» MOI, JE RESTE ! « 

Le médian bruxellois nous livre le meilleur de la première partie de saison.

La trêve est enfin arrivée. Certains devront encore en découdre, ce soir, en Coupe de Belgique. Pas le Brussels qui a préféré se focaliser sur un seul objectif : le championnat. Las de devoir lutter jusqu’aux dernières joutes pour continuer à goûter à l’ivresse de la D1 comme l’année dernière, les coalisés sont partis de loin. Sous la houlette d’ Albert Cartier, ils se sont érigés en bon élève de cette première partie de championnat. Sans flamber comme Zulte Waregem mais en capitalisant et en réalisant quelques coups d’éclat comme les partages contre Bruges et Anderlecht et la victoire face au Standard.

En cette période de fêtes, le capitaine des Bruxellois, Alan Haydock (29 ans), nous livre ses meilleures impressions. Une sorte de caviar du FC Brussels.

Son meilleur poste

 » Je me rappelle qu’on me disait à mes débuts que quand on avait envie de jouer au football, on pouvait le faire à toutes les places. En ce qui me concerne, je suis avant tout un récupérateur et je pense que j’excelle dans ce rôle. Je parle bien de la récupération, pas de la relance, hein ! Dans chaque équipe, il faut des bûcherons et des ébénistes. Moi, je fais partie de la première catégorie. Je ne vais pas regarder à quelques kilomètres près sur un terrain. C’est un rôle ingrat mais qui me plaît. Je suis d’origine anglaise et je m’y retrouve donc. J’ai eu la chance de débuter en 1re Provinciale et à ce niveau-là, tu apprends à encaisser les coups.

J’estime que pour marquer un but, il faut posséder le ballon. Et pour l’avoir, il faut le récupérer. Un beau tacle, cela équivaut pour moi à un but. Cela me procure autant de joie.

Le récupérateur moderne doit désormais être capable d’inscrire des buts, mais quand on évolue à deux au milieu, on ne peut pas aller tous les deux de l’avant. Moi, je préfère que ce soit Richard Culek qui y aille, il a le gabarit que je n’ai pas. Moi, j’ai davantage un réflexe tactique que les autres.

Contre Saint-Trond, j’ai joué au poste de stopper. C’était la première fois de ma carrière que j’entamais une rencontre en défense centrale. Ibrahim Kargbo m’a tout de suite donné confiance. J’avais quelques appréhensions mais je trouve que je m’en suis bien sorti. Par contre, je n’ai pas dû couvrir beaucoup de kilomètres et cela m’a manqué. J’ai toujours besoin de courir, d’être en mouvement. Comme défenseur, je devais davantage me concentrer et je crois ne pas avoir perdu beaucoup de duels. Malgré cela, je n’ai pas les réflexes d’un défenseur central. Je me suis découvert et je me dis, dans quelques années, pourquoi ne pas reculer à ce poste-là « .

Le meilleur milieu

 » A Chelsea, ils sont à trois au milieu et il y a une continuelle rotation entre les trois éléments. Je crois donc qu’au Brussels, il y a de la place pour Richard Culek, MarioEspartero et moi. Il y a moyen de s’y retrouver. Cependant, on ne va pas faire plaisir aux trois joueurs et modifier notre système si celui-ci fonctionne. Si le 4-4-2 rapporte des points…

Est-ce que j’estime que j’ai ma place dans ce milieu ? Je trouve que j’ai réalisé un très bon premier tour. A 29 ans, j’ai acquis de la maturité et de l’expérience. Je porte le brassard de capitaine et automatiquement, je me libère. Je prends conscience qu’à mon âge, je dois me faire plaisir. Ce sont des entraîneurs comme Emilio Ferrera et Albert Cartier qui m’ont apporté cette sérénité. Avant, on disait toujours : -Haydock, il récupère beaucoup de ballons, mais sa relance n’est pas terrible. Maintenant, je fais un meilleur usage du ballon.

