» MONS M’A AIDÉ « 

Le jeune Tournaisien, formé au Futurosport, retourne à Mons avec qui il a fêté la montée et où il s’est révélé, aux autres et à lui-même.

Originaire de Tournai, mais formé au Futurosport de Mouscron, BastienChantry (21 ans) a sans doute vécu à Mons – où il avait été prêté pour une saison – les plus beaux moments de sa jeune carrière.  » J’espère que ce ne seront pas les derniers et que je vivrai d’autres beaux moments. Je ne m’y attendais pas vraiment, car il y a un an, j’étais en plein doute. Cela faisait longtemps que je ne me faisais plus plaisir sur le terrain. Les premiers matches amicaux avec Mons avaient d’ailleurs été très difficiles. Mais, progressivement, j’ai retrouvé le niveau qui était le mien lorsque j’avais 17 ans, à l’époque où je pouvais courir sans arrêt, au point qu’on m’appelait la vitamineambulante. Ce qui m’a plu, à Mons, c’était d’abord la confiance qu’on m’a accordée alors que, pendant quelques années, je l’avais vainement attendue à Mouscron. Le fait, aussi, que tout le monde était placé sur un pied d’égalité. Que l’on ait 20 ans et deux matches de D1 à son actif, ou 30 ans et 200 matches parmi l’élite, chacun était considéré comme un joueur capable d’apporter sa pierre à l’édifice. Cela, c’était génial, et le mérite en revient à JoséRiga. Un autre de ses mérites fut d’évacuer la pression alors que, pourtant, la remontée en D1 était très importante pour le club, presque vitale. Cela nous a permis d’émerger malgré les épisodes rocambolesques qu’on a vécus « .

Bastien serait volontiers resté à Mons. Seulement voilà : il n’était prêté que pour une saison, sans option d’achat.  » A l’intersaison, GilVandenbrouck m’a convaincu qu’il comptait sur moi. J’étais déchiré. D’un côté, il y avait Mons, où j’avais eu la chance de concrétiser ce que j’attendais depuis longtemps. D’un autre côté, il y avait le challenge de Mouscron, où j’ai été formé et où j’habite depuis un an et demi. Mais il y a des situations plus difficiles à vivre que celle-là : il vaut mieux avoir deux clubs qui vous veulent, que pas du tout « . Mais lorsqu’on commence la saison à Mouscron sur le banc et que Mons revient en D1, des souvenirs réapparaissent.  » C’est sûr, j’ai parfois regardé qui jouait sur le flanc droit à Mons. Mais je reste confiant : de cinq minutes de jeu, je suis passé à dix minutes, puis à quinze. Et samedi, j’ai commencé. Je travaille bien à l’entraînement. Je suis convaincu d’avoir les capacités de m’imposer en D1 et je le démontrerai. E, attendant, je ne me plains pas. On a un chouette groupe, on travaille bien avec Gil Vandenbrouck et j’ai été agréablement surpris par l’ambiance. Lorsque je venais voir des matches, la saison dernière, j’avais l’impression que c’était un carnage : c’était chacun pour soi, et lorsque je comparais cela avec ce que je vivais à Mons, où l’on sortait tous ensemble après les matches, je me disais que j’avais bien de la chance. Mais, cette saison à Mouscron, c’est bien mieux que ce que je craignais. Le groupe a bien évolué, chacun se met désormais au service de la collectivité. Cela dit, si un jour je devais repartir, même en D2, je repartirais. Je n’ai plus qu’une saison de contrat, assortie d’une année d’option. Pour moi, c’est important de jouer. Lorsque je joue, la confiance est là et elle ne part plus. Par contre, si je ne joue pas pendant deux ou trois mois, j’ai tendance à douter assez facilement « .

Plus cool

Philippe Saint-Jean disait parfois de Chantry qu’il était trop intelligent car il… réfléchissait trop.  » Un moment, effectivement, c’était mon problème. Je me posais trop de questions et je stressais. J’ai toujours envie que tout se passe bien, qu’on prenne son pied sur le terrain, et lorsque cela se passait différemment, je réagissais de façon émotionnelle. Je devais apprendre à vivre les événements de manière plus cool. Je crois, aujourd’hui, avoir compris qu’on je jouera pas mieux en essayant de forcer les choses. Il faut, au contraire, se libérer. Arriver à jouer comme on le faisait dans la cour de récréation, à dix ans. De ce point de vue-là aussi, Mons m’a aidé. J’ai compris qu’il fallait, certes, travailler consciencieusement, mais pas nécessairement travailler trois heures lorsque deux heures suffisent. J’apprends aussi beaucoup au contact d’ AlexandreTeklak. J’adore converser avec lui. Il est passé par les mêmes états d’âme que moi, et aujourd’hui, avec tout ce qu’il a vécu, il voit l’existence avec beaucoup plus de calme et de recul « .

