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Ndongala de rentrée

Arrivé sur la pointe des pieds à Sclessin, Dieumerci Ndongala part enfin à la conquête du jardin qui l’a vu pousser. Retour sur sa dernière saison, tout aussi noire que blanche.

L’horloge tourne et accélère la course du destin. Le 30 janvier dernier, en milieu d’après-midi, Olivier Renard présente sa nouvelle recrue. Dieumerci Ndongala pose entre le directeur sportif liégeois et son agent, Mogi Bayat. La tentative de relance du Belgo-Congolais s’avère être une petite victoire pour le second, qui officialise là sa réconciliation avec la maison rouche.

Sur Twitter, Bayat remercie tout le monde… sauf Daniel Van Buyten. Le transfuge symbolise une fracture ouverte comme jamais. Ndongala, désiré par Renard et non par Big Dan, sort de six mois difficiles et débarque blessé à Sclessin. Peu importe, le Standard cherche à le faire revenir depuis un moment et le garçon, formé au club, signe jusqu’en 2020.

NEUF MATCHES, DEUX BLESSURES

Six mois plus tôt, Didi paraphe déjà un contrat longue durée à Gand : quatre printemps. L’ailier sort encore d’une saison convaincante en tant que titulaire à Charleroi et rejoint les Buffalos pour étoffer les flancs du noyau d’Hein Vanhaezebrouck.  » Tout le monde était content de son arrivée. On s’envoyait des messages, je lui disais de venir vite « , rembobine Kalifa Coulibaly, son compère carolo puis gantois.

 » Mais les blessures l’ont cassé dans son élan. À Gand, il y a beaucoup de joueurs et il n’y a pas toujours beaucoup de temps de jeu. Des fois, ça se voyait, il était un peu déçu. Mais il a toujours travaillé avec le sourire.  » Ndongala est stoppé en pleine préparation par un coup reçu sur le genou. Clin d’oeil du destin, il effectue finalement sa première rencontre officielle le 13 août 2016, à Charleroi (1-1). Il n’en enchaîne que huit jusqu’au prochain mercato, dont deux seulement dans la peau d’un titulaire : une en septembre et une autre en octobre. Dur, dur…

 » C’était un peu bizarre. En signant là-bas, il était presque sûr qu’il jouerait directement « , abonde Christophe Diandy, son grand pote chez les Zèbres.  » Mais il a pris ça comme une leçon. Il m’a dit qu’il avait beaucoup appris mentalement de cette période.  » Tactiquement, peut-être un peu moins. Ndongala semble éprouver des difficultés à se fondre dans le système de Vanhaezebrouck, qui souhaitait le recruter tout en sachant qu’il allait lui demander un gros travail défensif.

Danijel Milicevic :  » C’est simple, il devait jouer dans la position de ThomasFoket. Ce n’est pas comme le 4-4-2 de Charleroi. Là, il faut arpenter tout le flanc. Le 3-5-2 ou le 3-4-3 le pénalisait un peu. Dieumerci devait courir 90 minutes sans s’arrêter, ou presque. Ce n’est pas vraiment son style de jeu à la base.  » Quoi qu’il en soit, Milicevic évoque quelqu’un de  » toujours positif, souriant  » à l’entraînement et  » dangereux  » dans chacune de ses montées. Il lui permet notamment d’inscrire un penalty, un soir de défaite à Eupen (3-2).

Mais le bilan reste maigre et Gand peine à retrouver le Ndongala zebré.  » C’est quelqu’un qui était bien dans le groupe. Malheureusement, il s’est blessé. Et s’habituer à la charge des entraînements de Gand, ce n’est pas évident. Revenir n’a pas été facile pour lui. C’est dommage « , regrette Michel Louwagie, le directeur général gantois. En décembre, rebelote,  » Didi  » rechute. Cette fois, ce sont les adducteurs qui morflent. Pubalgie.

 » Il fallait qu’il soit disponible. C’est comme ça. Quand le temps manque, on ne peut pas vraiment avoir de patience « , philosophe Patrick Turcq, le directeur sportif.  » Sur la saison, on a dû disputer 57 matches officiels, avec la Coupe et l’Europa League. Fin décembre, on était huitièmes avec encore huit ou neuf matches à jouer. Il nous fallait quelqu’un d’opérationnel de suite. Dieumerci était indisponible et pas pour une ou deux semaines…  »

140 JOURS D’ABSTINENCE

Alors Turcq, Louwagie et consorts prennent les devants, dès l’ouverture du mercato hivernal. Début janvier, le jeune Nigérian Samuel Kalu arrive de Trencin, en Slovaquie.  » Il fallait déjà, de toute façon, le remplacer au mercato d’hiver puisqu’il était blessé. Kalu, ça a fonctionné tout de suite, c’était du tonnerre, il n’est presque plus sorti de l’équipe. Alors quand l’occasion s’est présentée, on l’a saisie « , commente Turcq.

Louwagie poursuit :  » On avait tellement de joueurs… On a décidé d’en laisser partir plusieurs définitivement.  » Au revoir le contrat de quatre ans à Gand, bonjour un autre de trois ans et demi au Standard, qui l’acquiert pour plus ou moins 1,5 million. Et peu importe si les deux directions sont en froid suite au cas AdrienTrebel, vraie-fausse arrivée chez les Buffalos. Ndongala veut jouer et Bayat signer son retour à Sclessin.  » Ils ont voulu de la qualité, on leur a donné « , se targue Louwagie.  » C’était le bon moment pour les deux parties et Mogi Bayat a facilité les choses.  »

Une aubaine pour tout le monde donc.  » On a voulu respecter la volonté du joueur. Même si on peut parler d’une volonté mutuelle « , termine Turcq.  » On était gagnant des deux côtés. Pourquoi ne pas le faire si tout le monde s’y retrouve ?  » Celui qui a failli mourir à la naissance revient ainsi au bercail pour tenter de renaître. De 15 à 20 ans, le natif de Kinshasa, qui a grandi à Evere, squatte les prés de l’Académie RLD.

 » Quand on me parle du Standard, j’y repense. Je me dis que si j’ai l’occasion d’y retourner par la grande porte et d’exploser tout le bazar là-bas, ça peut être bien « , nous glissait-il en 2015. Problème, son dernier match remonte au 3 décembre (15 minutes à Westerlo) et il doit attendre 140 jours pour rejouer, en play-offs 2, à Malines (le 22 avril). Pour trois joutes au total, Ndongala retrouve ses sensations. S’il ponctue une saison plutôt blanche, il esquisse quelques promesses pour la suivante.

Contre les luxembourgeois du FC Wiltz, en amical, il participe à la fête en inscrivant un triplé (10-0).  » Au Standard, le jeu et les supporters lui conviennent parfaitement « , assure Milicevic.  » Il va jouer dans un système mieux taillé pour lui et il va tout donner, comme d’habitude. Je suis confiant pour lui, même si là aussi, il va avoir beaucoup de concurrence.  »

Son profil correspond aux systèmes élaborés jusqu’ici par Sa Pinto, entre 4-4-2 et 4-2-3-1. Mais il devra effectivement se faire une place entre les Dossevi, Edmilson et Mpoku, dont il est très proche.  » Tout le monde connaît les qualités de Dieumerci. Quand il est en forme, on sait qu’il peut tout casser « , lâche Coulibaly.  » Je suis persuadé que c’est ce qu’il va faire au Standard.  » Pour enfin rattraper le destin.

PAR NICOLAS TAIANA – PHOTO BELGAIMAGE

 » Je suis persuadé qu’il va tout casser au Standard.  » Kalifa Coulibaly

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