Most Improved Player?

Le jeune Allemand (22 ans et 2m10) a énormément progressé à Dallas, l’une des révélations de la saison.

Cette saison, une quarantaine de joueurs de NBA sont nés en dehors des Etats-Unis. Parmi les Européens, deux ont pris une dimension toute particulière: le Yougoslave Predrag Stojakovic aux Sacramento Kings et l’Allemand Dirk Nowitzki aux Dallas Mavericks. La formation texane figurait au rang de parent pauvre au départ de la saison mais a su se hisser dans les playoffs grâce, notamment, aux multiples talents de son ailier germanique.

Présent dans plusieurs domaines du jeu, comme les points et les rebonds, il est l’un des prétendants au titre de Most Improved Player: joueur ayant le plus progressé. D’une moyenne de 8,2 points par match lors de sa première saison, il est passé à plus de 20 points par rencontre cette année. Il n’est plus très loin des 22,3 points par match du regretté Drazen Petrovic, la meilleure moyenne jamais réalisée par un joueur européen en NBA. Lorsqu’il l’avait vu pour la première fois, le coach Don Nelson avait déclaré qu’il était le joueur de 19 ans le plus doué qu’il avait connu. Aujourd’hui, certains le comparent déjà à Larry Bird. Les Belgian Lions ont fait sa connaissance voici trois ans: il figurait dans l’équipe nationale allemande qu’ils avaient rencontrée à Bonn. Depuis, l’homme a fait du chemin.

Vous avez réalisé une saison fantastique. Comment expliquez-vous votre progression?

Dirk Nowitzki: Tout est une question de confiance. Je me suis adapté à la NBA et j’ai pris confiance en mes possibilités. Le coach Don Nelson m’a beaucoup aidé en me plaçant dans les meilleures conditions. Il m’a énormément parlé et n’a jamais cessé de croire en moi lorsque j’ai traversé des moments de faiblesse durant ma première saison. Cela a porté ses fruits. J’ai mûri et cela se ressent sur le parquet.

Vous êtes en train de devenir l’un des joueurs les plus charismatiques de la NBA.

C’est agréable de se voir apprécié, mais je ne me suis jamais senti dans la peau d’un joueur charismatique. Il y a beaucoup de superstars en NBA. Je suis simplement un joueur parmi les autres. A Dallas, lorsque je me balade en rue, les gens me reconnaissent, c’est logique. Certains me demandent un autographe. Mais j’apprécie. J’ai beaucoup progressé depuis mon arrivée en NBA, mais je dois continuer dans cette voie et veiller à améliorer mes points faibles. Je n’ai que 22 ans. Je suis encore perfectible dans beaucoup de domaines. Notamment celui du rebond.

Quelle est votre meilleure place, sur le terrain?

Sincèrement, je l’ignore. Je suis assez polyvalent. Parfois je joue en n°3, parfois en n°4. J’ai la chance d’être grand (2m10) et d’avoir un bon tir à distance.

Le fait d’être un Européen vous vaut d’être très observé. Le ressentez-vous sur le parquet?

J’essaye de ne pas m’en préoccuper. Je joue mon match et je ne fais aucune distinction entre les Américains et les Européens. Dans l’équipe, on se bat tous pour la même cause.

Avez-vous des contacts fréquents avec les autres joueurs européens en NBA?

Des contacts, c’est un grand mot. Nous discutons un peu avant les matches, lorsque nos équipes respectives se rencontrent, mais nous n’avons pas le temps d’avoir des échanges d’idées très approfondis. Dès la fin du match, il y a un avion à prendre.

A ce jour, trois Européens ont participé au All Star Game: Rik Smits, Detlef Schrempf et Vlade Divac. Serez-vous le quatrième?

Lors de ma première saison en NBA, j’ai été sélectionné dans l’équipe des Rookies. Cette année, c’était dans celle des Sophomores. La progression logique voudrait que je fasse partie des grands l’an prochain. Mais c’est le pas le plus difficile à franchir. Participer au concours de tirs à trois points, lors du All Star Game, est aussi une très belle expérience.