Bastien n’hésite pas à comparer José Riga et Gil Vandenbrouck.  » Ce sont deux hommes différents, mais ils ont aussi des points communs. Ils ont tous les deux été adjoints et profitent aujourd’hui de l’expérience acquise auprès des mentors qu’ils ont côtoyés. Ce sont aussi deux personnes justes, que j’apprécie énormément. A ceux qui affirment que ces gens-là sont rares dans le milieu du football, je peux répondre que j’en ai au moins rencontré deux. Mais au niveau du caractère, ils sont différents. Gil a une relation plus professionnelle avec ses joueurs alors que José parle à ses joueurs comme à des copains. Riga donne confiance à ses joueurs et attend en retour qu’ils la lui rendent. Vandenbrouck est plus carré : il n’hésite pas à faire des choix, en fonction des matches, du contexte ou des joueurs dont il dispose, et agit moins sur une relation de long terme. Les entraînements sont beaucoup plus durs à Mouscron qu’à Mons. Physiquement, ils sont beaucoup plus intensifs. Mais bon : lorsque j’étais à Mons, c’était la D2. Ceci explique peut-être cela « . Bastien a souvent été sujet aux crampes.  » C’était un problème depuis quatre ou cinq ans. Il fut un moment où, systématiquement, mes jambes me lâchaient après une heure de jeu. J’ai fait des recherches pour trouver l’origine de ce phénomène. Aujourd’hui, j’ai trouvé un bon équilibre avec quelques compléments alimentaires et un travail de musculation plus poussé. Récemment, j’ai consulté le médecin sportif d’Alexandre Teklak à Liège. J’attends encore les résultats des analyses de sang et d’urine, mais il m’a déjà prescrit des vitamines et j’en ressens des effets positifs. Lors du match amical contre Reims, j’ai tenu 75 minutes sans ressentir aucune contracture musculaire. La place de milieu droit exige énormément de capacités physiques, davantage encore qu’à l’arrière droit, où j’ai parfois joué à Mons. Pourtant, j’adore cette place de milieu droit. On y participe à tout : aux tâches offensives, aux tâches défensives. Je dois encore progresser dans certains domaines, mais si j’arrive physiquement à tenir un match complet, cette place est faite pour moi « .

Nelson Monfort

Bastien a fait deux années d’études supérieures et aurait pu aller plus loin si un premier contrat de footballeur professionnel ne l’avait pas attendu.  » Si je n’étais pas devenu footballeur, je pense que j’aurais travaillé dans le commerce international. J’aurais peut-être, aussi, créé ma propre entreprise. Mais, dans tous les cas, j’aurais utilisé les langues. J’ai toujours adoré les langues. S’il n’y avait pas eu le football, je pense que je serais parti en Angleterre afin de devenir parfaitement bilingue. J’aurais aussi perfectionné mon néerlandais. Certains, dans le vestiaire, m’ont surnommé NelsonMonfort. J’adore la musique aussi. Mais lorsque je chante en anglais, je prononce les mots correctement, alors que pour d’autres, les paroles n’ont aucune importance. Enfin, j’adore la gastronomie. Plus je grandis, plus je me rends compte des choses qui sont importantes pour moi : la famille, la tranquillité. Je suis prêt à donner énormément pour pouvoir faire ce que j’aime. Et j’y arriverai. Personne ne me mettra des bâtons dans les roues. Sinon, je les casserai. Les bâtons, évidemment, pas les personnes, car je suis quelqu’un de foncièrement gentil. Je ne sais pas si je suis plus intellectuel que d’autres footballeurs. Ce qui est sûr, c’est que j’ai d’autres ambitions et que le football ne sera pas toute ma vie. SteveDugardein me dit parfois que je suis trop naïf. C’est faux : je sais très bien ce que je veux, je suis ambitieux et je n’ai aucun complexe. J’ai encore beaucoup à apprendre, dans tous les domaines, mais je sais aussi que j’ai des atouts et qu’on ne me marchera pas sur les pieds « .

Deux clubs tournaisiens

Bastien est apparenté aux Chantry qui ont fait les beaux jours du RC Tournai, autrefois.  » RenéChantry est le frère de mon grand-père paternel, alors que MarcoChantry est le cousin de mon papa. Je suis trop jeune pour les avoir vu jouer. Je sais simplement que leur nom était associé au RC Tournai. Et moi, comme le stade était plus proche du domicile familial, on m’a inscrit à… l’US Tournai. Avant que je passe tout de même au Racing, pour une saison. J’ai donc connu les deux clubs tournaisiens avant la fusion. Puis, l’épopée mouscronnoise a commencé. Je suis parti au Futurosport. Mes parents m’ont dit : – Situveuxjoueraufootball, tuétudierasaussi ! J’ai donc étudié, parce que je voulais jouer au football coûte que coûte. C’était le bon temps. Ce qui m’a un peu déçu, au décompte final, c’est que Mouscron a beaucoup investi dans le Futurosport mais n’a que rarement accordé sa confiance aux jeunes qui en sortaient. Le club vantait son produit au monde extérieur mais n’en montrait pas les bénéfices au plus haut niveau. Il y avait, pourtant, de la qualité. Je pense à des gars comme TitiCoulibaly ou Jonathan Blondel, même si son cas est différent. Le club aurait dû les garder. D’un autre côté : je dois remercier ceux qui ont jugé qu’il valait mieux me prêter la saison dernière, car j’étais enraciné à Mouscron. A l’heure qu’il est, après ce que j’ai vécu à Mons, je n’éprouverais plus autant de peine à m’expatrier « .

DANIEL DEVOS

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