Contre le Standard, Richard et moi, nous nous sommes retrouvés sur le banc. J’ai été fort surpris et déçu. Je ne m’y attendais pas du tout et je l’ai appris deux heures avant le coup de sifflet initial. Je me suis posé mille questions en me demandant ce que j’avais fait. J’ai revu tous les derniers matches dans ma tête. L’entraîneur m’a dit qu’il sentait qu’il devait changer quelque chose mais c’était quand même surprenant de nous avoir mis sur le banc tous les deux. On ne saura jamais si c’était l’option gagnante car je suis rentré assez vite au jeu après la blessure d’ Alexandre Clément. Kargbo a reculé d’un cran et j’ai pris place dans la ligne médiane. La victoire n’a pas effacé ce doute et je n’ai pas encore digéré la pilule. Ce choix a fait deux victimes et deux déçus. J’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’une sanction après l’élimination en Coupe mais si c’était pour nous faire souffler, pourquoi ne pas l’avoir fait face à Oud-Heverlee ? J’avais une revanche à prendre contre le Standard et notre stade était comble. Mon corps n’a jamais aussi bien récupéré que maintenant. Je suis bien physiquement et je n’éprouve pas le besoin de souffler. Je suis assez honnête quand cela arrive pour le signaler. Bon, c’est une parenthèse. La page est tournée et si je râle, c’est une preuve supplémentaire que je suis un battant. Quand je m’assieds sur le banc, je ne me sens pas très utile « .

Le meilleur système

 » Tout dépend de la forme du joueur. Pour le moment, c’est vrai que certains pions essentiels sont dans le creux. La trêve va faire du bien à des gens comme Igor De Camargo, Kristof Snelders ou Werry Sels. On a du mal à enchaîner les bonnes prestations. On manque de régularité. Cependant, ce n’est pas pour cette raison que le système est mauvais. Il a très bien fonctionné contre La Louvière et Anderlecht. Il n’y a qu’à Westerlo et chez nous, contre le Cercle, qu’il n’a pas été prépondérant.

C’est difficile de choisir entre le 4-4-2 et le 4-5-1 car on a obtenu de bons résultats avec les deux. Un jour, c’était De Camargo qui était en forme, un autre, c’était Michaël Niçoise et c’est en fonction de la forme des joueurs que l’on évolue avec telle ou telle variante. La seule constante réside dans le fait que l’on n’a jamais été disposé en fonction du jeu de l’adversaire. On se base sur une bonne organisation, un bon état d’esprit et un bon bloc difficile à faire bouger. Ce n’est pas pour rien que l’on est la quatrième défense de Belgique. On constitue un peu le Charleroi de l’année passée « .

Les meilleurs changements

 » On n’a finalement pas modifié grand-chose par rapport à la saison passée. On continue sur notre lancée. On est simplement, désormais, conscients de nos capacités. L’année dernière, on a connu une période de malchance et on accumulait les erreurs individuelles. A un certain moment, on se trouvait dans un cycle où chacun se disait : -Pourvu que ce ne soit pas moi qui commette une erreur aujourd’hui « .

Le meilleur match du Brussels

 » Je ne vais pas dire la victoire contre le Standard. On a gagné 3-1, on s’est montrés intelligents en pratiquant par contres mais je trouve que d’autres morceaux de rencontres étaient plus aboutis. Comme la première mi-temps face à Bruges ou le derby bruxellois « .

Son meilleur match personnel

 » En général, j’ai fourni du bon travail contre les grandes équipes mais c’est sans doute contre Anderlecht que j’ai évolué à mon meilleur niveau. Ce derby constitue un peu mon match de référence. Pour un tel événement, ce n’est pas très difficile de me motiver, d’autant plus que je suis bruxellois et que j’avais un penchant pour les Mauves dans mon enfance. Il s’agissait de mon dixième derby et ce fut peut-être le meilleur de ma carrière « .

Le meilleur transfert du Brussels

 » L’entraîneur. Avant qu’il n’arrive, on savait déjà que ce serait une réussite. J’avais reçu de nombreux échos positifs de La Louvière. J’ai directement téléphoné à Frédéric Tilmant qui a confirmé l’impression générale. Cela s’est vérifié dès le premier jour. Il est ici en Belgique pour bien travailler et pour progresser, et il s’agit d’un des éléments les plus recherchés actuellement en D1. Il aboutira un jour à Anderlecht ou au Standard. Cela ne s’est pas concrétisé l’année passée avec les Liégeois mais ce n’est que partie remise. Tout est une question de chaises musicales. On en parle à Lokeren depuis que l’on a commencé à parler du départ de Slavoljub Muslin mais je ne crois pas qu’il partira là-bas. S’il quitte le Brussels, ce sera pour une formation du Top 3.

