Must wallon?

Certes, il y avait du monde et de l’ambiance (1.500 spectateurs environ), et une ferveur commune pour que la capitale de la Gaume vive encore la saison prochaine dans l’antichambre de la gloire. Mais voici un an, j’ai aussi vu Virton-Visé, c’était pour le titre en D3. Et il y avait 3.000 spectateurs! Que souhaitaient-ils alors, que faisait ce samedi la moitié d’entre eux? Souhaitaient-ils un an plus tôt un spectacle de niveau supérieur à proximité de leurs pénates? Non. Si c’était le cas, tous auraient été là samedi soir. Ce qu’ils souhaitaient alors, à Virton comme partout, c’était CONQUÉRIR. Puis, quand la conquête a eu lieu, le désintérêt s’installe et on préfère plonger dans d’autres rêves accessibles…

Sentimentalement, je me suis senti neutre, mes pénates à moi sont à la lisière des deux provinces. Mais ça n’implique pas que le nul final (1-1) m’ait rempli de bonheur. D’abord, cette débilité profonde autant qu’hallucinée qu’est la victoire à trois points fait que, quand deux clubs que tu aimes ne se départagent pas, tu les sens tous les deux couillonnés quelque part dans l’espace. Vu qu’un point s’y est perdu, dont personne ne profitera jamais! Ensuite, ma neutralité sentimentale impliquait que je sois supporter mathématique de Virton: car pour que tous deux gardent à l’issue du match le même espoir raisonnable de pouvoir se maintenir, il s’avérait préférable que le visité batte le visiteur. Ce ne fut pas le cas et les Gaumais sont tristes, même si la résignation n’a pas encore lieu d’être.

Et leur tristesse s’exprime comme nombre de tristesses footeuses: avec un sentiment de malchance et d’injustice qui paraît excessif à l’observateur occasionnel.

Allez, je termine en vous refilant un coup de coeur dans chaque camp -faudrait pas croire que je blablate sans avoir suivi le match. Côté visités, je fais la réclame pour un p’tit gars de Gaume qui a pour nom Gaël Hug: il existe plus d’un flanc droit défensif en D1 nationale qui n’a rien de plus que lui. Côté visiteurs, je coche le coach pour une qualité de discours réflexif en conférence de presse que je n’ai jamais entendue en D1: à chaque question inévitablement liée aux circonstances particulières du match, José Riga arrive à répondre en rejoignant le général. Conceptualisation du foot aux antipodes de la langue de bois, rhétorique humble, didactique claire, tout ça ne peut que produire du bon boulot au sein du groupe. J’en mettrais de nouveau mon pied gauche à couper, vu qu’il ne l’est toujours pas.

Bernard Jeunejean, , (*) Peuple de Gaume, je sais, votre parler n’est pas le wallon, mais y’a des

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