MODERNE, LA MÉTHODE BRIO ?

A Mons, on s’entraîne à l’ancienne. Liverpool et la Juve ont d’autres programmes.

En décidant de se séparer de Marc Grosjean, le président DominiqueLeone a provoqué une véritable révolution de palais au RAEC. Mons, amplifiée par l’arrivée de Sergio Brio au poste de responsable sportif. Finalement, deux entraîneurs, le staff médical, le manager, le délégué : tous sont passés à la trappe en pleine saison.

Le choix du président de confier les destinées sportives du club à un étranger ne parlant pas du tout la langue de Molière peut surprendre. Demandez à Robert Waseige ce qu’il en pense, lui qui, de son propre aveu, éprouva les pires difficultés à transmettre son message aux joueurs du Sporting Portugal ; la présence d’interprètes à ses côtés n’ayant pas le même effet que le contact direct avec ses hommes.

Monsieur Leone reconnaît qu’il est finalement uniquement tombé sous le charme de la carrière de joueur et d’entraîneur adjoint de Sergio Brio car l’expérience de l’ancien défenseur de la Juve en tant que coach principal est inexistante.

Sergio Brio est arrivé à Mons avec des idées bien arrêtées quant à la gestion d’un groupe : discipline de fer, horaires modifiés avec une présence au stade beaucoup plus importante, entraînements plus longs, habitudes alimentaires chamboulées avec û notamment û un repas à base de protéines la veille du match !

Tous ces changements demandent évidemment une adaptation aussi bien physiologique que psychologique.

L’adaptation physiologique ne devrait pas poser de problèmes à partir du moment où les entraînements sont planifiés de manière intelligente (avec le vécu de Sergio Brio au top niveau, ça devrait se réaliser aisément).

Où je suis beaucoup plus sceptique, c’est du point de vue psychologique où une certaine lassitude pourrait s’installer sur le long terme. Les premières semaines, c’est original et tout ce qui est nouveau suscite de l’intérêt. Mais après ?

Le Standard de Tomislav Ivic, lors de son premier passage à Sclessin, avait connu un ras-le-bol de la part des joueurs. D’ailleurs, lors de son second bail à la tête des Rouches, le Croate avait revu son programme du noir au blanc car il s’était rendu compte que sa première approche n’avait pas du tout bien passé auprès des joueurs.

Certains se plaignaient de ne plus voir leurs enfants en bas âge, d’autres affrontaient les foudres de leur épouse peu habituée à ce type de programme. Enfin, les joueurs se lassaient de se côtoyer et de vivre en groupe du matin au soir. J’espère que cette lassitude ne se produira pas à Mons pour l’intérêt du club. Les sportifs de haut niveau ont besoin d’être bien dans leur tête pour prester.

Je voudrais aussi émettre une petite précision qui me semble primordiale quant à l’opinion générale des amateurs de football. Contrairement à certaines idées reçues, le programme concocté par Sergio Brio ne représente en rien la réalité des clubs du top européen. Liverpool ou la… Juventus, par exemple, ne s’entraîne jamais deux fois par jour. Les joueurs de la Juve arrivent un quart d’ heure avant le début de la séance s’ils le désirent et ils s’entraînent cinq fois par semaine. C’est tout à l’opposé de ce que pensent certains dirigeants souhaitant que les joueurs s’entraînent deux fois chaque jour.

Enfin, il faut savoir que le programme actuel de Mons est seulement encore utilisé par certains entraîneurs de l’ancienne génération tels GiovanniTrapattoni ou Ivic. De toute manière, comme d’habitude, ce sont les résultats qui décideront du bien-fondé de cette méthode ou non.

(P. Bilic)

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