miracle/analyse

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le coach des Carolos va boucler son douzième mois au Mambourg. Il passe en revue les événements marquants de cette aventure.

mai 2004 / sporting descendant / remplace Waseige à trois matches de la fin

Que pensiez-vous de ce calendrier avec trois derbies wallons (Mouscron, Standard, Mons) ?

Jacky Mathijssen : Je ne me suis pas occupé du nom des adversaires. Je ne le fais pour ainsi dire jamais. Trop parler de l’équipe d’en face à ses joueurs, c’est leur montrer qu’ils lui sont inférieurs et c’est mauvais pour la confiance. J’ai prouvé tout au long de la saison qui se termine que je conservais un fil rouge dans le jeu du Sporting, quel que soit l’adversaire. Je n’apporte des adaptations à cette base que contre les équipes qui possèdent un homme régulièrement décisif. Par exemple Marius Mitu ou Sergio Conceiçao. Pour le reste, Charleroi conserve son jeu en toutes circonstances. Alors, affronter Mouscron, le Standard et Mons, ou d’autres, ça faisait peu de différence dans mon esprit.

Comment jugiez-vous vos chances de succès ?

J’étais réaliste : nous avions une chance sur trois de nous en sortir. Quand je suis arrivé, trois équipes étaient encore concernées par le maintien, et deux allaient chuter en D2.

Vous aviez beaucoup à perdre dans l’aventure car vous vous étiez bien installé en D1 avec St-Trond.

Je ne voyais pas les choses comme ça. Le plus important à mes yeux, c’est qu’on me proposait un vrai projet : refaire de Charleroi un club stable… et normal. Le lancement de ce projet passait par trois matches capitaux qui allaient conditionner les mois suivants. Soit en D1, soit en D2. Je ne considérais pas la deuxième division comme une marche arrière mais j’avais des craintes parce que je n’ai jamais travaillé à ce niveau-là. J’avais des repères solides en D1, mais aucun en D2. J’aurais dû me lancer dans l’inconnu, nous avions déjà commencé à parler d’une remontée directe via le titre ou le tour final. Mais pour être champion en D2, il faut posséder les meilleurs joueurs. Or, le budget de Charleroi était limité. Ce n’était donc pas gagné d’avance.

juin 2004 / maintien acquis/ découverte du club

Le Sporting semblait aussi malade dans la coulisse que sur le terrain.

J’ai remarqué que l’ambition était intacte, que tout le monde avait encore une grosse envie. Tous les gens du club étaient conscients d’être passés à deux doigts de quelque chose de très grave. En travaillant chacun de leur côté. Le Sporting n’avait plus rien d’une grande famille. Or, mon expérience dans tous les clubs où j’ai joué, puis à St-Trond où j’ai entraîné, m’a appris que quand tout le staff extra-sportif se serre les coudes, on gagne déjà une dizaine de points avant même que les joueurs aient tapé dans leur premier ballon. A l’inverse, on perd une dizaine de points quand il n’y a pas cette unité de pensée. Donc, ça peut faire un écart de 20 points en fin de saison. Chaque jour, j’ai constaté que l’une ou l’autre personne hésitante revenait vers la famille en pensant : – J’offre un peu de moi pour faire partie du nouveau projet.

Après le dernier match du championnat, vous aviez lancé :  » Plus jamais ça « . Que vouliez-vous dire ?

J’avais constaté que, depuis plusieurs années, ce club prenait de grandes décisions dans le stress et dans l’urgence. Or, ces décisions-là sont rarement bonnes. A Charleroi, on fonctionnait le plus souvent avec des £illères en oubliant d’être cohérent. C’était vrai aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Il fallait que cela change au plus vite.

juillet 2004 / pas de folies sur le marché des transferts / mauvais résultats en amicaux / la saison sera difficile

Les résultats en dents de scie durant l’été ne vous ont-ils pas inquiété ?

