A 23 ans, il reste peu de temps au Portugais Luís Carlos Almeida da Cunha pour gommer ses défauts d’artiste et devenir une star mondiale avec Man U.

Positif

Nani est un joueur aux qualités techniques exceptionnelles. Il réalise tous ses gestes avec une maîtrise hors du commun. Virgules, roulettes ou talonnades comme sur l’action qui amène le seul but contre Valence : tout est réalisé sous le sceau de la grande classe. Ses amorties, ses contrôles et ses déviations sont effectués de façon quasiment parfaites.

La vitesse fait également partie des grandes spécificités de l’international portugais. Il profite de cette spécificité pour déborder son opposant direct et se comporter comme un véritable ailier, denrée de plus en plus rare. Que ce soit au démarrage, en pivotant ou sur 40 mètres, il fait preuve d’une explosivité exceptionnelle. Que dire alors de sa vitesse d’exécution ballon aux pieds ? PHÉNOMÉNALE !

Le natif du Cap Vert possède une frappe de balle d’excellent niveau. Bien que droitier, il utilise cette qualité aussi bien avec le gauche. Ses passes sont précises et bien appuyées. Devant le but, il se sert plus de l’intérieur et de l’extérieur que du cou du pied qu’il utilise pour les transversales et les centres tendus. Face au gardien, il privilégie la finesse à la puissance.

Le numéro 17 d’Alex Ferguson présente déjà une solide expérience aussi bien en clubs qu’en équipe nationale. Aux 120 matches de Premier League depuis 2007 et la petite quarantaine de sélections nationales, il faut ajouter la CL, les coupes anglaises et la compétition portugaise ; soit plus de 300 apparitions comme pro.

Il peut être considéré davantage donneur d’assists que buteur. Ses stats tournent à environ un but tous les 6 matches. Pour quelqu’un doté de telles qualités techniques et adroit face au but, c’est très peu. Sa position sur le terrain le place plus comme un déclencheur d’actions que comme un finisseur.

Le dribble fait aussi partie de ses qualités. Ses crochets sont très courts et il est capable, après un brusque changement de direction, de redémarrer à la vitesse de l’éclair dans le sens du jeu. Cela lui donne une impression de très grande aisance dans l’art d’éliminer l’adversaire.

L’ancien joueur du Sporting Lisbonne (un des plus beaux et des plus performants centres de formation du monde !) fait preuve d’une très grande souplesse. Il réalise les gestes les plus fous, notamment les retournés acrobatiques. La souplesse au niveau des hanches l’aide également à pivoter très vite et à se faufiler.

Il développe une polyvalence offensive certaine même si son meilleur poste est flanc droit offensif. Il est capable d’évoluer côté gauche où il a le loisir de rentrer sur son pied droit voire en tant qu’attaquant axial dans un autre dispositif tactique (4-4-2 au lieu du 4-3-3). Il évolue très près de la ligne de touche pour écarteler la défense mais il a tendance à rentrer dans le jeu quand l’action se rapproche du but adverse.

Négatif

Il tombe parfois dans l’excès d’individualisme. Pour le coach, il faut trouver le juste milieu afin qu’il se mette au service du collectif sans perdre son esprit créatif. C’est aussi à lui de trouver ce juste équilibre, en tablant sur l’efficacité comme premier paramètre pour évaluer sa prestation.

Même si, avec le temps, il s’améliore, il joue encore par à-coups. Ses prestations sont inconstantes et on doit parfois se contenter de quelques éclairs quand on analyse réellement son match. Il est beaucoup resté dans l’ombre de la star Cristiano Ronaldo et il n’est peut-être pas encore complètement libéré de ce fantôme, même si cela va déjà mieux que la saison dernière.

Quand il doit affronter un arrière latéral très offensif, il perd pas mal de fraîcheur en devant redescendre très bas dans le jeu. Cela risque de nuire à son rendement offensif. Ceci dit, mercredi dernier, il a bien effectué son travail défensif en CL, venant sauver une occasion au niveau du petit rectangle d’Edwin van der Sar.

Avec ses 175 cm, le jeu de tête ne fait pas partie de ses grandes spécialités. Son rôle sur le flanc le prive de nombreux duels aériens et, lui-même sollicite prioritairement le ballon au niveau du sol. Devant le but, sa détente et son explosivité lui permettent de couper les trajectoires. Le plus souvent, quand il frappe le ballon de la tête, ce n’est pas suite à un vrai face à face dans les airs mais lorsqu’il est libre de tout marquage.

Il doit progresser tactiquement. Il évolue plus de manière instinctive que réfléchie. Son comportement sur le terrain est très individualisé et il joue rarement en fonction du collectif. Le coach ne doit bien sûr pas le brider mais il est malaisé de le faire rentrer dans des lignes de courses.

Ses centres manquent généralement de précision. Il les délivre souvent sans lever la tête et donc sans regarder la position et l’appel du ou des partenaire(s). Parfois, il est obligé de centrer en première intention tant le pressing adverse est intense, mais il lui arrive trop souvent de centrer en force à l’aveugle. Conclusion : un déchet trop important par rapport à ses qualités techniques.

Son approche mentale n’est pas celle d’un joueur du top mondial. Il a encore trop tendance à faire confiance à son talent. Sa remise en question après quelques bons matches est insuffisante et il a plutôt tendance à vivre sur son nuage. S’il parvenait à acquérir cette ardeur journalière au travail (la marque des plus grands), il pourrait devenir un candidat potentiel au Ballon d’or.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

par étienne delangre

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