Mister Herman

Bruno Govers

Le futur manager anderlechtois en sept tableaux.

La première rencontre entre Michel Verschueren et celui qui est appelé à lui succéder au poste de manager du RSC Anderlecht, Herman Van Holsbeeck, 48 ans, remonte à tout juste 30 ans. Pur produit de l’école des jeunes du Racing White, l’actuelle cheville ouvrière du Lierse n’avait guère vu d’un bon £il le rapprochement entre le club du stade Fallon et le Daring de Molenbeek, qui allaient faire cause commune, par la suite, sous le nom de RWDM.

Aussi, le jeune attaquant, qui émargeait dans la catégorie des Juniors à ce moment-là, demanda-t-il à l’homme fort des Coalisés, qui n’était autre, déjà, que Mister Michel, son transfert pour Termonde, sociétaire de la D3 en ce début des années 70. Il était sans doute encore loin de se douter qu’après moult pérégrinations, en tant que joueur d’abord (Stade Louvaniste, VG Ostende, Union, Wavre Sports, Bierbeek, Lombeek) puis comme coach (Racing Jet Wavre, SK Londerzeel et SCUP Jette), il allait se glisser à son tour dans la peau de manager à la rue Malis, en 1996, avant de vaquer à la même occupation au Lierse ces dernières années…

Mais qui est donc Herman Van Holsbeeck, licencié en éducation physique ? C’est ce que nous avons voulu savoir à la lumière des témoignages de ceux qui l’ont côtoyé à l’un ou l’autre moments de sa carrière. Ou qui l’ont enrôlé, comme le secrétaire général du RSCA, Philippe Collin.

Philippe Collin (Anderlecht) :  » Le profil idéal  »

 » Un commercial se doublant, si possible, d’un spécialiste en matière de football : c’est de cette manière que nous avions établi le portrait-robot de la personne amenée à succéder un jour à Michel Verschueren. Secrétaire général à l’Union Belge et directeur de l’EURO 2000, Alain Courtois, qui nous a quittés entre-temps, présentait le profil requis, et il n’en va finalement pas autrement pour Herman Van Holsbeeck dont le passé footballistique est, à la limite, plus étoffé encore que celui de son devancier puisqu’il a quand même cumulé à un très bon niveau les activités de joueur, puis d’entraîneur et, enfin, de manager. Dans cette attribution, il a notamment été confronté à la dure réalité du terrain, au RWDM, à l’image de Mister Michel autrefois dans le même club. S’il est amené à marcher sur les mêmes traces que lui, c’est évidemment tout profit pour nous. En réalité, dès que la route du Sporting et celle d’Alain Courtois se séparèrent, Herman Van Holsbeeck constitua d’emblée notre priorité en raison de son double vécu dans le monde du football et des affaires, avec l’entrepreneur bruxellois Johan Vermeersch. Dans un premier temps, il tint à rester respectueux de la parole donnée au Lierse, ce qui en dit long sur sa droiture. Dans la foulée, faute de candidats présentant le profil requis, nous avons songé de nous tourner vers le privé pour résoudre le problème de la succession de Michel Verschueren. Jusqu’au moment où nous avons perçu des signaux selon lesquels un deuxième appel du pied était envisageable. Et ce fut en définitive le bon. J’espère, comme tout un chacun au RSCA, que ce choix s’inscrira dans la durée et que le club continuera à surfer sur la vague du succès comme il l’a fait avec Michel Verschueren depuis près d’un quart de siècle « .

Jean-Paul Den Haese (ex-joueur du RWDM) :  » Il avait de l’entregent  »

 » Je l’ai connu l’espace de deux ans en Scolaires à Woluwé-St-Lambert au début des années 70. Il officiait comme ailier droit tandis que j’occupais le poste de centre-avant de l’équipe. Herman Van Holsbeeck ne marquait pas beaucoup mais il pouvait se prévaloir d’être un bon passeur. Il n’avait peut-être pas une pointe de vitesse phénoménale mais sa technique appréciable et son coup de rein lui permettaient souvent, lors des duels, de prendre le meilleur sur son adversaire direct avant de délivrer un centre au cordeau. A l’époque, j’ai souvent tiré profit de ses assists pour tromper la vigilance des gardiens adverses. Au stade Fallon, Herman se distinguait aussi, déjà, par une aisance certaine en dehors des terrains. Il était toujours tiré à quatre épingles et avait incontestablement de l’entregent ainsi que le don des langues. C’était le polyglotte de l’équipe. Alors que la plupart, chez nous, ne maîtrisaient que le seul français, lui maniait sans problèmes le néerlandais et l’anglais. Dans ces conditions, je ne suis pas vraiment surpris par son évolution. Même si je reste persuadé qu’il aurait pu faire carrière dans d’autres domaines que le football en raison de son contact facile et de son bagout « .

Danny Ost (Union) :  » On formait la bande des quatre  »

 » Je ne l’ai malheureusement côtoyé que quelques mois à peine dans la mesure où il fut victime, au cours de sa seule saison à la Butte, d’une vilaine fracture de la jambe, encourue lors d’un match des Réserves. Malgré sa longue indisponibilité, je me souviens qu’il avait toujours tenu à être présent parmi nous, les jours des matches, afin de nous apporter son soutien. Si je dois garder un souvenir de lui, c’est celui d’un très chouette gars, aussi bien dans l’intimité du vestiaire que dans la vie de tous les jours. Au même titre que mes coéquipiers d’alors Bruno Delentdecker et Philippe Dumont, nous avions formé une sorte de bande des quatre au sein de cette génération 1980-81 de l’Union. Un an plus tard, après qu’Herman nous eut quittés, c’est Michel Van de Velde qui prit la relève. Mais le contact n’en est pas moins resté, entre nous, jusqu’aujourd’hui. En soi, je ne suis pas surpris par l’orientation de sa carrière. A cette époque-là, déjà, il s’intéressait à tout ce qui touchait de près ou de loin au football : non seulement les entraînements mais aussi les coulisses de ce microcosme. Il voyait plus loin que le bout de son nez, conscient que son avenir se situerait sans doute dans ce même monde. Herman avait aussi la qualité d’être très réceptif à tout. Il était toujours à l’écoute des autres. Ce qui ne l’empêchait cependant pas d’avoir un jugement tranché et souvent très pertinent « .

