NATION EN LIESSE

Le premier tour a été animé et ponctué de records.

À l’entame de la trêve hivernale, la Ligue Pro allemande, la DFL, a annoncé qu’elle toucherait 1.260 millions d’euros pour la retransmission de ses matches des deux premières divisions lors des trois prochaines saisons, soit un montant fabuleux de 420 millions par an. Devons-nous vous fournir les chiffres du championnat de Belgique, à titre de comparaison ? Notre Ligue Pro perçoit 36 millions par saison. Des cacahuètes, ce qui démontre que notre championnat accuse un retard énorme sur les grandes compétitions. En Allemagne, la chaîne payante Premiere est la grande perdante du deal.

Comme ce qui est arrivé chez nous à Canal +, cette chaîne a perdu les droits au profit d’un consortium de sociétés câblées, plus précisément Kabel Deutschland et Unity Media. Les chaînes publiques ARD et ZDF conservent cependant les droits généraux, qui ne font pas l’objet d’un paiement par les téléspectateurs. Le contrat actuel, qui prend fin avec la saison, vaut 302 millions par exercice. Le nouveau contrat aura aussi une influence sur le calendrier : dès la saison prochaine, la Bundesliga fera jouer un match le vendredi soir, six matches le samedi après-midi et deux rencontres en début de soirée le dimanche.

Solidarité et unanimité

Cela ne peut que susciter l’optimisme, à six mois du Mondial. Contrairement aux prévisions de moult observateurs du football allemand, le Bayern ne survole pas le championnat de la tête et des épaules. La palette de vedettes de Felix Magath est certes championne d’automne, notamment grâce à une série de 15 matches sans défaite, ce qui constitue un nouveau record. Le FC Hollywood, comme on le surnomme souvent, n’est plus un foyer de turbulences. Jamais la solidarité et l’unanimité n’ont été aussi grandes au Bayern que depuis l’embauche de Magath en été 2004. Il fait régner le calme et a huilé la machine. Les vedettes ne se plaignent plus de la rotation imposée ni du régime spartiate exigé pendant la préparation. Le Bayern a l’art de vaincre, même face à des équipes moins cotées qui jouent leur match de l’année et se défendent bec et ongles. Le Bayern est invincible à domicile, à l’Olympiastadion comme à l’Allianz Arena. Il a remporté ses huit matches de championnat à domicile, et en Ligue des Champions aussi, personne n’est parvenu à lui arracher des points.

Le club est une des entreprises footballistiques les plus prospères d’Europe grâce au management de Franz Beckenbauer, le charismatique président du conseil d’administration, de Uli Hoeness, un visionnaire colérique et parfois impatient, de Karl-Heinz Rummenigge, le conciliateur, et de Karl Hopfner, le froid trésorier. En dix ans, le budget est passé de 40 à 180 millions d’euros. Le succès financier du club s’appuie sur la règle économique la plus simple : on ne dépense pas un cent de plus que ce qu’on a et le client est roi. Spectateurs, membres, supporters et sponsors (T-Mobile et Adidas) jouissent d’un traitement de faveur.

Grosses sanctions anti-corruption

Le Bayern compte actuellement six points d’avance sur le surprenant Hambourg, avec un brillant Daniel Van Buyten au sein de l’équipe formée par Thomas Doll, et huit unités sur le Werder Brême, qui s’est également qualifié pour le tour suivant de la Ligue des Champions. Ensemble, le trio a signé 36 succès. Le leader compte 44 points, un total impressionnant, surtout quand on se rappelle qu’il y a un an, le Werder Brême avait été champion d’automne avec 35 points. Autre fait marquant, pour la première fois depuis la réunification de l’Allemagne, le nombre de footballeurs allemands alignés a augmenté, notamment grâce à l’impulsion du sélectionneur national, Jürgen Klinsmann, qui a donné leur chance à de jeunes footballeurs comme Per Mertesacker (Hanovre 96), Robert Huth (Chelsea), Marcell Jansen (Borussia Mönchengladbach), Christian Pander (Schalke 04) et Lukas Sinkewiecz (FC Cologne). L’Eintracht Francfort fait prioritairement appel aux éléments de son école des jeunes et s’est implanté dans le ventre mou tandis qu’une avalanche de blessures a contraint le Borussia Dortmund à faire appel à des jeunes comme Marc-André Kruska, qui surprend tout son monde. Le coach néerlandais Bert van Marwijk n’a pas hésité à lancer dans la bataille le jeune international turc Nuri Sahin à l’âge de 16 ans et 335 jours, ce qui en fait le plus jeune débutant depuis la fondation de la Bundesliga en 1963.

Depuis la mi-novembre, le scandale de corruption impliquant notamment des arbitres est réglé. Robert Hoyzer, âgé de 25 ans, a comparu devant le tribunal de Berlin et a été condamné à une peine de prison de deux ans et cinq mois pour corruption. Le jugement est étonnamment sévère car on avait requis deux ans avec sursis et l’arbitre avait plaidé coupable, aidant la Justice dans son enquête et exprimant ses remords. Le tribunal n’a tenu compte que des preuves selon lesquelles Hoyzer avait manipulé les résultats de matches de Bundesliga et de Coupe, de connivence avec un syndicat de paris dirigé par des Croates. Dominik Marks, un autre ancien arbi-tre, a écopé de 18 mois avec sursis. Ante Sapina, le meneur du syndicat, a été condamné à deux ans et 11 mois de prison ferme.

Séparations pénibles

Les limogeages des entraîneurs s’inscrivent en contraste avec ces nouvelles positives. Six coaches ont été renvoyés. C’est le nombre le plus élevé depuis 22 ans. Certaines séparations ont été particulièrement pénibles. Ainsi, Duisburg s’est séparé de Norbert Meier, coupable d’avoir décoché un coup de boule à Albert Streit, un footballeur du FC Cologne. Alors qu’il présentait le meilleur bulletin de tous les entraîneurs de Schalke 04, Ralf Rangnick a été sacrifié sur l’autel d’une lutte intestine avec le manager Rudi Assauer. Quelques joueurs ont eu le mauvais rôle ces derniers mois. Le Turc Alpay Özalan (FC Cologne) s’est distingué, après un coup volontaire à un Suisse pendant les barrages pour le Mondial, en décochant un méchant coup de coude au Hambourgeois Guy Demel. Giovane Elber, un des étrangers les plus efficaces devant le but avec 133 goals, tous clubs confondus, a mené une vie impossible à Horst Köppel, qu’il a traité de menteur. Mönchengladbach a donc limogé le Brésilien.

Le Hertha Berlin, lui, a un besoin urgent de liquidités. Les lourds investissements consentis ces dernières années exigent leur tribut. Des rapports alarmistes font état d’un trou de 35 millions d’euros. Marcelinho et Cie doivent à tout prix se qualifier pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Il en va de la survie du club berlinois.

FRÉDÉRIC VANHEULE

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