper et que des petits vont disparaître. C’est une tendance qui est déjà en marche. Les meilleurs se rendent compte que le métier d’agent comme papa, c’est terminé. Il faut des regroupements stratégiques, les grands comprennent la nécessité de travailler ensemble. Ils ont besoin d’union pour combattre les pouvoirs organisateurs comme la Pro League et la FIFA.

2. On pourrait clôturer plus tard le marché des transferts ?

La question a déjà été abordée et ça me semble inévitable. À partir du moment où l’UEFA voudrait prolonger certaines compétitions, il va falloir allonger la durée de contrats de joueurs, et donc il faudra adapter la période des transferts.

3. La BFFA n’a jamais été suivie par la Pro League. Une déception ?

Les gens de la Pro League ne nous ont pas écoutés, pas calculés. C’est dommage. Ils ont publié leur propre règlement qui allait soi-disant révolutionner le foot européen. Nos avocats l’ont attaqué et ils ont été obligés de le retirer parce qu’il était illégal. C’était un règlement basé sur celui de la FIFA, qui a été recalé par le conseil de la concurrence. En gagnant ce combat, on s’est fait une petite notoriété à l’étranger, et entre-temps, on a été contactés par les plus grands agents du foot et du sport en général : Mino Raiola, Jorge Mendes, Rogon, Stellar Group. Ils nous proposent un partenariat parce qu’ils pensent que notre approche est la bonne. La Pro League a raté l’occasion de faire ensemble un travail constructif.

4. À cause du coronavirus, plus personne ne parle des soucis des agents avec la justice. C’est une bonne nouvelle pour la BFFA ?

C’est une très mauvaise nouvelle. Si la crise retarde ce dossier, ce n’est bon ni pour le foot, ni pour l’éthique, ni pour notre association. Parce qu’on estime que justice doit être rendue. Celui qui a fait une connerie et qui s’est fait pincer, il doit payer. Mais l’appareil judiciaire est maintenant confronté au même problème que la société civile et commerciale, tout est à l’arrêt.

5. Il y a toujours quelques irréductibles qui ne veulent pas rejoindre votre association, comme Jacques Lichtenstein et Stijn Francis. Tu espères qu’ils finiront par changer d’avis ?

On les a invités plusieurs fois, ils n’ont jamais voulu venir. Tout ça parce qu’ils refusent de s’asseoir à la même table que certains autres agents. C’est un manque d’intelligence. Si certains agents préfèrent rester des petits coqs sur leur tas de fumier, plutôt que d’entrer à la BFFA, ils ratent le coche. Ceux qui ne veulent pas rentrer, ils loupent un tournant. Et ils s’en mordront les doigts.

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