Je débarquais avec une nouvelle approche et un nouveau style de jeu que mes joueurs n’avaient jamais appliqué : il était impossible de faire de bons résultats pendant la préparation. Mon premier objectif était de reformer un vrai groupe et j’ai alors insisté pour que nous partions en stage dans un endroit où personne n’avait de repères, à Lanaken. Je voulais aussi qu’on n’y parle pas français. Cela éliminait tout risque de contact extérieur et obligeait mes joueurs à communiquer entre eux. Un jour, j’ai tout fait pour que nous nous perdions pendant un jogging dans les bois. Moi-même, je ne savais pas quel chemin il fallait prendre pour retourner à l’hôtel. Les joueurs ont été obligés de se débrouiller. Au lieu de courir la demi-heure prévue, ils se sont farci une heure et demie. Nous avons dû traverser des prairies avec des herbes presque aussi hautes que nous. Mais tout le monde est toujours resté groupé. C’était un test : je voulais voir si le noyau n’allait pas exploser, avec des gars qui seraient partis à gauche et d’autres à droite. Par moments, le groupe était un long élastique… mais la queue d’un élastique colle toujours au reste. En rentrant à l’hôtel, j’ai su que j’avais réussi mon premier pari : j’avais des joueurs prêts à se serrer les coudes dans les moments difficiles.

Un bon groupe, donc, mais peu de choses à voir sur le terrain pendant les matches !

Pour moi, la préparation fut parfaite. Les résultats, je m’en foutais complètement. Dans chaque match, je voulais que l’équipe travaille un ou deux thèmes précis. Et ces thèmes, je ne les évoquais évidemment pas en public. Je demandais par exemple aux joueurs de rentrer à la mi-temps avec un score de 1-0 en notre faveur : on laissait l’initiative à l’adversaire et on essayait de frapper une fois en contre-attaque. Pour la deuxième mi-temps, je leur demandais par exemple de considérer que nous étions menés 1-0, même si nous menions. Cela les obligeait à chasser pour revenir, à prendre des risques. Chaque fois, ils ont répondu à mon attente. La presse commentait nos résultats sans savoir que je ne me focalisais que sur les thèmes spécifiques abordés avant le coup d’envoi.

Après les départs de Grégory Dufer et Adekanmi Olufade, le groupe était moins fort, sur papier, que la saison précédente.

Sur le papier, oui. Mais je ne m’inquiétais pas : je savais que ce noyau avait assez de talent pour vivre une saison tranquille. J’avais dit à la direction que je me moquais des noms, que je m’intéressais seulement aux profils. Il me fallait un joueur avec de la vitesse, de la technique et un bon centre pour une position. Un gars avec de l’endurance et une bonne passe longue pour une autre place. Un dribbleur à un autre poste encore. Un grand devant, etc. On m’a donné ce que j’avais réclamé. J’avais bien surveillé Orlando pendant son test : il avait exactement le profil. Et je connaissais Izzet Akgül, puisque je l’avais scouté pour St-Trond. Quand Raymond Mommens m’a cité son nom, je lui ai dit : -Prends-le tout de suite.

août 2004 / balayés 2-5 par La Louvière pour commencer / trois premiers matches à domicile = trois défaites

Comment avez-vous réagi à cette claque ?

J’avais oublié une chose avant ce match : le stress de jouer dans notre stade pour des garçons qui sortaient de plusieurs saisons difficiles, avaient été fort critiqués, etc. Pendant la préparation, je ne m’étais pas rendu compte de l’importance de ce paramètre. J’avais été trop exigeant en leur demandant d’être prêts dès le premier match officiel, je ne les avais pas assez protégés contre un éventuel faux pas d’entrée de jeu. Je leur avais demandé de forcer directement les choses : ils ont essayé mais ça n’a pas marché. Ce fut le cas contre La Louvière, puis contre Westerlo. Avec deux défaites à la clé. Ils ont alors été honnêtes en m’avouant qu’ils n’étaient pas encore capables de faire ce que j’attendais d’eux. Nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule, de revenir à une plus grande prudence défensive pendant un mois et demi, avant de faire un nouveau bilan et de voir s’il était possible de revenir à l’idée de départ. L’équipe a joué plus bas et a plus tenu compte des qualités des adversaires. Je n’aime pas cela mais c’était un passage obligé. Ensuite, nous nous sommes reconcentrés sur notre propre jeu.

Entre-temps, il y a eu deux victoires assez chanceuses en déplacement : au Standard et au Germinal Beerschot.

On peut considérer ces victoires comme des hold-up, c’est vrai. Au Standard, nous n’avons fait que défendre et nous créer une occasion et demie, pour finalement gagner 1-2. Et nous nous sommes imposés 0-1 au Beerschot de la même façon.

septembre 2004 / premier succès à domicile / contre Anderlecht

Qu’est-ce qui était le plus important : gagner enfin à Charleroi ou battre une équipe comme Anderlecht ?

