Mon pari perdu avec Eric Gerets

Il y a tout juste 20 ans, les Diables Rouges s’apprêtaient à disputer, aux Etats-Unis, une 4e phase finale de Coupe du Monde d’affilée, eux qui avaient déjà été de la revue en Espagne (1982), au Mexique (1986) ainsi qu’en Italie (1990). Afin de jauger les possibilités d’un team articulé autour de figures marquantes comme Philippe Albert, Enzo Scifo, MarcDegryse ou encore Luc Nilis, mon collègue Frank Buyse et moi avions eu l’idée de réunir deux monstres sacrés du football belge : Wilfried Van Moer, qui avait participé à l’apothéose du Mondial en 1970 et 82, et Eric Gerets, celui-là même qui avait été capitaine de notre équipe nationale en 1986. Après leur carrière de joueur, tous deux s’étaient lancés dans le coaching. Kitchie était alors actif à Assent, tandis que le Lion de Rekem, lui, venait d’entrer dans la corporation au FC Liégeois.

Le duo ne s’était plus vu depuis un bon bout de temps, à cette époque, et Van Moer, pour les besoins de l’entretien, eut la gentillesse de nous inviter tous chez lui, dans la jolie fermette qu’il possède dans le Limbourg. Et comme il s’agissait d’une première visite pour tout le monde, il n’hésita pas à déboucher le champagne. Après l’interview, qui s’était déroulée dans la bonne humeur, comme chacun s’en sera douté, notre hôte proposa de poursuivre la soirée autour d’une bonne table du coin. Entrée, plat, dessert. Et, après coup encore, quelques verres de l’amitié dans une taverne locale. Vous aurez compris qu’indépendamment de nos Diables, il fut également question du football tout court et de la carrière respective de nos allocutaires.

Van Moer, qui était passé, comme coach, par Saint-Trond précédemment, avoua à cette occasion que son rêve était davantage l’équipe nationale qu’une formation de club. Il ne pouvait évidemment pas se douter que quelques mois plus tard, il officierait comme adjoint de Paul Van Himst à la tête de notre sélection représentative. Gerets, lui, estimait qu’il était bien trop tôt, pour lui, pour songer au poste de fédéral. Il éprouvait encore le besoin de se retrouver journellement sur le terrain et non quelques fois par an. Entre deux baileys, je fis le pari avec lui qu’endéans les 10 ans, il allait entraîner Anderlecht. Cette bouteille de champagne, je la lui dois toujours. Il est vrai qu’il eût été plus facile de la lui remettre au Sporting qu’à Wolfsbourg, Galatasaray, Marseille, Al Hilal ou Al Lehkwyia où il est passé après la date-butoir de 2004…

PAR BRUNO GOVERS

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