Si je dois citer un joueur, je prendrais Kargbo. Ce n’est pas vraiment un transfert. C’est lui qui est venu se présenter au Brussels. Il s’agit d’un cadeau tombé du ciel, d’une chance unique. C’est une perle rare et un des meilleurs défenseurs que j’aie connus dans ma carrière. J’épingle Ibrahim mais je pourrais tout aussi bien nommer tous les autres transferts. Tout le monde s’est bien intégré. Le casting avait été très bien fait, contrairement à l’année dernière « .

Le meilleur joueur

 » Difficile à dire car ce qui fait notre force, c’est le collectif. Si De Camargo est présent à la conclusion, c’est parce qu’on fait tout pour qu’il soit performant. Si Steve Colpaert est en équipe nationale Espoirs, c’est parce que l’équipe fait tout pour qu’il soit mis en valeur « .

Le meilleur discours de Cartier

 » Je me rappelle un jour où il parlait devant le groupe et j’ai ressenti une émotion intense quand il disait qu’à cause de son âge, il ne pouvait plus jouer mais qu’il nous enviait et qu’il regrettait sa période de joueur. Plus d’un élément du noyau a eu un frisson lorsqu’il nous a raconté cela. Avant tous les matches, il arrive avec des citations ou des phrases qui marquent comme lorsqu’il nous a dit que Clément lui avait envoyé un SMS de soutien. Cartier a ajouté : -Même avec ses béquilles, il est avec nous. Ce sont des phrases qui sonnent juste « .

La meilleure gueulante présidentielle

 » Celle qui a eu le plus d’impact fut celle de l’année dernière après la défaite à Ostende. Il nous menaçait de ne pas payer les salaires, de nous jeter à la mer et de nous licencier. Il devait même tenir une conférence de presse dans sa friterie un vendredi soir. Le samedi, je recevais un coup de téléphone de Laurent Wuillot qui me demandait des nouvelles de cette conférence. Elle n’avait évidemment pas eu lieu. Ces coups de sang semblent spectaculaires mais il met tellement du sien qu’on peut le comprendre « .

Sa meilleure complicité

 » J’ai un super contact avec Albert Cartier, comme je n’en ai jamais eu auparavant. Je m’entendais bien avec Emilio Ferrera ou Ariel Jacobs mais ce n’était pas la même chose. Avec Cartier, il y a une vraie complicité. Il me demande mon avis, je lui donne mes idées. Cependant, je maintiens cette distance joueur/coach. Je vais plus facilement encore tutoyer le manager que l’entraîneur. Je croise encore René Vandereycken ou Jacobs mais je n’arrive pas à les tutoyer. J’ai trop de respect.

Ce qui fait l’entièreté de Cartier, c’est son aspect profondément humain. Il me parle de sa famille et n’hésite pas à me demander des nouvelles de la mienne. C’est sans doute ce qui fait la différence avec Ferrera, que j’appréciais pourtant beaucoup. Malgré tout, il reste un mystère pour moi. Moi, je n’ai pas besoin de compliments, d’attention, mais certains joueurs attendent cela et Ferrera ne va pas agir ainsi. Il pense que tous les joueurs sont capables de faire leur autocritique, et là, il se trompe. Pourtant, la plupart des éléments qu’il a eus sous ses ordres ne rechigneraient pas à retravailler avec lui. On a dit qu’il traitait mal ses hommes. C’est faux ! Ce sont davantage les personnes qui font partie de l’encadrement qui ont des difficultés avec lui. Pas les joueurs « .

Le meilleur classement envisageable

 » La huitième place, c’est une belle position et cela doit devenir un objectif. On sait que ce ne sera pas facile à tenir car certaines équipes vont se réveiller et prendre des points. Il va falloir passer un cap : défendre cette place et être performant chaque semaine. Il ne faut cependant pas rêver d’aller plus haut « .

La meilleure évolution envisageable

 » Le club doit rechercher la stabilité. Que ce soit au niveau sportif, commercial ou administratif. Malgré tout, on voit déjà que tous ces gens travaillent dans de meilleures conditions que l’année passée. Est-ce que ce projet se fera avec moi ? Oui. Actuellement, tout le monde part à l’étranger. Il y a des managers qui travaillent dans ce sens. Mais moi, je reste ! Je recherche avant tout une stabilité mentale et familiale. Ici, je suis chez moi. J’ai tout pour être heureux et dans mon élément. Je suis capitaine et je me plais bien « .

STÉPHANE VANDE VELDE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire