MISE À PLAT

Selon le défenseur français, c’est surtout l’état d’esprit qui a changé à l’Excel.

La courbe de ses performances a épousé celle de l’Excelsior. En début de saison, il a cherché sa place. Ou plutôt : on l’a cherchée pour lui. Il a commencé le championnat au poste d’arrière droit, sans convaincre. Lorsqu’il a été repositionné comme arrière central, il a explosé : il a conféré à l’arrière-garde des Hurlus une stabilité qu’elle n’avait pas connue jusque-là. Les buts encaissés ont été moins nombreux, et les points pris, forcément plus nombreux.

 » Vous savez, ce n’est pas uniquement grâce à mon repositionnement dans l’axe que l’équipe repose désormais sur une base plus solide « , souligne Kevin Hatchi.  » En fait, le mérite de cette transformation revient à grande partie à PaulPut. Lorsqu’il est arrivé, il s’est d’abord évertué à construire une assise défensive et à former un bloc sur le terrain. Lorsque GilVandenbrouck a repris l’équipe, il a continué dans cette voie-là. On essaie de ne pas encaisser, et on aspire qu’à un moment ou un autre, on va marquer. Sachant cela, on est beaucoup plus serein. Par corollaire, comme l’objectif est de défendre en bloc, on est devenu beaucoup plus soudés les uns aux autres. Cela nous soulage énormément, nous les défenseurs. On ne trouve plus un joueur à gauche et un joueur à droite, comme auparavant, mais une véritable équipe. Ce bloc, c’est l’image qui reflète le mieux la deuxième partie de la saison « .

Une différence de culture

Le début fut laborieux.  » Certains prétendent que le courant n’est pas passé avec GeertBroeckaert « , poursuit le sympathique défenseur formé à Auxerre.  » Je n’ai pas d’avis à émettre sur ce sujet. Je pars du principe que dans une équipe, il y a toujours un coach en place et je m’efforce de lui obéir, point à la ligne. Après, les résultats déterminent si cela se passe bien ou mal. Il arrive qu’une équipe obtienne de bons résultats avec un mauvais coach, ou inversement. En début de saison, les résultats n’étaient pas bons. Et l’ambiance est devenue un peu houleuse. Je ne veux pas critiquer Broeckaert. Il avait certainement à c£ur de réaliser du bon travail. La méthode qu’il a employée n’était peut-être pas la plus adéquate. Le message ne passait pas auprès de tout le monde. On s’est engagé dans une spirale négative qu’il fallait à tout prix interrompre « .

On peut deviner qu’entre la méthode flandrienne de Broeckaert, basée essentiellement sur l’engagement et la combativité, et les discours beaucoup plus raffinés auxquels les joueurs français avaient été habitués durant leur formation, il y avait un monde de différence.  » Il y a eu un décalage « , reconnaît Hatchi.  » Parmi les nombreux nouveaux joueurs arrivés durant l’entre saison, beaucoup avaient une culture française. Il fallait que la sauce prenne. Dans ce genre de situation, soit elle prend progressivement et en douceur, soit il y a un clash. C’est malheureusement la deuxième solution qui a prévalu « .

Hatchi reconnaît que la tâche de Broeckaert était compliquée.  » Il y avait beaucoup de nouveaux joueurs et il n’y avait aucun lien entre nous. Personnellement, je connaissais Jean-Félix Dorothée depuis une dizaine d’années, mais c’était à peu près tout. Il a fallu attendre que chacun trouve sa place et se sente à l’aise pour que le rendement s’améliore. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’auparavant, on en gardait sous la pédale, mais c’était tantôt une individualité, tantôt une autre. Lorsqu’on a commencé à fonctionner ensemble, les résultats sont arrivés. Automatiquement, l’ambiance s’en est ressentie, positivement. On s’est découvert des atomes crochus avec des gens qu’on ne connaissait pas « .

Les Français mal compris

Mais, avant d’en arriver là, certains ont vu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel :  » Comme les résultats tardaient à répondre à l’attente, les joueurs français ont parfois été montrés du doigt. Il fallait trouver des coupables, et comme on était arrivés en masse, on était des cibles toutes trouvées. Surtout après le départ de RolandLouf, l’homme qui nous avait fait venir. Je crois qu’on a parfois été mal compris, et je prends l’exemple de SébastienGrimaldi. On a été jusqu’à prétendre que c’était un mauvais défenseur, qui avait pas mal de lacunes. C’est aberrant. Seb est, au contraire, un excellent arrière, doté d’une excellente relance, mais il a été éduqué dans une culture footballistique différente. Il a toujours essayé de soigner sa relance, peut-être trop, car les milieux de terrain et les attaquants ne s’attendaient pas à recevoir le ballon dans les pieds. David Grondin en a également pris pour son grade. Pourtant, il a joué à Saint-Etienne et à Arsenal, ce n’est pas rien. Et que dire de Jean-Félix Dorothée ? Lui aussi a souvent été visé. Or, je n’hésite pas à affirmer qu’en qualité pure, il est peut-être le meilleur joueur du club. Comme milieu droit, il est un peu moins à l’aise, mais comme arrière droit, il figure à mes yeux parmi les meilleurs du championnat de Belgique. Défensivement, il est costaud et, offensivement, il a quelque chose en plus que les autres : la technique.

Lorsque Put est arrivé, JeanPhilippeCharlet a obtenu la préférence. Cela a très bien fonctionné aussi : Jean a progressé au fil des matches. Jean-Félix a très mal pris son éviction, d’autant qu’il estimait ne pas avoir démérité, mais il a continué à travailler et aujourd’hui, il savoure chaque instant passé sur la pelouse « .