Quel avis portez-vous sur la NBA en général?

C’est la plus grande ligue de basket du monde, il n’y a aucun doute à cela, et c’est pour cela que je suis venu ici. Ma principale motivation n’était pas l’argent, mais l’envie de jouer aux côtés des meilleurs joueurs de la planète. J’avais reçu des offres de collèges réputés, de clubs espagnols également. J’ai choisi de franchir directement le pas de la NBA. Aujourd’hui, on peut dire que j’ai fait le bon choix. Mais ce n’était pas évident dès le départ. Je venais d’Europe et il n’est pas facile de s’adapter au régime auquel on est soumis en NBA. Tout est très différent. Le jeu est plus physique, plus rapide. Les règles sont un peu différentes également. Aujourd’hui, mon adaptation est faite et j’apprécie chaque instant passé dans cette ligue.

Comment expliquez-vous les succès de Dallas?

Une bonne organisation, des joueurs de talent qui sont arrivés durant l’entre-saison, la patte du coach Don Nelson et une ambiance qui a toujours été excellente. L’une des clefs du succès est que nous avons chacun envie de jouer l’un pour l’autre. Nous entretenons d’excellentes relations entre nous.

Quel genre de personnage est le président Mark Cuban?

Il est différent des autres propriétaires de franchises. Il est très porté sur les innovations, ne regarde à aucun effort pour faire progresser l’équipe et est aux petits soins pour les joueurs. Il veille à ce que la nourriture soit de qualité après les matches et les entraînements. Nous avons des DVD et PlayStation dans le vestiaire. L’année prochaine, l’équipe voyagera dans un tout nouvel avion spécialement aménagé. Le président s’occupe de tout et c’est un plaisir de travailler sous sa direction.

La pression sur l’équipe s’est-elle accentuée au fil de la saison?

Lorsque l’équipe commence à gagner, les gens en veulent toujours plus, c’est normal. On ne comprend plus, aujourd’hui, que nous puissions être battus à domicile par des formations peu réputées. Mais il faut s’accomoder de cette pression.

Quelles sont vos chances dans les playoffs?

Ce sera dur. Les Dallas Mavericks font partie de la Conférence Ouest, la plus relevée. Il y a beaucoup de grosses équipes. C’est déjà un succès d’être parvenu à se qualifier pour les playoffs. Maintenant qu’on y est, tout est possible. Mais notre saison est déjà une réussite, quoi qu’il advienne.

A 22 ans, l’avenir vous appartient. Vous voyez-vous évoluer bientôt dans une grande équipe?

Dallas est déjà une grande équipe. Il suffit d’apporter quelques ajustements supplémentaires pour qu’elle devienne réellement très compétitive. L’accession aux playoffs était l’objectif pour cette saison. La saison prochaine, il s’agira d’y jouer un rôle en vue. Le public se prend au jeu. Il supporte les Mavericks avec de plus en plus de ferveur. Plusieurs matches ont été sold out cette saison. Dallas est une équipe qui monte.

La popularité dont vous jouissez aux Etats-Unis aura-t-elle des répercussions en Allemagne?

Ma réussite incitera peut-être davantage de compatriotes à opter pour le basket. Je ne suis plus rentré dans mon pays depuis le mois de septembre, je n’ai donc pas pu constater comment les gens réagissaient. D’après ce que j’entends, les réactions sont très positives.

Lorsque vous étiez jeune, vous aviez aussi de grandes dispositions en tennis.

J’ai effectivement disputé quelques tournois de tennis avec un certain succès. Mais je pense que j’étais plus porté sur les sports collectifs. En Allemagne, j’ai joué au handball également. Je prends plus de plaisir avec des équipiers autour de moi. Lorsque j’ai participé pour la première fois à un entraînement de basket, j’ai directement compris que ce sport était fait pour moi. La motivation est un facteur très important de réussite.

Daniel Devos, envoyé spécial aux Etats-Unis

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