» Mon agent est juif « 

Les faits divers c’est terminé : l’ex-médian défensif des Loups est de retour sur le terrain.

Il y a un an, le médian Rachid Belabed avait été viré de La Louvière pour avoir asséné des coups à Claude Moniquet, directeur du centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité, suite à une émission télévisée. Depuis, le joueur a évidemment tenté de retrouver un employeur et ce ne fut guère aisé… Mais en ce début de saison, Eupen et son entraîneur, Marc Grosjean, se sont présentés et Belabed a été engagé. Le club frontalier a bien débuté la saison.

Rachid Belabed : Notre groupe est extrêmement soudé. On est également très compacts sur le terrain, ce qui laisse peu d’espaces. L’ambiance est excellente. Les bonnes performances d’Eupen sont évidemment aussi dues à Marc Grosjean. En réalité, nous n’avons pas d’objectif précis. On va aborder match par match, tout en essayant d’engranger un maximum de points. On ne peut déjà s’avancer sur une quelconque position au classement. C’est beaucoup trop tôt. On verra après la première tranche et on va tout faire pour rester le plus haut possible au classement.

Comment votre transfert s’est-il réalisé ?

Mon agent, Jacques Lichtenstein, m’a averti du fait que je pouvais participer à un match amical avec le club frontalier. Je connaissais Marc Grosjean de son époque au RWDM quand j’étais chez les jeunes. Cela a facilité mon arrivée et j’ai donc livré une assez bonne prestation. Le transfert a été conclu fin août. A l’époque, j’étais aussi en contact avec quelques équipes algériennes. Mais mon transfert a été empêché par le fait qu’il existe une loi en Algérie selon laquelle il faut être international pour pouvoir y évoluer. J’avais également effectué un stage en Israël à Hapoel Haïfa. Celui-ci s’était avéré positif mais pour des raisons que j’ignore, tout a capoté. En définitive, je suis très heureux d’avoir abouti à Eupen.

Quel a été votre quotidien depuis votre licenciement à La Louvière ?

C’était très difficile. J’étais perpétuellement dans l’attente d’un club. En plus, je m’étais fait opérer à la cheville, ce qui n’a pas arrangé les choses pour retrouver un club. Désormais, je souhaite tourner la page. J’ai eu la chance qu’Eupen s’intéresse à moi. Grosjean me sauve. De plus, il connaît mes qualités et mes défauts. Ma famille m’a beaucoup aidé dans les moments difficiles. Dans pareille situation, on ne peut compter que sur elle et sur Dieu. Je devais patienter car je n’avais pas d’autre choix que de reprendre le foot. Je n’ai aucun diplôme car j’ai tout sacrifié pour ma passion. Il m’était aussi impossible d’imaginer que je ne rejouerais jamais à un niveau acceptable. Mon père et ma mère étaient à tout moment à mes côtés. Je les en remercie immensément. Sans eux, je n’aurais peut-être pas trouvé la force de me battre pour revenir.

 » J’ai tourné la page  »

Comment expliquez-vous aujourd’hui le comportement impulsif que vous avez eu à l’égard de Moniquet ?

Je suis désolé mais je me répète : la page est définitivement tournée ! Je n’avais jamais eu de problèmes précédemment. La période qui vient de s’écouler et cet événement m’ont causé beaucoup de tort. Je regrette évidemment… Je vais bientôt fêter mon 25e anniversaire et dorénavant je procéderai étape par étape. Je suis persuadé que je peux encore jouer une bonne dizaine d’années comme demi défensif. Quand j’observe les performances que livre Yves Vanderhaeghe à son âge, je ne peux qu’être encouragé à persévérer. Je veux aussi honorer ma famille. On a toujours été modeste et discret chez nous et je souhaite maintenant qu’elle soit fière de moi.

Est-il difficile d’être musulman par les temps qui courent ?

Je ne peux vraiment pas répondre à cette question. Ce n’est pas dans mes cordes. Il ne m’appartient pas à en juger. Je suis comme tout le monde et je respecte chaque personne, qu’elle soit juive, catholique ou musulmane. Je ne prends pas en considération la religion pour apprécier quelqu’un. Il ne faut pas oublier non plus que mon manager est d’origine juive et que cela ne me pose pas le moindre problème. C’est mon meilleur ami.

Comment avez-vous été accueilli à Eupen ?

Très bien ! De plus, je m’y suis domicilié. Comme en Ecosse, pays que j’ai connu lorsque j’évoluais à Aberdeen, les gens sont formidables et chaleureux ici. De plus, Michaël Goossens m’a beaucoup aidé quand je suis arrivé. Le club est très familial et cela me convient parfaitement : j’ai été remué par l’accueil des supporters. Le groupe de joueurs s’est aussi montré très accueillant. La direction n’a pas pris en compte mon passé au moment de m’enrôler. Je n’ai été confronté à aucun grief.

Avez-vous eu peur de ne jamais retrouver de club ?

Honnêtement, je connais mon niveau. Je savais que je n’avais pas déconné au point de me sortir du milieu du foot à tout jamais. J’avais la certitude de rejouer. Les contacts que j’ai eus en Algérie ou en Israël sont venus me conforter dans ma position. J’espère évidemment un jour parvenir à rejoindre le haut niveau. Beaucoup de gens m’attendent au tournant et je leur prouverai que je vaux quelque chose. Je ne suis rancunier envers personne. Même pas La Louvière ! Je leur souhaite d’ailleurs de quitter au plus vite les profondeurs du classement.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Je ne pense qu’à l’avenir proche. Je veux absolument remercier Eupen sur le terrain. Pour le moment, je ne suis monté que deux fois au jeu. J’ai éprouvé un plaisir immense de tâter à nouveau le terrain. J’ai vécu des moments très difficiles. Je n’avais plus joué depuis un an. J’espère dans les prochaines semaines augmenter mon temps de jeu. Dans un bon mois, je serai définitivement prêt.

Comment évolue Eupen tactiquement ?

On joue en 4-4-2. C’est un système qui nous convient très bien. La première fois que Grosjean m’a fait entrer, il m’a positionné à ma place habituelle, milieu défensif. La seconde fois, j’ai évolué en tant que flanc droit. Grosjean est quelqu’un de très présent. Il parle beaucoup avant chaque rencontre et tous les joueurs boivent littéralement ses paroles. Il a apporté du professionnalisme à Eupen et les joueurs sont très attentifs et veulent apprendre à chaque instant. On se donne à fond et j’ai déjà énormément appris. La D2 n’est pas une série à négliger. Elle peut constituer un excellent défi, même pour un joueur qui a déjà joué parmi l’élite. Il y a logiquement plus d’espace qu’en D1 et ça joue plus à l’anglaise, avec énormément de duels physiques.

TIM BAETE

GRÂCE à EUPEN ET GROSJEAN, IL VEUT IMITER VANDERHAEGHE

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