Monsieur 100.000 Walt

Le football est redevenu une ruche, que ce soit dans les divers championnats nationaux, les épreuves européennes, nectar des clubs, ou lors des rendez-vous des équipes nationales. Cette frénésie fait du bien après la Beckhamania, sacre mondial d’un marketing qui donne plus d’importance à une coupe de cheveux, à un sourire ou à un gadget qu’à un exploit sur un terrain. A ce rythme-là,  » David I  » deviendra vite, si ce n’est déjà fait, une espèce de Rudolph Valentino, idole du public féminin au début du siècle. Même si cet acteur devint la première étoile masculine du septième art, sa carrière, trop brève, comme sa vie, ne compte pas assez de grands films.

La Belgique, ce n’est ni le Real Madrid, ni Hollywood mais les films qu’on y voit depuis le début de la saison sont intéressants. Un joueur crève de plus en plus l’écran vert : Walter Baseggio, élément marquant de son époque. Lui aussi est d’origine italienne comme Rudolph Valentino, né à Castellaneta, près de Bari, mais la comparaison s’arrête là. Tant mieux. Si quelqu’un a trouvé l’image qui s’impose en ce qui concerne le gars de Clabecq, c’est bien Paul Van Himst :  » Walter n’est pas un véritable meneur de jeu. Il sait récupérer, briller dans le trafic aérien et a une frappe terrible à distance. Walter Baseggiome fait penser à Ludo Coeck qui travaillait beaucoup entre les lignes et plaçait des missiles sur orbite « .

A Gand, Walter mania la poudre comme lui seul est capable de le faire. Du 100.000 Walt, du Ludo Coeck pur jus. Le regretté médian anversois savait faire la différence à lui tout seul, mais il aimait s’allier à un meneur de jeu classique, plus avancé que lui sur la pelouse. Et on se souviendra éternellement du beau duo que Ludo Coeck forma avec JuanLozano. La presse, en général, estime qu’on peut arriver au même résultat avec Walter Baseggio et Pär Zetterberg. Ce n’est pas tout à fait l’avis d’Hugo Broos. Même un vieux de la vieille, Raymond Goethals, pense que cet axe tient le coup en Belgique mais pas en Coupe d’Europe car l’association des deux compères n’est alors pas suffisante au niveau de la récupération.

Hugo Broos s’appuie certainement sur le magnifique match des Mauves contre le Wisla Cracovie (3-1) afin d’estimer que Walter et Pär ne sont pas assez complémentaires lors de certains débats. Baseggio fut orphelin de Zetterberg face aux Polonais et la couverture fut souvent tirée par Besnik Hasi derrière lui. En s’énervant un peu quand ce thème est au centre du débat, le technicien anderlechtois donne l’impression, même si c’est faux, d’être opposé au couple Mister ZWalt. Ces deux-là, associés (ce que nous préférons) ou pas, dans une formule ou l’autre, enrichissent son arsenal tactique, lui permettent de varier les coups. Pour le moment, ce débat s’efface derrière une autre interrogation : qui remplacera le malheureux Nenad Jestrovic à la pointe de l’attaque mauve ? Blessé au genou face au Wisla, Jestrogaol est hors combat pour des mois. Qui sera aussi concret que lui à la finition ? On peut se poser la question après tous les buts ratés face aux Polonais. Aruna Dindane ? Christian Wilhelmsson ? Ki-Hyeon Seol ?

Ne faudrait-il pas se tourner vers les  » oubliés  » Ivica Mornar ou Gilles De Bilde ? Hugo Broos veut un renfort, mais la direction n’y songera que si l’obstacle du match retour, à Cracovie, est franchi. La semaine prochaine sera décisive pour une équipe qui assume bien ses responsabilités sur le terrain. Bruges en a fait de même face au Borussia Dortmund bousculé sur le chemin de la Ligue des Champions (2-1). Anderlecht et Bruges se sont forgés des chances de qualification sans avoir, en leur sein, de Beckham ou de Valentino mais avec des Walter Baseggio, Olivier Deschacht, PhilippeClement, Olivier De Cock, etc. Des gars du  » petit  » championnat de Belgique. Pour eux, l’heure est à la confirmation, ce mercredi, lors de l’amical Belgique-Hollande, avant les voyages surles rives de la Vistule et de la Ruhr : silence Rudolph, on tourne…

par Pierre Bilic

 » Baseggio me fait penser à Coeck qui plaçait des missiles sur orbite  » (Paul van Himst)

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