Mister President ?

Le joker de Genk a fait la différence dans le match au titre. Mais qui est ce Nigérian de 20 ans ?

Un corner rapidement mené, à deux. Un centre millimétré de Daniel Töszer. Une tête reprise avec toute l’énergie du désespoir. La Cristal Arena qui explose et un buteur qui ne sait plus ce qui lui arrive, qui court vers le virage gauche, enlève son maillot, shoote dans le ballon et communie avec les supporters. Rien que pour ce but, Kennedy Nwanganga à peine rentré au jeu (bravo pour le coaching Frankie !) et dans la légende du Racing Genk en offrant au club limbourgeois son troisième titre de champion. Celui que certains journaux francophones ont appelé  » l’assassin du Standard  » s’est donc fait un prénom.  » Parfois, on m’appelle Mister President « , rigole-t-il en faisant référence à l’ancien président des Etats-Unis assassiné en 1963. Son prénom, il le tient de son père, attiré par les prénoms anglophones. Son frère s’appelle d’ailleurs Nelson et ses soeurs Grace, Promise et Victory.

Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai, lui qui avait déjà crucifié les Liégeois lors de la phase classique. Ce jour-là, le Racing était privé de ses forces vives en attaque et avait prouvé la richesse de son banc en dévoilant ce joueur nigérian de 20 ans, acheté dans les paysages gelés de Finlande.

Tout a débuté lors d’un banal match d’Europa League, le 29 juillet. Alors que la saison n’a pas vraiment débuté, Genk est déjà à pied d’£uvre sur le terrain européen face à Turku. Genk est impressionné par l’attaquant de son adversaire, l’Inter Turku. Il est Nigérian, a 20 ans, et évolue à Turku depuis février 2009. Avant cette date, une formation dans des clubs comme Enyimba International FC à Aba et Heartland FC d’Owerri avant quelques apparitions en première de NAF Rockets FC, club de l’aviation d’Abuja évoluant en D2. Avant ce départ pour le froid finlandais. En une nuit, il passe de 32° à -8°.  » Le froid m’a tétanisé. Je n’avais jamais joué dans la neige. Et j’ai connu pire puisque j’ai disputé des matches à -15 « , explique Kennedy Nwanganga.

 » Il s’est tout de suite adapté alors que ce n’était pas facile pour lui : arriver en janvier en Finlande alors que les nuits sont longues et qu’il fait très froid ! « , affirma son entraîneur à Turku, Job Dragtsma. En Veikkausliiga (le nom de la compétition finlandaise), il claque 8 goals en 43 matches. Pas détonnant mais assez pour attirer le regard de l’Inter Milan qui le jugea finalement encore un peu tendre.

En Finlande, on n’a eu qu’à se féliciter de la mentalité du jeune Nigérian : à l’écoute, pas du tout un arrogant. Un bon gars.  » En un an et demi chez nous, il a déjà beaucoup progressé « , affirmait Dragtsma en préambule à la rencontre d’Europa League.  » Il peut jouer en médian offensif ou sur le flanc droit. C’est sans doute le joueur du championnat au plus grand potentiel.  »

 » Je recherchais un grand, capable de garder le ballon « 

Contre Genk, il marqua un goal. De quoi apparaître en bonne place sur le carnet de scouting des Limbourgeois. Quelques mois plus tard, Genk cartonne et attire le regard des scouts européens. Alors que le succès n’en est qu’à ses prémices, les Limbourgeois pensent déjà à l’avenir et anticipent un départ d’un des trois attaquants ( Jelle Vossen, Marvin Ogunjimi et Elyaniv Barda). Dès le mois de novembre, Genk se penche sur le dossier Kennedy et attire le Nigérian pour deux ans et demi.

 » Nous avions insisté pour l’avoir dès le mois de novembre afin de lui laisser un temps d’adaptation. Notre but était de le mettre à jour sur le plan physique et de l’incorporer petit à petit au noyau. Comme on l’a fait avec Nadson et Chris Mavinga « , relatait Frankie Vercauteren.  » On voulait un joueur offensif et je recherchais davantage un target-man. Un grand, capable de jouer dos au but. Kennedy qui mesure 1m88 répond à ces critères. Il sait contrôler et garder le ballon mais également déménager dans les airs. Ce n’est pas l’attaquant qui recherche le geste parfait ni le plus rapide mais il sait imposer sa force et dispose d’un bon bagage technique.  »

 » Il est également polyvalent « , ajoute Dirk Degraen,  » Il peut évoluer sur les deux flancs, en attaque et derrière les attaquants.  »

Acheté en novembre mais présenté en décembre, à l’issue de la compétition finlandaise et après des vacances bien méritées dans son pays d’origine, le voilà qui découvre une compétition belge connue grâce aux exploits passés de Sunday Oliseh et Daniel Amokachi. Premier coup d’éclat : contre le Standard en février, lors de sa première titularisation. Ce jour-là, pas moyen de lui prendre le ballon.  » C’est mon boulot de le protéger « , lâcha-t-il en guise d’excuse. Depuis, on savait que Genk en allait avoir besoin un jour ou l’autre. Gagné. Et le bougre a bien choisi le moment. De quoi rester dans les mémoires.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO: REPORTERS

Suite à son transfert en Finlande, il passait de 32 à -8°.

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