» Mon fils, la Coupe et deux gin-fizz le même jour « 

 » En fin de saison, on attend la finale de la Coupe de Belgique avec impatience. J’imagine que c’est certainement le cas des deux prochains finalistes, Gand et le Cercle Bruges. J’ai eu la chance de gagner trois finales et je songe surtout à celle du 26 mai 1965, la première de l’histoire des Mauves. S’il y a une journée spéciale dans ma carrière, c’est bien celle-là. Je ne l’oublierai jamais. Mon fils Stéphane est né à 6 h du matin. J’ai passé la nuit auprès de ma femme. Après la naissance, j’ai rejoint mes équipiers qui étaient au vert à Huizingen où ils préparaient la finale contre le Standard. Même si je n’avais pas fermé l’£il depuis plus de 24 heures, je ne me suis pas reposé avant le coup d’envoi de cette rencontre arbitrée par Frans Geluck. J’étais à la fois fier, ému et survolté. J’ai joué un des meilleurs matches de ma carrière lors de cette dixième édition de la finale de la Coupe de Belgique.

Champions, nous visions le doublé face à un Standard qui avait du répondant. Anderlecht l’emporta 3-2 après prolongations. Wilfried Puis marqua un but (29e minute) mais on a aussi retenu le doublé des deux stars de l’époque : Paul Van Himst (17e et 112e) et Roger Claessen (27e et 51e). L’histoire se souvient de l’exclusion de Claessen à la 94e. Notre gardien de but, Jean Trappeniers repoussa un coup franc d’ Istvan Stany sous la transversale. Le ballon a-t-il rebondi derrière la ligne ou pas ? Claessen fut formel : – But ! Comme Geluck ne l’accorda pas, Roger se rua vers le juge de touche ( Van Helmont) qui signala que le ballon n’avait pas franchi la ligne. Cela donna lieu à une des plus célèbres exclusions de l’histoire du foot belge. Le juge de ligne a prétendu que l’attaquant liégeois lui avait décoché un coup de pied. Claessen nia toujours avoir touché Van Helmont.

Selon lui, il n’aurait même pas eu le temps de lui dire sa façon de penser. Je n’ai rien vu et, fatigué, je n’attendais qu’une chose : la fin du match. Roger fut renvoyé au vestiaire et cela facilita notre succès. Il y eut beaucoup de remous autour de ces événements de fin de match. Mon ami Claessen fut suspendu neuf mois, peine ramenée à sept mois en appel. Le soir, nous avons fêté notre victoire dans un établissement de la Porte de Namur. Comme j’étais un peu flagada, Jean Plaskie me conseilla de commander un gin-fizz pour me remettre. J’en ai dégusté deux. Comme je ne buvais jamais une goutte d’alcool, cela m’a assommé. Je ne saurais jamais comment s’est achevé ce 26 mai 1965…  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

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