Le jour où Constant Vanden Stock a ramené Michel Verschueren à Anderlecht:  » Monsieur Constant a toujours tenu Mister Michel à l’oeil « 

Pierre Bilic

Retour sur le second passage de Michel Verschueren à Anderlecht. Ce dernier était parti chez le voisin du RWDM en 1969 après un premier passage au Parc Astrid. Le « Renard argenté »  avait contribué à l’ère dorée des Coalisés dans les années 70. De quoi séduire un Constant Vanden Stock qui voulait effectuer une révolution culturelle au sein de son club qui venait pourtant de remporter deux trophées européens lors de la dernière décennie. Georges Heylens évoque cette période.

En 1980, Anderlecht a vécu sa révolution culturelle. Constant Vanden Stock n’a pas agité de petit livre mauve mais ce célèbre brasseur n’a quand même pas hésité à faire un grand bond en avant. Bien que brillant élève européen, Anderlecht ratait régulièrement le titre en Belgique. Le patron décida alors de se défaire de Robbie Rensenbrink, Gilbert Van Binst, François Vander Elst, Nico de Bree, etc. VDS recruta un nouveau coach, Tomislav Ivic… Mais, son meilleur transfert, il le réalisa cette année-là, en allant chercher son nouveau manager au RWDM : Michel Verschueren. On l’a peut-être oublié, mais Mister Michel (surnom que lui avait donné Ivic) avait déjà travaillé comme préparateur physique à Anderlecht. A ce poste, il succéda à Raoul Mollet et bossa sous les ordres de Pierre Sinibaldi, Noulle De Raeymaecker, Andreas Beres et Norberto Höffling. Mollet était ancien style et Verschueren (recruté en 1963 à Alost par Albert Roossens) insista plus sur le travail sans ballon.

Michel était un licencié en éducation physique et il avançait dans la vie à force de caractère et de travail. Mais son message ne passait pas dans un effectif qui ne jurait que par le beau jeu. Il y avait un paquet d’artistes au Sporting : Jef Jurion, Pierre Hanon, Paul Van Himst, Jan Mulder, etc. J’ai souvent entendu : -Avec ce Verschueren, il faut toujours courir. Moi, cela ne me dérangeait pas car j’étais un bosseur, mais les joueurs se moquaient de Verschueren car il n’était pas un footeux. Je ne dis pas qu’il avait les pieds carrés mais, bon, quand on jouait un match entre nous à l’entraînement, on s’arrangeait pour qu’il manque un homme dans l’équipe la plus faible. Michel était alors obligé de monter sur le terrain et on s’arrangeait pour que la plupart des ballons passent par lui. Le niveau technique était très élevé et il ne savait que faire de toutes ces bonnes passes. Il était perdu et les stars se payaient sa tête : – Alors, fieu, c’est autre chose que de galoper sans réfléchir hein…

C’était sévère et cruel. Probablement déçu par l’attitude cynique du groupe à son égard, Verschueren accompagna Höffling (un gentleman hyper-attachant et un excellent coach) au Daring. Il y apprit son métier de dirigeant de club, contribua largement à la conquête du titre par le RWDM en 1975, etc. Monsieur Constant l’avait à l’oil et Verschueren revint à Anderlecht par la grande porte en 1980. On peut l’apprécier ou pas, mais une chose est sûre : VDS avait vu juste… « 

né en 1941, Georges Heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

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