MOMENT SUPRÊME

Les premières finales européennes du troisième millénaire se sont toutes deux achevées sur le score inhabituel de 5-4. En Coupe UEFA, Liverpool a battu Alavés grâce à un golden goal d’un joueur ibérique contre son camp, dans la 27e minute des prolongations. En finale de la Ligue des Champions, Le Bayern Munich et Valence ont eu besoin d’environ 145 minutes de football et de 17 penalties pour arriver au même résultat. Dans les deux cas, le perdant était particulièrement abattu, estimant ne pas être vaincu sur sa vraie valeur. Chaque fois, on a remis en cause la formule – golden goal ou penalties. Depuis des années, la FIFA tente de trouver une solution aux rencontres qui s’achèvent sur un nul au terme du temps réglementaire. On a heureusement délaissé la formule la plus injuste -le toss– mais le problème demeure.

Le premier match décidé par un golden goal auquel nous ayions assisté opposait l’Irak à l’Arabie Saoudite en 1996, en finale du tournoi préolympique d’Asie, à Kuala Lumpur. L’immense stade était quasiment vide et lorsque les Saoudiens ont marqué, dans le courant de la première prolongation, un silence de mort s’est abattu sur l’arène. Les onze Irakiens, battus par leur ennemi héréditaire, s’étaient effondrés sur la pelouse, comme foudroyés. Jamais l’expression « mort subite » n’avait semblé plus appropriée.

Au Westfalenstadion de Dortmund, théâtre de la finale Liverpool-Alavés, l’ambiance était très différente, avec ces milliers d’Anglais. Mais l’épilogue du match était comparable à une mort subite pour les Espagnols. Quand Geli, une doublure, a dévié le ballon dans ses propres filets, alors que Herrera devait reprendre le cuir dans les airs, leur monde s’est effondré. C’était la deuxième gaffe du gardien ce soir-là, car il avait déjà provoqué un penalty inutile sur Owen. A trois minutes des tirs au but, il aurait dû signaler à ses coéquipiers que ce ballon ne pouvait lui échapper.

Peu de personnes préfèrent le golden goal aux penalties. Michel Platini est toutefois de ceux-là. Il déclare, avec philosophie, qu’il préfère qu’une équipe gagne en marquant plutôt qu’en profitant des erreurs adverses aux penalties. Il estime que la possibilité d’inscrire à tout moment des prolongations ce but en or incite les joueurs à prendre davantage d’initiatives offensives. Ce n’était certainement pas le cas à Bayern-Valence, comme dans beaucoup d’autres matches. Les joueurs appliquent les consignes de leur entraîneur jusqu’au bout.

Les chaînes de télévision ont constaté une nette augmentation de l’audimat au moment où on procède aux tirs au but. Parce que personne ne veut rater ce moment suprême, inégalable et si chargé en émotions. La lutte entre les deux gardiens et les joueurs de champ dure jusqu’au dernier moment. A chaque botté, les chances peuvent passer d’un camp à l’autre.

C’est également l’heure des gardiens, dont le rôle ne cesse de prendre de l’importance dans le football actuel. Raymond Goethals n’est pas le seul à affirmer qu’un match qui s’achève sur un score-fleuve n’est qu’une accumulation de fautes et d’erreurs. Tant des gardiens que des joueurs de champ. C’était en effet le cas de Liverpool-Alavés, contrairement à Bayern-Valence. A l’exception des ballons tirés de la ligne de penalty, le Croate Zahovic a obtenu une chance et demie, qu’il n’a pas concrétisée. Pas plus qu’il n’est parvenu à battre Oliver Kahn lors des penalties. Le portier a été élu homme du match et a reçu le trophée des mains de Pelé. C’était le choix le plus facile mais également le plus logique.

Mick Michels

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