Plus de repères dans l’axe

Hatchi avait, au départ, été présenté comme un défenseur polyvalent. A-t-il commencé la saison à l’arrière droit à la suite d’un malentendu ou d’un manque de communication ?  » Pas du tout « , précise-t-il.  » Ces dernières années, j’avais effectivement été baladé à toutes les positions. A Auxerre, j’ai été formé comme arrière central. Je formais la paire avec Philippe Mexès : lui du côté droit, moi du côté gauche. Lorsque j’ai quitté Auxerre, j’ai joué comme arrière droit à Créteil, en Ligue 2. A Grenoble, j’ai continué à l’arrière droit pendant la première année, puis je suis passé à l’arrière… gauche pendant les deux saisons suivantes. Le rôle d’arrière latéral ne m’était donc pas étranger, même si j’ai plus de repères dans l’axe. Ce n’était pas une erreur de me positionner à l’arrière droit à Mouscron. Le problème qui s’est posé, c’est que j’ai cru comprendre que le coach avait surtout besoin de défenseurs purs, et par conséquent, je n’ai pas osé monter. De ce fait, j’ai perdu une partie de mes qualités. J’ai toujours été un élément qui aimait participer aux offensives. De par ma position, et avec mes montées incessantes, j’obligeais l’attaquant adverse à défendre. Or, à Mouscron, j’ai bridé mon tempérament : je n’osais plus franchir la ligne médiane. En fait, je me comportais comme un arrière central que l’on aurait positionné dans le couloir. On a commencé à mettre mes capacités en doute. Je me suis retrouvé sur le banc et même, un soir, dans… la tribune. Lors du déplacement à Zulte Waregem, Broeckaert avait préféré placer un jeune du noyau B sur le banc. Je ne m’y attendais pas du tout. J’avais participé à l’échauffement et c’est un dirigeant qui m’a annoncé que je n’étais pas sur la feuille de match. Ce fut dur à avaler. Sur le coup, je me suis fait la réflexion que les joueurs français avaient décidément du mal à s’imposer. A cette période-là, Grondin ne jouait pas du tout et Grimaldi aussi. Je me suis dit : -Cette fois, c’est mon tour ! Mais j’ai continué à bosser et le vent a tourné. Lorsque j’ai été de nouveau placé à mon poste de prédilection, en défense centrale, j’ai retrouvé mes repères. Paradoxalement, je me suis épanoui davantage offensivement en jouant dans l’axe « .

L’esprit qu’il faut

En début de saison, GeoffrayToyes formait la paire d’arrières centraux avec Grimaldi. Ce dernier s’est blessé et Hatchi a fini par glisser dans l’axe. D’abord aux côtés de Toyes, puis d’ OlivierBesengez.  » Je m’entends bien avec les deux, mais j’ai créé plus d’automatismes avec Oli « , affirme Kevin.  » En premier lieu parce que j’ai joué plus souvent avec lui, mais peut-être aussi pour d’autres raisons. Geoffray et moi, on a l’inconvénient d’avoir tous les deux à peu près la même taille, 1m78 et 1m80, et le même style de jeu : lui aussi est très porté vers l’avant. Oli est un peu plus grand, et un peu plus calme également, alors que Geoffray est plus nerveux. La complémentarité est plus évidente avec Oli. Comme lui préfère rester derrière, je peux m’aventurer aux avant-postes l’esprit tranquille. Il m’est même arrivé de m’aventurer jusqu’au… flanc gauche et de centrer pour Jean-Félix « .

Entre-temps, Grimaldi a recommencé à trottiner, mais la défense s’est stabilisée sans lui et il devra sans doute patienter avant de récupérer sa place.  » Il y a aussi DaanVanGyseghem « , ajoute Hatchi.  » Le gamin a de grosses qualités et il va bientôt frapper à la porte de l’équipe Première « .

Tiens ? En voilà un qu’on avait presque oublié. L’arrivée massive des joueurs français n’a-t-elle pas barré le chemin à certains jeunes prometteurs ?  » C’est une critique que j’ai entendue à plusieurs reprises « , s’étonne Hatchi.  » Parfois, je me dis que les Belges sont plus… chauvins que les Français. En France, c’était les meilleurs qui jouaient, peu importe leur nationalité « .

Un équilibre a désormais été trouvé, pour le bien de tous. Hatchi :  » C’est plus facile de bien jouer lorsque l’équipe tourne. La mentalité a changé. On a mis tout ce qui allait ensemble du même côté. Et le fait d’avoir trouvé une équipe permet aussi aux individualités de sortir. Je songe notamment à PacoSanchez, qui a conquis une place de titulaire. Il s’est placé dans la mentalité de l’équipe, et aujourd’hui, je crois que tout le monde l’a compris : pour s’intégrer dans l’équipe, il faut avoir cet esprit-là « .

Kevin espère que cette mentalité prévaudra au moins jusqu’au 13 mai :  » Ce sera la deuxième finale de ma jeune carrière, mais la première au niveau professionnel : en -17 ans, j’avais disputé la finale de la Coupe Gambardella, la Coupe de France des jeunes, avec Auxerre. C’était une belle équipe : il y avait Mexès, DjibrilCissé, LionelMathis…  »

BIO EXPRESS

Kevin Hatchi est né le 6 août 1981 à Paris

1m80, 79 kg

Ses clubs

1992-1997 Pontault (jeunes)

1997-2001 Auxerre (jeunes)

2001-2002 Créteil (Ligue 2)

2002-2005 Grenoble (Ligue 2)

2005-2006 Mouscron 27m/ 1b

Palmarès

Vainqueur de la Coupe Gambardella en 1999

DANIEL DEVOS

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