Gagner chez nous. Et nous l’avons fait contre Anderlecht, ce qui a encore embelli le tableau. Pour la première fois depuis mon retour, j’ai vu des supporters heureux d’avoir gagné un match sans penser au classement. Avant cela, les gens avaient fêté nos succès en analysant notre position et nos chances de maintien. Là, ils ne pensaient à rien d’autre qu’à cette victoire.

Vous aviez tiqué quand on vous avait fait remarquer, après les trois défaites à domicile, que le groupe risquait de cultiver un complexe.

J’y ai pensé, comme vous. Mais je suis là pour tuer des rumeurs pareilles. Quelques mois plus tard, votre magazine a consacré un reportage à nos attaquants : Charleroi ne marquait plus. Là aussi, j’étais d’accord avec votre analyse, mais je n’allais quand même pas jouer dans votre jeu et j’ai donc dédramatisé. C’est mon rôle. Quand on veut m’obliger à admettre des choses évidentes mais négatives pour mon équipe, je dois construire une barrière pour la protéger.

octobre 2004/ adoption du rythme de croisière / mais off-day complet contre La Gantoise

Cette défaite sans discussion vous a- t-elle étonné ?

Pas vraiment. Je la sentais venir. Après quelques bons résultats, certains joueurs avaient fini par croire qu’ils étaient capables de faire la différence grâce à leur seul talent. Ils pratiquaient un chouette football par moments et ils aimaient cela. Mais pour moi, ce n’est pas une priorité. Tant mieux si mon équipe joue bien, mais je veux d’abord qu’elle soit soudée et fasse des résultats. A Gand, nous sommes tombés sur un adversaire qui avait plus de motivation, d’engagement, de concentration, de volonté de rentrer dedans. Cette défaite est peut-être tombée au bon moment car elle a remis de l’ordre dans l’esprit de ceux qui avaient progressivement oublié les bases du travail en groupe.

novembre 2004/ premier goal en D1 pour Akgül à Mouscron/ découverte du buteur attitré du Sporting

Vous avez intégré Akgül dans l’équipe par petits coups de 10 minutes, puis un quart d’heure. Pensiez-vous qu’il pourrait devenir un titulaire indiscutable au deuxième tour ?

Je savais qu’il avait quelque chose de spécial. Un talent à part qui devait lui permettre de jouer seul en pointe dans mon système. Mais il fallait que le reste suive. Etre footballeur professionnel ne se résume pas à tout donner aux entraînements. C’est une manière de vivre, 24 heures sur 24. Akgül avait un problème de ce côté-là. Au premier tour, il ne vivait pas son métier à fond, ça sautait aux yeux. Il se contentait de faire des sacrifices sur le terrain, il ne prolongeait pas cet état d’esprit après avoir quitté le stade. Un jour, je lui ai dit : -Je t’ai toujours soutenu, maintenant c’est à toi de faire un choix si tu veux réussir. J’ai toujours eu des problèmes avec les gens qui gaspillaient leur talent et je voulais qu’Akgül se fasse mal du matin au soir et du soir au matin. Je lui ai fait remarquer qu’il y avait un tas de footballeurs qui rêvaient d’avoir la chance qu’il avait : passer sans transition de la D3 à la D1. Akgül a réfléchi et il a eu le bon déclic. Frank Defays a aussi joué un rôle énorme dans ce processus.

décembre 2004/ le coach n’avait cessé de répéter qu’il visait 20 points à Noël / le club est troisième avec 33 points

Ce total de 20 points n’était-il finalement pas trop peu ambitieux pour cette équipe ?

Il ne fallait pas oublier l’objectif de départ : vivre une saison tranquille et refaire du Sporting un club stable et normal. Pendant des années, ce club avait placé la barre beaucoup trop haut et s’y était toujours cogné. En été, quand j’ai parlé de ces 20 points, tout le monde était sceptique. Mais, une fois ce total acquis, les mêmes personnes nous ont dit qu’il fallait viser 25, puis 30 points. Doucement, doucement…

La troisième place fin décembre se justifiait-elle ?

