Mons et Charleroi : les  » Petits Riens  » de la L2 française

L’heure de la fermeture du marché des transferts approche à grands pas. Chaque année, on constate que la D1 belge ressemble à un des magasins du monde d’Oxfam. Cet immense brassage a souvent permis aux grands clubs de se distinguer sur les scènes internationales. Sans apports néerlandais, principalement, nordiques, français, slaves ou africains, Anderlecht, le Standard, le Club Bruges, Malines et l’Antwerp n’auraient jamais atteint une ou plusieurs finales européennes. A ce jeu-là, hélas, des institutions de la D1, et des cercles moins en vue, sont devenues des boutiques de seconde main, des  » Petits Riens  » de la L2 française dans le cas de Mons et de Charleroi. Attention, chaque année, des mannequins rendent hommage à l’AbbéFroidure, véritable Abbé Pierre belge, en défilant avec des vêtements dépareillés, magnifiquement recyclés par de grands couturiers. Un peu à l’image de cet exemple, notre D1 a été le premier grand  » catwalk  » de gars bien formés mais ignorés en France : Jean-Pierre Papin, Jérémy Perbet, William Vainqueur, Michaël Ciani, Christian Negouai, Ali Lukunku, Frédéric Bulot, Bertrand Laquait, Benjamin Nicaise, Wilfried Dalmat, etc.

Cette recherche a ses limites quand elle sert de cosmétique pour cacher de gros manquements dans la politique de nos clubs, Charleroi et Mons en l’occurrence. Il y a trois ans, les Dragons ont pris l’ascenseur pour la D2 à cause, essentiellement, d’un vestiaire rendu ingérable par plusieurs footballeurs français. L’Albert a alors changé son fusil d’épaule et recruté du talent d’ici et des joueurs flamands, habitués de la D1, ponctuels, travailleurs, disciplinés. Et la formule, dont Dimitri Mbuyu était fier, à juste titre, fut couronnée par un retour parmi l’élite, et une excellente saison 2012-13. Le président Dominique Leone, disait-on, avait compris. Un an plus tard, au regard de sa  » nouvelle  » politique des transferts, des doutes refont surface : pourquoi en revient-il à des recettes qui ont suscité tant de problèmes ?

Mbuyu se défend, (voir page 14), mais les faits sont ce qu’ils sont : en panique avec la lanterne rouge, l’Albert a refait ses courses en cette fin septembre (Richard Soumah, Steve Leo Beleck, Cristophe Diandy, Harry Novillo), se contredit, cède à une facilité dangereuse. Cet arrivage ne l’arrimera pas à son univers régional et au rôle qui doit être le sien en D1. Plongé dans le court terme, Mons ne survivra pas à long terme en misant trop sur les  » Petits Riens  » du football français. En neuf ans de présence en D1, les Dragons n’ont réussi à placer qu’un seul de leurs joueurs en équipe nationale : Cédric Roussel a joué 10 minutes avec les Diables Rouges en Algérie le 12 février 2003. Mons ne peut pas collectionner 101 internationaux belges, comme Anderlecht, mais c’est un signe : ce club ne mise pas assez sur le talent hennuyer et la formation. Mons doit recruter en D2, en D3, en Promotion : si des clubs de ce format-là n’y pensent pas, qui le fera ?

Le constat est le même pour Charleroi. Depuis 2000 jusqu’à nos jours, 13 ans de domination Bayat (Abbas, Mogi, Mehdi), Charleroi n’a plus délégué un seul des siens en équipe nationale Rudi Smidts fut le dernier le 11 octobre 1997 contre le Pays de Galles. Là aussi, c’est un constat d’échec pour le second club de Wallonie, la preuve que le Mambourg n’est qu’une gare de triage. Et, comme à Mons, on n’y cultive plus le talent régional. A Anderlecht, les Zèbres ont aligné sept joueurs formés en France : Parfait Mandanda, David Pollet, Steeven Willems, Francis N’Ganga, Mourad Satli, Damien Marcq, Harlem Gnoheré. Les temps ont changé mais Jean-PaulSpaute, lui, ne confiait pas ses achats à un agent de joueurs, suivait tous les week-ends des matches de jeunes, de D3, de Promotion, y recruta pour rien les DanteBrogno, Olivier Suray, Roch Gérard, Rudy Moury, Fabrice Silvagni, Philippe Albert, Daniel Van Buyten, Eric Van Meir, etc. Certains sont devenus internationaux. En 1993, ces enfants du Mambourg ont pris trois fois la mesure d’Anderlecht : il y a aussi des  » Petits Riens  » intéressants en Belgique.

PAR PIERRE BILIC

 » Un seul Dragon a été Diable Rouge et le dernier international de Charleroi remonte à 1997. « 

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