« Mons c’est Mouscron »

Pour le feu follet des Dragons, l’Albert présente bon nombre de similitudes avec son ancien club, Mouscron.

Victime d’une rupture des ligaments croisé et interne ainsi que d’une lésion méniscale au genou droit l’automne passé, Pascal De Vreese (30 ans) aurait dû, en principe, voir sa saison 2002-03 s’en aller complètement à vau-l’eau. Avec près de trois mois d’avance sur les prévisions les plus optimistes, l’attaquant des Dragons a retrouvé pour la première fois une place de titulaire, en équipe fanion, à l’occasion de la visite de Malines.

« Je ne suis évidemment pas mécontent d’avoir déjoué tous les pronostics quant à la date de mon retour sur les terrains », observe-t-il. « Mais ma plus grande satisfaction, durant cette campagne, n’en reste pas moins d’avoir fait mes preuves aux yeux de l’entraîneur, Marc Grosjean. L’été dernier, je ne constituais manifestement pas une priorité, pour lui. Lors de la période de préparation, je n’avais eu droit, en tout et pour tout, qu’à 45 petites minutes de jeu contre Bas-Oha. A force d’obstination et de persévérance, j’étais parvenu à infléchir cette tendance au fil des semaines, au point de m’ériger en valeur sûre dès la deuxième journée du championnat. Ma grave blessure, encourue à Mouscron, a stoppé net mon élan. Mais pour malencontreuse qu’elle fût, je me console en me disant qu’à ce stade de la compétition, j’avais déjà eu l’occasion de prouver au coach qu’il allait devoir composer avec moi cette année. A présent, je compte pleinement mettre à profit les quelques rendez-vous restants pour prouver mon utilité en fonction des mois à venir. Car après avoir vu l’équipe briller de mille feux depuis la tribune, j’ai à coeur de me signaler entre les lignes dans le futur ».

Décompression

D’autant plus qu’après avoir profité pleinement de l’effet de surprise à la faveur de sa prise de connaissance parmi l’élite, la suite des opérations devrait être logiquement plus ardue pour l’Albert. On en a d’ailleurs eu un aperçu ces derniers temps, avec des Dragons nettement moins sémillants qu’au premier tour, à l’époque où le Stade Tondreau ressemblait à s’y méprendre à un bastion inexpugnable.

« Je me doutais fort bien que Mons ne serait pas un oiseau pour le chat, contrairement à bon nombre d’autres montants au préalable », précise Pascal De Vreese. « Pour ce faire, le club disposait tout simplement d’un trop bon effectif en D2, enrichi de surcroît par la venue de plusieurs joueurs hors pair comme Eric Joly, Olivier Suray, Liviu Ciobotariu et, surtout, Cédric Roussel. Au cours de ma carrière, j’avais souvent été associé à une tour. Ce fut le cas avec Piet Verschelde chez les Hurlus ou Tomasz Herman à Turnhout. Par rapport à eux, Ced excipait d’un plus, en ce sens qu’il s’était forgé une expérience précieuse au contact du football anglais. A mes yeux, notre association aurait pu être prometteuse, si le destin n’en avait pas décidé autrement pour moi. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Claude-Arnaud Rivenet et Jean-Pierre La Placa, principalement, ont profité de sa présence pour s’affirmer. Depuis quelque temps, l’équipe peine un peu plus, c’est vrai. A mes yeux, elle est tout simplement sujette à un phénomène de décompression. Dans la mesure où le maintien est assuré, certains ne se subliment peut-être plus de la même façon qu’avant. Ayant faim de football moi-même après tous ces mois de disette, j’espère que ma propre envie leur conférera une nouvelle vigueur. Il serait dommage de finir la saison en roue libre, sur une impression mitigée, après avoir été loué à juste titre pour la fraîcheur et la qualité du football dispensé pendant les trois quarts de l’année ».

Chouchou

Chez les Dragons, Pascal De Vreese en est à sa deuxième grande aventure dans un club francophone. Auparavant, de 1993 à 1995, il avait défendu les couleurs de Mouscron. Non sans succès, au demeurant, puisqu’il avait été désigné Révélation de D2, par la firme Panini. Dix ans après, le Flandrien discerne pas mal de points communs entre les deux entités.

« Le Mons d’aujourd’hui me fait irrésistiblement penser au Mouscron de mes débuts », dit-il. « Mêmes couleurs, même trajectoire sportive, même enthousiasme. Et, ce qui ne gâte rien pour moi, même cote auprès du public. Franchement, je ne comprends pas ce qui a toujours poussé les supporters à me considérer comme leur chouchou. C’était déjà le cas au Canonnier et il n’en va pas autrement, à présent, à l’Albert. L’explication vaut ce qu’elle vaut mais j’ai le sentiment que les Wallons apprécient, manifestement, qu’un Flamand mouille son maillot pour eux. Ce qui vaut pour moi était déjà d’application, à l’Excel, pour Piet Verschelde, par exemple. Et ici, à Mons, l’autre néerlandophone de l’équipe, Kris Van de Putte, n’a jamais eu qu’à se louer de l’attitude extra des supporters à son égard. Personnellement, leur soutien m’a procuré des ailes lors de ma revalidation. Des messages de sympathie, j’en ai réceptionné des dizaines pendant cette période. Au moment de reprendre le collier pour la première fois, avec les Réserves, contre Charleroi, une bonne vingtaine de membres du kop avaient répondu présents. Une telle ferveur fait chaud au coeur. Et elle me donne bien sûr envie de me défoncer plus pour ce club ».

Garder Roussel

Pascal De Vreese, qui a encore un contrat jusqu’en juin 2004, est conscient que les mois à venir seront difficiles, tant il est souvent plus dur de confirmer au plus haut niveau que d’y parvenir. Pourtant, il se fait fort que Mons a bel et bien sa place au plus haut niveau, à condition que ses dirigeants se donnent toujours les moyens de leurs ambitions la saison prochaine.

« Il n’y a pas de secret: pour vivre une saison sans anicroches, le club se doit à tout le moins de conserver ce qui est bon », souligne-t-il. « A cet égard, je pense évidemment en tout premier lieu à Roussel. Ced a eu quelques mots durs, ces derniers temps, en raison d’une moindre passe sur le terrain. Moi-même, j’espère pouvoir le convaincre de continuer sa route en ma compagnie. Pour moi, il est le partenaire d’attaque idéal. Et je crois que moi aussi, dans une certaine mesure, je peux lui être d’un apport utile. Par rapport à tous ceux qui l’ont secondé, en cours de saison, je présente quand même l’avantage d’être un attaquant de formation, orienté naturellement vers l’offensive alors que les autres agissent davantage comme des médians. Une chose est sûre: s’il venait à nous quitter, il faudrait le remplacer par un forward tout aussi performant. Et c’est sûr que les éléments de cette trempe ne courent pas les rues. Dès lors, j’espère que la direction mettra tout en oeuvre pour le garder. S’il en est ainsi, personne ne s’en plaindra. Et sûrement pas moi. A près de 31 ans, je veux prouver que j’ai encore un beau rôle à jouer ici. Avec un nouveau genou, encore plus solide qu’avant, les plus beaux espoirs me sont désormais permis ».

Bruno Govers

« Il serait dommage de finir la saison en roue libre »

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