Nous avons profité des circonstances, comme le manque de régularité d’équipes qui visaient la troisième marche : Genk, le Standard et Gand. Mais qu’on ne me dise pas que c’était volé. Tu es champion, tu es champion ; tu es troisième, tu es troisième. Ce classement à mi-parcours a aussi été un grand tournant pour le club sur le plan extra sportif. La direction n’a plus dû aller mendier auprès de partenaires commerciaux et leur dire : -Venez chez nous parce qu’on a besoin de vous. Le rapport de force s’est inversé : le Sporting redevenait un produit attrayant pour les sociétés qui voulaient faire de la pub. A partir de ce moment-là, j’ai aussi senti que toute la région se remettait derrière le club.

janvier 2005 / qualification au Standard pour les quarts de finale de la Coupe

Aviez-vous vraiment dit à vos joueurs que le match se terminerait par des tirs au but et que Conceiçao raterait le sien ?

Je leur avais dit que s’il y avait des tirs au but, nous passerions au tour suivant. C’était une façon de les pousser à jouer le match nul. Dans des prolongations, c’est souvent l’équipe qui essaye de forcer les événements qui se fait éliminer. Donc, je ne voulais pas que Charleroi tente le tout pour le tout en cas d’ extra-times. Je leur ai répété le même discours après 90 minutes : – N’essayez pas de marquer, laissez-les venir. Je les sentais tellement fatigués que je craignais un contre meurtrier du Standard si nous avions poussé pour marquer. Depuis une semaine, une chose était claire dans l’esprit de mes joueurs : match nul = victoire = qualification. Le coup fatal est passé très près, puisque le Standard a fait 1-0 à 3 minutes de la fin des prolongations, mais nous avons trouvé les ressources pour égaliser et finalement nous qualifier. Pour ce qui est du tir au but de Conceiçao, j’avais effectivement prédit l’endroit où il allait le placer et j’en avais parlé à Bertrand Laquait. Cela fait 20 ans que je prends des notes sur les penalties que tirent nos adversaires.

Laquait n’était même pas dans le Top 5 du Soulier d’Or : étonnant, non ?

Non. Je l’avais prévu. Les votants peuvent inscrire trois noms. Ils ne vont jamais mettre deux gardiens là-dedans, parce que quand on pense au Soulier d’Or, on pense d’abord à un joueur de champ. A partir de ce moment-là, il était clair que Laquait et Silvio Proto allaient se neutraliser. C’est Proto qui a fait perdre le Soulier d’Or à Laquait… et vice-versa. Il était logique aussi que pas mal de votants préfèrent Proto à Laquait dans leur Top 3 : il est jeune, belge et international. Et en plus, il a beaucoup de talent.

février 2005 / actualité dans la coulisse / interrogatoire du coach dans une affaire présumée de corruption.

Avez-vous entre-temps digéré ces événements ?

Ils me poursuivront toute ma vie. J’ai été à la une de toute la presse, on m’accusait. Trois mois plus tard, l’enquête n’a plus progressé. Quand serons-nous disculpés ? Dans un an ? Dans trois ans ? Je ne suis sûr que d’une chose : à ce moment-là, les journaux ne consacreront plus à cette affaire qu’un cinquantième de la place qu’ils lui ont consacrée au moment où nous avons été emmenés pour être interrogés. Je dois attendre que la vérité soit faite et je me sens impuissant. Pendant les semaines qui ont suivi l’interrogatoire, des supporters adverses m’ont fait des remarques désobligeantes. Heureusement que j’ai été gardien de but, le poste cible par excellence pour les supporters. Ça m’a permis de m’habituer, de me faire une carapace.

Je me demande aussi comment le juge agira quand il devra annoncer que nous sommes tous innocents. Ira-t-il encore chez VTM pour le faire savoir à toute la Belgique ? C’était scandaleux d’aller chercher là-bas la cassette du match entre St-Trond et Charleroi. Ces images, je les ai dans ma vidéothèque, elles sont aussi à St-Trond. Pourquoi aller les demander dans les locaux d’une chaîne de télévision ? C’est une faute professionnelle grave. Impardonnable. Si je fais une aussi grosse erreur dans mon boulot, je suis viré sur-le-champ. Je retiens aussi les méthodes employées pendant les interrogatoires. Un enquêteur dit à un joueur de St-Trond, face à la télé : -Regarde ta mauvaise passe. Je vais mettre le son plus fort : même le journaliste se demande comment c’est possible de faire une aussi mauvaise passe. Mais où va-t-on ? Ces gars-là voulaient nous condamner sur la base de commentaires télévisés ? Désolé, mais quand on compare les deux grosses erreurs que Proto a commises récemment à St-Trond avec ce qui s’était passé dans le match St-Trond û Charleroi avec Dusan Belic… Enfin bon, il arrivera un jour où les menteurs seront punis. Dans ce monde ou dans un autre. J’en suis sûr. On finit toujours par devoir payer ses dettes.

mars 2005 / élimination de la Coupe au Lierse / c’était 3-1 au match aller

N’est-ce pas un excès de confiance qui vous a été fatal ?

