(N)A(N)A GAND

Gand passe l’hiver en Coupe d’Europe et Nana Asare ajoute un épisode à son succès sous le maillot du champion.  » Il est le meilleur arrière gauche de Belgique.  »

Nana Asare (29 ans) est issu de l’académie de Feyenoord à Gomoah Fetteh, un village situé près d’Accra, la capitale du Ghana. Après une saison à l’Antwerp, il a atterri à Malines en 2005. Le timide et fragile Africain s’est mué en joueur-clef de Gand, après quatre saisons au Kavé, en D2 puis en D1, et au FC Utrecht, aux Pays-Bas (2009-2013). Comment s’est donc produit le déclic ?

 » Je l’ai visionné à l’Antwerp et j’ai immédiatement réalisé qu’il avait du talent « , se souvient Fi Vanhoof, l’ancien directeur sportif de Malines.  » C’est surtout sa polyvalence qui m’avait impressionné, de même que sa technique. Nana conserve bien le ballon et dégage beaucoup de sérénité. Il n’est pas évident de le mettre en difficulté. Sa facilité, balle au pied, et son expérience lui permettent de trouver une solution à toutes les situations de jeu. Il ne se met jamais en difficulté et s’appuie sur une bonne relance. Il utilise bien son corps et est rapide. Il ne recule devant rien ni personne. Où qu’on l’aligne, il ne déçoit jamais. Comme Sven Kums, Nana permet à Gand de mieux jouer grâce à son calme dans l’élaboration du jeu, en championnat comme en Coupe d’Europe. De surcroît, c’est un pro accompli, toujours ponctuel. Avec le recul, je suis fier d’avoir livré deux des meilleurs arrières gauches, Asare et Ivan Obradovic, à de grands clubs belges : Gand et Anderlecht. Pour le moment, le Ghanéen a encore une longueur d’avance sur l’autre. Pour moi, Nana est actuellement le meilleur back gauche de notre championnat.  »

LA POLYVALENCE FAITE FOOTBALLEUR

 » Nana alliait technique, vista et vitesse « , souligne Peter Maes, qui l’a entraîné à Malines.  » Malheureusement, il était assez fragile. Il s’est blessé à plusieurs reprises. Il a fallu qu’il se fortifie, d’abord en accumulant du temps de jeu. C’est un garçon modeste mais il sait très bien ce qu’il veut. Simplement, il n’aime pas trop afficher son ambition. Nana garde ça pour lui. Je l’alignais le plus souvent à l’arrière gauche, en lui permettant de multiplier les infiltrations mais je pouvais également le poster au numéro huit. Aux Pays-Bas, il s’est même mué en très bon numéro dix. Il fait partie de ces joueurs qui ont besoin d’entraînements intenses. Je ne suis pas surpris qu’il poursuive son petit bonhomme de chemin sans se faire remarquer. Il agit de même dans la vie, il n’apprécie pas trop être au premier plan.  »

Comment cet homme tranquille a-t-il survécu au FC Utrecht, dans un pays dont les habitants disent sans fard le fond de leurs pensées ? L’ancien international néerlandais Jan Wouters l’a entraîné aux Pays-Bas.  » Nana est introverti mais il a forcé le respect par son style de jeu et sa mentalité extraordinaire. Capitaine, Nana n’était pas constamment présent dans le vestiaire mais sa douceur a soudé le groupe. Je ne comprends pas pourquoi aucun grand club ne l’a engagé car nous parlons ici d’un footballeur réellement polyvalent, capable de réaliser des actions individuelles et d’arpenter tout le flanc gauche.

Chez nous, en 4-4-2, Nana pouvait occuper tous les postes de l’entrejeu, grâce à son intelligence et à sa lecture du jeu. Il ne lui manquait que le sens du but. Parfois, il perdait un peu la tête et prenait des cartes jaunes inutiles. Je n’ai jamais eu de longs entretiens avec lui. Il n’a jamais souhaité exprimer ses sentiments et pour le football, il suffit de quelques mots car il comprend très bien la tactique.  »

IMBATTABLE EN CONSERVATION DE BALLE

Peter Balette, T2deGand, a découvert en lui un Africain finalement très européen, d’octobre 2013 à juin dernier.  » Lors de notre première rencontre, il était souriant mais très réservé. En fait, il ne se défait de ses inhibitions que sur le terrain. Nana n’aime pas se dévoiler. Il faut vraiment être lié avec lui pour mieux le connaître. Il n’aime pas les interviews et il ne sombre jamais dans l’euphorie. Sur les images, après le match à Lyon, j’ai vu tous les joueurs sauter et danser. Sauf Nana. Il était à côté, un peu à l’écart, réservé. Il est comme ça.

C’est un gars en or. Il exécute parfaitement toutes les consignes et il réfléchit. Hein répétait qu’il avait le bloc moteur d’une Ferrari. Nana est extrêmement rapide, malin et il connaît très bien ses possibilités, tout comme ses limites. Il compense sa petite stature par son engagement. Il pourrait être encore plus présent dans les duels aériens ou les ballons qui retombent dans la deuxième zone mais au sol, sa vivacité constitue un fameux atout. Et il est imbattable quand il s’agit de conserver le ballon.  »

PAR FREDERIC VANHEULE – PHOTO BELGAIMAGE

 » Où qu’on l’aligne, Nana ne déçoit jamais.  » FI VANHOOF

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