MOGI vs ROBERT

B eTv – prononcez bîtîvî – est un mot bizarre, qui me fait chaque fois penser à une saucisse davantage qu’à une chaîne TV, ce doit être à cause des Bifi des buvettes ! Je n’y suis pas abonné, je n’ai donc jamais suivi L’Europe des Onze et n’en ai jamais souffert, au contraire, ça laissait par semaine un jour de répit. Car le lundi était la seule soirée où il ne fallait pas se demander si quelque chose de footeux passait à la télé, c’était bien, ça permettait de déconnecter : un peu comme Dieu qui n’a rien foutu le septième jour, sauf qu’ici ce n’était pas le dimanche.

Mais maintenant c’est fichu, vu que la RTBF a confié à Benjamin Deceuninck ce Studio 1 du lundi en fin de soirée : si le jeune loup ertébéen arrive à relever le challenge de toujours interviewer franc battant plutôt que langue de bois, et s’il parvient malgré cela à recevoir régulièrement des gens qui l’ouvrent aussi grande que Mogi Bayat voici dix jours, ce sera difficile de ne pas jeter au moins un coup d’£il, chaque lundi sur La Une vers 22 h 30, pour voir ce qui s’y passe…

Attention, je n’ai pas dit que Mogi l’avait sans cesse ouverte gentiment ou intelligemment ! Je constate seulement qu’il a une grande bouche dont ne sortent pas que des footeuseries entendues mille fois, et que je dresse dès lors l’oreille un peu moins distraitement qu’à l’accoutumée. L’animal humain est ainsi fait, il aime entendre des potins vaches davantage qu’écouter l’ennui. Dans la salle d’attente du toubib, entre Gala et le journal des Mutualités Chrétiennes, tout le monde trouve que le premier est une bêtise en papier, mais peu d’entre nous feuillettent le second en attendant leur tour…

Or, des vacheries, Mogi sait en mugir ! Ainsi, quand Deceuninck lui tendit obligeamment la hache de guerre pour qu’il puisse l’enterrer concernant ses désaccords d’hier avec Robert Waseige, Mogi préféra la brandir en rallumant son regard de garnement, et en remit une couche question rodomontades ! C’était vache, mais ça a plu, les vacheries plaisent toujours aux tiers non concernés. Ça a plu, mais c’était totalement con et faux sur le fond : y’a pas que la provoc dans la vie, faut aussi remettre à l’heure les pendules que Mogi dérègle…

Quand le neveu d’ Abbas lâche que Waseige est le seul entraîneur d’Europe qui compte  » 800 matches de coaching en D1 et aucun palmarès « , il lâche l’envers de la vérité : Mogi n’a pas encore pigé qu’un vrai palmarès de coach, une carte de visite probante, c’est PRÉCISÉMENT une longévité ! Si Bayat Jr poussait le raisonnement (à condition qu’il raisonne parfois au lieu de chambrer), il en viendrait par exemple à affirmer que Félix Week, parce qu’il fut l’entraîneur du RWDM champion en 1975, possède de facto par ce biais un palmarès supérieur à celui de Waseige. Et ce serait faux. Avoir été un vrai coach, c’est avoir duré dans un contexte où la défenestration est la norme.

Mogi devrait savoir ça, vu que Tonton et lui ont déjà pas mal défenestré au Sporting avant de tomber sur Jacky Mathijssen ! Avoir comme Waseige presté une trentaine de saisons en n’ayant été viré que trois ou quatre fois est un exploit exceptionnel, qui ne doit rien ni à la valeur intrinsèque d’un noyau, ni au zeste de baraka qui accompagne tout titre obtenu. Waseige n’est sûrement pas parfait, mais faut bien expliquer à Mogi qu’un coach ne se juge pas définitivement sur quelques mois de vie commune, que ces mois aient été idylliques ou merdiques…

Ce soir-là, Mogi a aussi évoqué le but de François Sterchele, but qu’il a trouvé jouissif et intelligent : normal, il était du bon côté ! Moi, je dois lui confesser qu’en revoyant ce but loufoque, la chose qui me revient sans cesse à l’esprit, c’est que les Roulariens sont de bien braves gens pacifiques et sympas ! Car Mogi, un but pareil, si les Zèbres l’avaient chiqué plutôt que planté, qu’eusses-tu fait ? ! Eusses-tu geint, Mogi ?

Mon petit doigt ose penser qu’à tout le moins, Jean-Pierre Deprez aurait reçu mission d’éplucher images et règlements, afin d’être bien sûr qu’il n’y avait pas là matière à réclamation… Non ? T’aurais pas fait ça ? Bon. C’est que mon doigt se trompe. Tout le monde peut se tromper, Mogi Bayat…

par Bernard Jeunejean

EUSSES-TU GEINT, Mogi, si les Zèbres avaient chiqué le but de Sterchele plutôt que planté ?

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