Fernand Willems (SCUP Jette) :  » Un grand pro  »

 » Ma première préoccupation, après que j’eus été nommé manager au SCUP Jette, en 92-93, fut d’aller chercher Herman Van Holsbeeck qui officiait alors comme entraîneur au SK Londerzeel. J’avais entendu dire le plus grand bien de lui et force est de reconnaître qu’il fit honneur à cette réputation chez nous, même s’il ne resta finalement qu’un an avant de tenter sa chance chez les jeunes à Molenbeek. Herman aura eu le mérite d’instaurer un esprit professionnel chez les promotionnaires que nous étions à ce moment-là. Il était très à cheval sur la discipline, bon communicateur et lisait le football comme nul autre. Je m’étais fait la réflexion qu’il ne resterait pas longtemps à ce niveau. Et je ne m’étais donc pas trompé « .

Daniel Renders (RWDM) :  » Il a appris le management à Molenbeek  »

 » Pendant des années, nous avons été adversaires sur le terrain, dans la mesure où j’occupais la place de demi gauche au Daring tandis qu’il était latéral droit au Racing White. Au moment de la fusion entre ces deux clubs, nous avons encore joué quelques matches ensemble avant que nos chemins ne se séparent pendant près de deux décennies. J’ai effectivement retrouvé Herman, par le plus grand des hasards, au moment où j’ai fait construire ma première maison, à Enghien, par l’entrepreneur Johan Vermeersch. Il était alors l’un des employés de cette firme de construction de Ternat, vaquant notamment à la vente de maisons et d’appartements. Quand tous deux reprirent en mains les rênes du RWDM, au beau milieu des années 90, le premier souci d’Herman fut de songer à moi pour entraîner les doublures au stade Edmond Machtens. Plus tard, quand il fut seul à la barre là-bas, il me posa à nouveau la question de confiance à l’aube de la saison 1997-98. Mais pour la Première cette fois. C’était une mission quasi impossible, entendu que Molenbeek faisait pour ainsi dire figure d’oiseau pour le chat, à cette époque, lui qui avait perdu à l’intersaison des éléments aussi précieux que Daniel Camus, Gunther Jacob, Frédéric Pierre, Spira Grujic, Daniel Nassen et j’en passe. A 15 jours de la reprise, on ne dénombrait guère plus de 11 joueurs dans le noyau A et le programme de préparation baignait toujours dans le flou le plus absolu. C’était l’improvisation chaque matin et, durant cette période difficile, j’ai compris qu’Herman était taillé sur mesure pour ce rôle de manager. Il avait une réponse et une solution à tout, dans l’heure, même si les problèmes paraissaient insurmontables. Je lui sais gré de m’avoir soutenu jusqu’au bout, dans cette conjoncture particulière, et surtout après une victoire 0-2 à Anderlecht où j’avais malheureusement eu la mauvaise idée de faire appel à un suppléant de trop. Au lieu de me faire porter le chapeau, il me défendit avec bec et ongles, sous prétexte que personne n’était à l’abri d’une erreur. Depuis ce jour-là est né entre nous une amitié indéfectible que mon renvoi du club, plus tard, n’a nullement altéré « .

Johan Vermeersch (RWDM) :  » Il a bien rebondi au Lierse  »

 » Au moment où il a voulu voler de ses propres ailes au RWDM, en délaissant pour ce faire mon entreprise, j’avoue avoir eu mes doutes à son sujet. J’estimais qu’il avait fait le grand saut trop tôt, en étant peut-être rompu à certaines facettes du métier mais en ne maîtrisant pas encore, à ce moment-là, la totalité de son sujet. Je ne crois pas m’être fourvoyé, dans la mesure où il a quand même laissé une ardoise de 1,5 million d’euros. A sa décharge, je dirai que d’autres se seraient plantés aussi, car la tâche ressemblait furieusement à une mission impossible là-bas. Par la suite, j’admets qu’ Herman Van Holsbeeck a plutôt bien rebondi au Lierse. S’il a étoffé son registre, il ne faut toutefois pas attendre de lui qu’il puisse reprendre l’intégralité des tâches assumées par Michel Verschueren au Parc Astrid. Mais qui en serait donc capable ? »

Emilio Ferrera (Lierse) :  » Une grande perte  »

 » Le Stade Louvain, le Racing Jet Wavre, Lombeek et le RWDM : curieusement, Herman Van Holsbeeck et moi avons transité par plusieurs clubs similaires, mais à quelques années d’intervalle. De la sorte, nous n’avons vraiment appris à nous connaître que cette saison, au Lierse. J’ai découvert à la fois un grand connaisseur du football et un parfait organisateur. Avec lui, n’importe quel problème est réglé dans l’heure. Depuis que je suis entraîneur, je n’ai jamais formé un duo aussi complémentaire qu’avec lui. Son départ à Anderlecht sera non seulement une grande perte pour moi mais aussi pour le club. Je n’ai qu’un seul souhait : pouvoir retravailler un jour de concert avec lui. Et je croise les doigts à cette fin « .

Bruno Govers

 » Il a toujours vu plus loin que le bout de son nez « 

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