Mille chroniques, mille sabords !

Nos Diables ont presté samedi et presteront ce soir, je vous mitonnerai donc dans huit jours un package de ces deux étapes supplémentaires de leur Chemin de Croix qui est aussi le nôtre : mais c’est bientôt fini, on se rapproche du Golgotha, ne restera plus ensuite qu’à attendre une résurrection…

A propos de Golgotha, je projetais d’évoquer aujourd’hui le récent Israël- Allemagne Espoirs, via lequel le joueur de Wolfsburg Ashkan Dejagah vient de nous rappeler que foot et société ne vivront jamais dans deux mondes séparés. Fils d’Iraniens, arrivé en Allemagne à l’âge d’un an, ayant aujourd’hui opté pour l’équipe nationale allemande, Dejagah n’a pas voulu jouer ce match, le régime iranien interdisant à ses sujets de se rendre en Israël : en affirmant d’abord fièrement que coulait dans ses veines plus de sang iranien qu’allemand (ça c’est con, fallait alors choisir l’équipe nationale iranienne), en prétextant ensuite plus penaud qu’il craignait des représailles contre ses proches en Iran (ça c’est compréhensible, faut pas déconner avec la vie et les extrémistes, le foot n’est qu’un jeu). D’où le double bordel : les juifs d’Allemagne hurlent au boycott antisémite, la droite allemande vocifère contre le pseudo-patriotisme des Allemands d’origine immigrée…

Là-dessus, j’envisageais de rouvrir, en même temps que mon caquet, la grandissime problématique des rapports complexes entre sport et politique… lorsque le nom de fichier de mon traitement de texte ( chron1000.doc) m’a rappelé que mon hebdomadaire ritournelle atteignait ce jour un chiffre sacrément rond ! Et John Baete, dont je serai l’éternel débiteur vu qu’il me suggéra fin 1987 de tenter l’aventure du billet d’humeur, m’a cette fois demandé (en chef qu’il est devenu) d’évoquer ici ma première fois. Mouais. Hésitation d’un côté, ça fait un peu ancien combattant qui s’auto-médaille… Mais fierté d’une longévité de l’autre, je l’avoue : en commençant, je n’aurais jamais imaginé pondre le tiers du quart de mille chroniques ! Emile Carlier, à l’époque journaliste chevronné à Sport Mag, m’avait dit avoir constaté d’expérience – tout en me souhaitant chaleureusement d’y échapper – que les longs billets d’humeur ne tenaient jamais qu’un an grand maximum… Hé, t’as vu mes mille, Emile ? !

Evidemment qu’en 20 ans, nous sommes bien d’accord, j’aurais de loin préféré avoir inscrit 1000 buts ! 500 pour les Mauves, puis transfert retentissant et 500 pour les Rouches, pas de jaloux ! Mais mes mille bafouilles (sans blessure ni suspension) sont une compensation jolie – très jolie – à ces rêves de gosse qui me voyaient parfois succéder à Pol Van Himst aux côtés de Jan Mulder… Curieusement, ma première chronique ne fut pas footeuse : j’y évoquais la mort de Jacques Anquetil décédé à 53 ans d’un cancer de l’estomac… sans qu’on veuille trop envisager l’éventuelle liaison avec ce que le Normand avait pu ingurgiter de douteux durant sa carrière active : déjà le dopage en toile de fond, frère immanquablement siamois du cyclisme de compétition ! La chronique s’appelait alors J’dis ça, j’dis rien et je dis aujourd’hui encore qu’il est dommage que ce titre n’ait pu rester ; tant me plaisait un préambule rappelant de ne JAMAIS prendre mes élucubrations pour paroles d’évangile…

En re-feuilletant mes Foot Mag empilés, je me rends compte (ceci sans cirer les pompes de John, ce serait trop de boulot, il chausse au moins du 48) à quel point le magazine a progressé en 20 ans : contrairement à ma tronche, laquelle régresse depuis qu’en 1995, le même Baete a décidé de vous en offrir l’évolution en format/photo d’identité, je doute que ce fût ce qu’il vous a offert de mieux… Et à propos de vous, lecteurs, merci de me supporter avec le temps qui passe, vous continuez d’être le seul baromètre de mes divagations : si vos encouragements n’avaient pas été infiniment plus nombreux que vos énervements, ça fait longtemps que le toujours même Baete, avec raison, m’aurait relégué aux oubliettes, limogé, viré, défenestré, remercié, au mieux transféré dans un toutes-boîtes du groupe Roularta…

Bon. Je vais encore essayer d’en pondre quelques-unes, mais ça ne durera pas jusqu’en 2027, ça non : pas question de croiser un jour ci-dessus ma tronche hebdomadaire autant que ravagée, édentée autant que ratatinée ! Et si je débloque avant, n’hésitez pas à fulminer dans vos courriers, ça m’aidera à ne pas faire l’année de trop, merci d’avance. Je sais, ce n’est pas parce que le temps passe que je dois en faire tout un drame : après tout, au verso de cette feuille, sur cette dernière page qui fut longtemps mienne, mon collègue Georges me met dix ans dans la vue et il est encore frais comme un gardon.

par bernard jeunejean

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