Mondialisation à l’anglaise

Le Sud-Ouest de l’Angleterre et un des plus fervents publics anglais revit cette saison. Au St Mary’s stadium de Southampton, on profite pleinement de ce début de campagne qui a calé les hommes de Mauricio Pochettino dans le sillage des grandes écuries. Les Saints sont les seuls intrus parmi les huit premiers et leur jeu enchante toute l’Angleterre, un an seulement après avoir retrouvé l’élite. Cependant, on ne peut pas non plus parler de surprise, Southampton ayant dépensé 44 millions d’euros sur le marché des transferts, attirant notamment Victor Wanyama (Celtic), Pablo Osvaldo (AS Roma) ou Dejan Lovren (Lyon).

Tout a débuté en 2009 lorsque le financier germano-suisse, Markus Liebherr est arrivé pour sauver ce club proche de la faillite et qui végétait en League One (D3). En quatre ans, les Sudistes vont réussir à rallier l’élite et à s’y maintenir, tout en conservant la même colonne vertébrale. Le capitaine Adam Lallana (25 ans !), le buteur Rickie Lambert ou le défenseur portugais José Fonte ont tous connus la League One et sont toujours des éléments moteurs aujourd’hui. Malheureusement, le mécène n’a pas pu goûter au succès, décédant en 2010 et c’est aujourd’hui sa fille, Katharina, qui poursuit l’oeuvre de son père.

Pourtant, cette transformation, due principalement à l’arrivée de l’ancien entraîneur de l’Espanyol Barcelone, n’a pas coulé de source. La presse et l’opinion publique anglaise se sont déchaînées sur le club lorsque, le 18 janvier 2013, celui-ci a décidé de limoger son entraîneur, Nigel Adkins, responsable des deux montées successives et qui laissait son équipe hors de la zone rouge, à la 15e place. Le geste n’avait pas du tout été compris et Adkins avait même été défendu par sir Alex Ferguson. Il faut dire que Southampton restait sur une victoire à Aston Villa et un partage à Chelsea !  » La décision a paru dure mais il s’agissait de la bonne « , se défend aujourd’hui le président Nicola Cortese, ancien banquier italien travaillant en Suisse, et catapulté à la présidence par la famille Liebherr.  » Je ne veux pas attendre de perdre cinq matches d’affilée avant de décider de limoger mon entraîneur.  » Cortese a la réputation d’un businessman froid et sans pitié mais qui a une vision ambitieuse et respectueuse des traditions de son club. Il s’est mis à dos certains glorieux anciens comme Matt Le Tissier ( » C’est un être humain pitoyable « ), en stoppant notamment la distribution de places gratuites, mais il assume tous ses actes.

C’est lui qui est allé chercher Pochettino, aujourd’hui loué dans toute la presse anglaise. Par rapport à l’aire Adkins, l’ancien défenseur du PSG a verrouillé les portes derrière. Avec l’AS Roma et Lille, Southampton est une des meilleures forteresses européennes. La saison passée, après neuf rencontres, les Saints avaient encaissé 26 buts. Cette année, l’arrière-garde commandée par l’ancien gardien polonais du Celtic, Artur Boruc, n’en a pris que trois !

La philosophie de Pochettino se veut un mélange de l’école espagnole (organisation défensive, possession de balle) et de la tradition anglaise. L’assise de l’équipe est anglaise et Pochettino veut faire de l’Académie (qui a récemment sorti Théo Walcott, Gareth Bale et Alex Oxlade-Chamberlain) un élément essentiel du développement du club. Et cela fonctionne : dans l’équipe actuelle, trois joueurs de 18 ans bourrés de talent ont déjà attiré l’attention : le back gauche, Luke Shaw, le médian Calum Chambers et l’ailier James Ward-Prowse. Comme quoi on peut avoir un propriétaire étranger, un président étranger et veiller au futur des talents anglais !

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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