Mine déconfite

Le Racing ne disputera pas les PO1 mais les PO2. Comment le club limbourgeois en est-il arrivé là ? Un décryptage.

L’histoire débute, en fait, en fin de saison dernière. En avril 2014 : en pleine période de PO1, le RC Genk décide de mettre un terme à la collaboration avec le directeur général Dirk Degraen. La direction n’apprécie pas que Degraen soit proche de l’agent de joueurs Mogi Bayat. Degraen, de son côté, trouve que la gestion du RC Genk n’est pas très professionnelle.

Deux semaines plus tard, Emilio Ferrera succède à Mario Been et parvient, de toute justesse, à qualifier l’équipe pour les PO1, où elle restera scotchée à la 6e et dernière place. L’équipe joue sans âme, mais la direction est sous le charme. Surtout le directeur technique Gunter Jacob, qui ne tarde pas à prolonger le contrat de Ferrera.

Ferrera limogé, Simaeys liquidé

Le championnat 2014-2015 commence par une défaite indiscutable : 3-1 à Malines. Ferrera est limogé le lendemain. Il n’a plus la confiance du staff technique, ni du staff médical, ni des joueurs. Aussi professionnel que soit son travail, Ferrera n’est pas assez sociable pour entraîner ses collaborateurs dans son sillage. Il ne tisse aucun lien. Ni avec les supporters, ni avec ses assistants.

Son mea culpa, après le match, est curieux :  » J’ai peut-être mal évalué les paramètres de ce match « , dit-il. Il a aligné, à Malines, deux joueurs dont le club aimerait se séparer : Khaleem Hyland et Jeroen Simaeys. Ferrera affirme qu’il n’avait reçu aucune consigne à ce sujet, mais Hyland ne jouera quasiment plus et Simaeys sera liquidé la semaine suivante. Une interview banale donnée dans la salle de presse sert de prétexte pour renvoyer le joueur dans le noyau B. Pour une question juridique, le club évite de le licencier. En revanche, la tête du porte-parole Jordy Hex, roule. Il reçoit son C4.

Okriachvili ivre, Kagé gréviste

On est toujours en été et après le match nul à Courtrai (1-1), Tornike Okriachvili ne se présente pas au décrassage du dimanche matin. Pendant trois jours, le club parviendra à cacher la vérité, mais celle-ci finira par apparaître au grand jour : le milieu de terrain géorgien a passé une partie de la nuit au poste. Déjà, pendant le long trajet en bus qui a ramené les joueurs de la Flandre vers le Limbourg, certains avaient abusé de la boisson. Okriachvili vacille déjà sur ses jambes lorsqu’il raccompagne Ngcongca Anele à son appartement.

Là, les deux hommes, ivres, se disputent. Anele reproche à Okriachvili sa faible prestation, et ce dernier le traite de singe. Les coéquipiers en viennent aux mains. Mal à l’aise, Anele appelle Ilombe Mboyo et Hervé Kagé à la rescousse, et les quatre joueurs se retrouvent dans l’appartement de Mboyo. Aux premières lueurs de l’aube, Okriachvili quitte ses amis. Il n’ira pas loin : sa voiture tombe en panne de carburant et il est intercepté par la police en état d’ébriété.

A ce moment-là, Okriachvili n’est à Genk que depuis trois semaines. En peu de temps, l’international s’est déjà bâti une solide réputation. Kage, qui est présenté au public au même moment, n’est pas en reste. Acheté à La Gantoise, où on ne voulait plus de lui, il refuse de disputer la deuxième mi-temps du match des Espoirs contre le FC Utrecht, après avoir appris qu’il ne figurait pas dans le noyau A pour le week-end. L’ambiance dans le vestiaire de Genk est délétère.

Daerden repêché, McLeish engagé

Le feuilleton n’est pas terminé. En octobre, après un match international contre Gibraltar, disputé au Portugal, Okriachvili ne se présente pas à l’entraînement matinal à Genk. Le joueur n’en est pas à son coup d’essai : un mois plus tôt, il était déjà resté en Géorgie un jour de plus que convenu. Pour revenir en Belgique, il avait fait escale à Istanbul, où les autorités turques l’avaient retenu deux jours pour une question de visa.

Le nouveau directeur général Patrick Janssens (NDLR : l’ancien bourgmestre d’Anvers) ne veut pas laisser passer l’affaire. Si Okriachvili s’en était tiré avec une amende après son arrestation en état d’ébriété, cette fois, il est renvoyé dans le noyau B. Mais pas question de licenciement : la valeur marchande de l’international géorgien est trop importante.

Pour calmer la colère des supporters, Janssens prend la décision d’adjoindre Dimitri De Condé et Koen Daerden à la cellule sportive : deux anciens joueurs limbourgeois qui officient déjà à temps plein comme entraîneurs au RC Genk. Le chef de la cellule scouting, Roland Janssen, est lui aussi ajouté et l’entraîneur écossais Alex McLeish est engagé, après que les négociations avec Frankie Vercauteren eurent échoué. Mais, dans les tribunes, cela gronde : on se demande pourquoi Domenico Olivieri n’a pas, lui aussi, été engagé. Deux jours plus tard, contre Westerlo, le noyau dur des supporters se met en grève.

Jacob : assez, Mboyo rétrogradé

Une scène curieuse se déroule pendant le stage hivernal en Turquie : alors que McLeish n’a pas terminé avec l’entraînement, Jacob se balade sur le terrain, la cigarette à la main, sous le regard irrité du coach. Comme s’il cherchait la confrontation. Elle n’aura pas lieu. Un peu plus tard, il informe Janssens qu’il démissionne de son poste de directeurtechnique. Un entretien avec le président Herbert Houben, lors du retour au pays, ne le fait pas changer d’avis.

Après la défaite à domicile contre Anderlecht (0-1), des photos circulent sur le net, montrant un IlombeMboyohilare en compagnie de quelques joueurs anderlechtois, dans une discothèque. Des maux d’estomac servent d’excuses pour son absence à l’entraînement, le lendemain. Pour Genk, la coupe est pleine. Le club décide de mettre son joueur convalescent à l’amende et de le renvoyer dans le noyau B.

De Condé promu, grande lessive en perspective

Tout comme pour la succession du porte-parole Hex (par le community manager Davy Vanhaen), Genk trouve, au printemps, une solution interne pour la position vacante de directeur technique. L’entraîneur des jeunes Dimitri de Condé reçoit une promotion.

En début de saison, après le limogeage de Ferrera, De Condé avait été temporairement affecté au noyau A. Il avait fustigé le comportement de Mboyo et de Kagé. Le fait que ce soit précisément lui qui ait reçu la confiance de Janssens laisse penser qu’il n’y a pas d’avenir pour les deux amis à Genk (on envisagerait de caser Mboyo au Qatar), ni pour Okriachvili d’ailleurs.

PAR JAN HAUSPIE – PHOTO : BELGAIMAGE

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