Milner le Magnifique

Ce sera donc Liverpool – Tottenham. La facilité avec laquelle on admire maintenant les Anglais n’a d’égale que l’aisance avec laquelle on pronostiquait hier Barça et Ajax, ô combien supérieurs intrinsèquement décrétaient à l’issue des matches-aller tous les connaisseurs que nous sommes, du footeux lambda au consultant bardé de vécu !

C’était faire fi de l’aléatoire, et de ces surprises qui construisent les matches de légende ! Une surprise footeuse est d’abord un plaisir de neutre, un bonheur de non-supporter : les fans des Reds et des Spurs sont aux anges, ceux d’en face sont atterrés, et tout le reste de la planète foot jouit de la félicité des vainqueurs : comme elle jouira du prochain plaisir ahurissant, qui que ce soit qui le fomente ! C’est à se demander s’il n’est pas préférable d’être neutre inconditionnel, supporter du foot plutôt que supporter d’un club : parfois de grands joies, et jamais de cafard !

On connaissait l’arroseur arrosé, le Barça vient de nous faire découvrir le remontadeur remontadé : par la grâce de ce Liverpool, au sein duquel le king ne fut pas, pour moi, Jürgen Klopp, même si ça m’a plu d’enfin le voir préférer le rire du bien-être aux rictus des victoires vengeresses. Et ce ne fut pas Virgil van Dijk, même si la solidification du quatuor défensif est passée par son arrivée, entraînant la non-sélection régulière d’un Dejan Lovren que je n’ai jamais trouvé top top top.

Un grand bazar comme Virgil assez vif pour anticiper sur une puce nommée Lionel Messi, ça vous réconcilie avec le diesel ! Ce ne fut pas non plus Allison Becker qui stupéfia positivement …au moins autant que Loris Karius le fit négativement voici un an : cette saison, Simon Mignolet ne peut que faire aveu d’allégeance. Enfin, le king de la qualif n’a pas non plus été le trio habituel de buteurs puisqu’amputé de ses deux tiers lors de ce match de légende : et Sadio Mané a même eu le chic de laisser les 4 buts à un grand Belge qui n’arrête pas d’être un grand espoir, ainsi qu’à un déçu d’être sur le banc au coup d’envoi, peu buteur de surcroît. Classe, Sadio !

Donc moi, mon chouchou, mon Red King, c’est le gars de mon titre : James Milner hante la Premier League depuis plus de 15 ans et ses débuts à Leeds, géant bouté hors de l’élite en 2004 ! Autant dire que Milner date de l’éternité, c’est sans doute pour cela qu’à la télé, certains lui ont filé 37 ans alors qu’il n’en a que 33. Faut vieillir les vieux pour en faire des mythes ! Mon admiration repose d’une part sur la longévité d’un joueur qui fut partout titulaire régulier (Newcastle, Aston Villa, Man City, équipe d’Angleterre), mais nulle part titulaire indispensable : éternellement soupçonné d’être moins bon que celui qui lui succéderait, il a toujours pesté sans jamais se démobiliser : on l’a cru en fin de carrière quand il s’est ainsi taillé de Man City en 2015.

Quelle revanche ! Et d’autre part, de flanc droit plutôt offensif au départ, Milner a ensuite incarné sans broncher une sacrée polyvalence : aujourd’hui encore, il joue partout, à part en pointe et en défense centrale ! Dernière preuve lors de cette remontada : sans problème pour lui de redescendre au back gauche quand Andy Robertson se blesse. Milner ? Ma star parce qu’antistar !

Du plus vieux vainqueur au plus jeune vaincu, me reste la place pour vous dire mon bonheur d’avoir découvert Donny van de Beek. La première fois que sa tête à la télé m’est apparue en gros plan, j’ai cru voir le fils de Woody Harrelson et ça me l’a rendu sympathique avant même que son jeu m’épate ! Aah, Woody Harrelson : de Proposition indécente en 1993 où il se fait piquer Demi Moore par ce foutu friqué de Robert Redford, jusqu’à l’éblouissant Three billboards récemment, en passant par Larry Flynt, True Detective et tant d’autres, ce mec-là vous donne raison de ne pas aimer que le foot !

Autant que Van de Beek donne raison de l’aimer : soutien d’attaque qu’on dit atypique, pas vraiment n°10, pour la mauvaise et simple raison qu’il devient pittbull en perte de balle : une forme saine de polyvalence… qui me ramène à James, mon Roi Rouge.

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