Il y a plusieurs enseignements à tirer du match au Lierse. Si nous avons eu plusieurs fois de la chance cette saison, comme au Standard en championnat puis en Coupe, nous n’en avons pas eu du tout là-bas. Il y avait toujours quelque chose ou quelqu’un pour faire obstacle sur nos actions dangereuses : un poteau, une latte, le gardien, un faux bond. Le contexte nous a aussi été fort défavorable. Les gens du Lierse ont très bien man£uvré pour que tout le monde û dont l’arbitre ! û ait pitié d’eux : problèmes financiers, changement de président, stade menacé d’effondrement, menaces sur la licence, le fait d’avoir dû jouer chez nous avec notre deuxième jeu de maillots, etc. Toute la Flandre s’est subitement mise derrière ce club. Et nous avons joué ce match en Flandre, avec des arbitres flamands qui avaient lu la presse flamande… Ils savaient aussi que, pour tous les médias du nord du pays, le penalty qui nous avait permis de faire 3-1 au match aller n’était pas valable. Je suis sûr que l’arbitre est monté sur le terrain du Lierse avec une seule idée en tête : ne pas avoir de problèmes. Nous avons essayé de faire abstraction de ce contexte négatif. J’avais dit à mes joueurs : -Jouez un bon match et ça doit suffire. Ils ont joué un bon match mais ça n’a pas suffi.

avril 2005 / les victoires s’enfilent comme des perles / la lutte pour la troisième place redevient réalité

Beaucoup de gens avaient pourtant prédit un effondrement ?

Oui, mais nous avons une nouvelle fois montré que nous avions plus de volonté que le grand public le croyait. Moi aussi, j’ai craint un coup d’arrêt, mais j’ai tout fait pour qu’il n’y en ait pas. Au lieu de se laisser abattre, l’équipe a abordé la dernière ligne droite du championnat avec un sentiment de révolte et de revanche par rapport à l’élimination en Coupe. J’avais dit que notre saison resterait intéressante au moins jusqu’au 11 mai si nous passions en Coupe ; nous ne sommes pas passés, mais notre saison sera peut-être palpitante jusqu’au 21 mai si nous faisons quelque chose de bien le week-end prochain à Genk.

Pourquoi avez-vous donné votre accord pour participer à l’Intertoto ?

Parce que c’est un honneur, pour un club comme Charleroi, de participer à n’importe quelle compétition européenne. Cela met sa saison précédente encore plus en valeur. En juillet, tout le monde pourra ainsi se souvenir que nous aurons réussi un parcours inespéré en championnat. En cas d’Intertoto, nous affronterons probablement un club finlandais au premier tour, puis un italien au deuxième. Ce sont de chouettes perspectives.

mai 2005 / la saison de tous les records / total de points, buts encaissés, victoires d’affilée, moyenne de points par match pour un coach, nombre de matches sans encaisser

Etes-vous sensible à ces statistiques ?

Absolument. J’ai déjà marqué l’histoire de St-Trond, dont le record, avant mon arrivée, était de 51 points. J’en ai fait 53, puis 60. Je sais qu’ils devront attendre encore longtemps pour faire mieux. Aujourd’hui, je laisse une trace à Charleroi et j’en suis fier. Je sais qu’on se quittera un jour et j’imagine que le record de points de cette saison sera battu tôt ou tard, mais on rappellera mon nom à ce moment-là. Je resterai dans l’histoire de ce club. Et je suis encore plus fier de signer ces chiffres l’année du centenaire, après plusieurs saisons très difficiles, et dans un environnement a priori hostile puisque je ne peux pas exploiter mon meilleur bagage : mon discours dans ma langue maternelle.

Comment voyez-vous le match à Genk ?

L’enjeu est tellement important pour les deux clubs qu’il y aura un vainqueur : sûr. Je suis certain aussi qu’une des deux équipes terminera la saison par un 6 sur 6. Et que le Standard ne gagnera pas ses deux dernières rencontres !

Pierre Danvoye

 » Quoi qu’il arrive, JE LAISSERAI UNE TRACE DANS L’HISTOIRE DU SPORTING. J’en suis très fier  »

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