Mieux que Cafù

L’arrière droit brésilien est un must pour les grands clubs mais il vaut 20 millions d’euros !

L’an passé, l’arrière droit brésilien du FC Séville Daniel Alvés (né le 6 mai 1983 à Juazeiro) avait été élu meilleur joueur de la Coupe UEFA 2005-2006, remportée par le club andalou au détriment de Middlesbrough. Dans ces conditions, tout le monde s’attendait à un départ, y compris son club qui lui avait déjà cherché un remplaçant en la personne de l’Allemand Andreas Hinkel. Mais personne n’a voulu payer les 20 millions que réclamait le président José Maria Del Nido. Les spectateurs habituels du stade Sanchez Pizjuan ont donc pu savourer, une saison de plus, les montées vertigineuses du flanc droit originaire de Salvador de Bahia, déjà auteur de neuf assists cette saison avant le week-end dernier et toujours en place pour défendre son trophée en Coupe de l’UEFA, après la qualification miraculeuse obtenue au Shakhtar Donetsk.

Vous étiez-vous imaginé un seul instant, à votre arrivée, que le FC Séville et vous seriez ainsi placés sous les feux de la rampe ?

Daniel Alvés : Jamais. Certes, le club travaillait bien depuis quelques années et sa progression était spectaculaire, mais personne ne pouvait imaginer qu’il pourrait atteindre de tels sommets. C’est vraiment très surprenant.

Après cette formidable saison 2005-2006, qui a vu le FC Séville remporter la Coupe de l’UEFA et la Supercoupe d’Europe, que peut-il encore arriver de plus beau ?

Ce sera difficile de faire mieux. En 2006, nous avons réalisé un exploit historique. Les sympathisants du FC Séville espéraient cela depuis très longtemps, sans jamais oser y croire. Je sentais qu’au sein du club, il y avait un peu d’anxiété : on se demandait si on allait, un jour, pouvoir offrir un trophée important aux aficionados. C’est fait. Aujourd’hui, on peut travailler l’esprit plus libéré, tout en restant très ambitieux. L’objectif se fixera davantage sur la Liga. Mais le championnat d’Espagne est très compétitif, et on risque de lâcher prise à la moindre contre-performance.

Vous avez quitté votre pays très jeune, comme beaucoup de footballeurs sud-américains. Qu’espériez-vous en bouclant vos valises pour l’Europe ?

Lorsqu’on est ambitieux et qu’on est un vainqueur dans l’âme, on veut toujours gagner. Mais il est évident que lorsqu’on signe au FC Séville, on n’envisage pas directement la conquête d’une coupe européenne. Mais l’appétit vient en mangeant, et aujourd’hui, on espère pouvoir participer à la prochaine Ligue des Champions. Ce serait un nouveau pas en avant dans la progression du club. La Coupe de l’UEFA garnit déjà les vitrines, et on peut toujours ambitionner de la remporter une deuxième fois, mais les fans doivent comprendre qu’il n’est pas facile de triompher chaque année.

S’adapter au foot européen

Que vous inspire votre titre honorifique de meilleur joueur de la Coupe UEFA 2005-2006 ?

Conquérir un trophée individuel est très difficile, à plus forte raison lorsqu’on est un arrière latéral. Les gens ont toujours le regard attiré par les milieux de terrain et les attaquants. Mais, au bout du compte, je suis heureux que mon travail ait été reconnu.

Lorsque vous avez débarqué au FC Séville, en 2002, votre adaptation n’a pas été facile. Certains ont même douté de votre niveau de jeu.

Lorsqu’on quitte son pays, beaucoup de changements interviennent et il faut toujours un peu de temps pour s’adapter. Je n’ai jamais prêté attention à ce que l’on disait de moi. Je connaissais mes qualités, j’étais conscient de mon potentiel et je savais ce que je pouvais apporter. Je me suis amélioré à force de travail. J’ai progressé au rythme du club, car à mon arrivée, personne n’imaginait encore que l’on lutterait pour des trophées importants. Aujourd’hui, regardez où nous nous trouvons. On recueille les fruits de notre travail.

C’est curieux : beaucoup de joueurs ont progressé et acquis une certaine renommée en même temps que l’équipe…

Effectivement. Il y avait beaucoup de jeunes joueurs, et les autres provenaient d’équipes où ils n’avaient pas rencontré le succès. La sauce a pris et on a grandi en tant que groupe. Lorsque les résultats de l’équipe suivent, c’est plus facile de progresser sur un plan individuel.

Vous êtes arrivé en Espagne à 20 ans. N’était-ce pas trop jeune ? N’avez-vous pas payé la facture ?

Je ne pense pas. Au Brésil, nous sommes habitués à débuter très jeune en équipe Première. Il y a des adolescents de 16 ans qui jouent en D1 brésilienne. L’âge n’a pas posé de problème pour moi. En revanche, j’ai eu plus de mal à m’habituer à un autre type de football et à la mentalité des arrières latéraux espagnols. Au Brésil, les joueurs de flanc vont toujours de l’avant. On songe essentiellement à attaquer. J’ai dû me conformer aux directives de l’entraîneur. On attendait autre chose de moi.

Comment en êtes-vous arrivé à jouer arrière latéral ?

J’ai toujours eu une idole : Cafù. Je m’en suis toujours inspiré. C’est pour cela que je préfère jouer comme arrière latéral. Joaquin Caparros, l’entraîneur précédent du FC Séville, m’avait aligné comme intérieur mais j’ai toujours apprécié évoluer sur le flanc. A ce poste, je peux davantage surprendre l’adversaire. Mais je dois encore améliorer mon travail défensif.

Les arrières latéraux brésiliens s’apparentent davantage à des ailiers…

Oui, ils aiment déborder leur adversaire. Le football brésilien a toujours été tourné vers l’offensive. La défense vient au deuxième rang de leurs priorités. En Europe, c’est différent. Il faut s’y habituer.

Cafù a pris sa retraite internationale. Etes-vous prêt à prendre le relais en Seleçao ?

Jouer pour l’équipe nationale brésilienne, c’est toujours fort compliqué. Il y a énormément de très bons joueurs, la concurrence est très forte. Mais je ferai le maximum. J’ai déjà démontré, dans les catégories d’âge, que j’avais le niveau pour défendre les couleurs de la Seleçao.

Avec la renommée que vous avez atteinte, resterez-vous encore longtemps au FC Séville ?

L’été dernier, les propositions avaient déjà afflué. Les clubs ont reculé devant le prix exigé. Je me suis donc préparé à jouer une saison supplémentaire au FC Séville. Sans regret, car j’ai toujours été bien traité ici. Ma famille est très heureuse en Andalousie. Mon avenir se trouve entre les mains du président.

Le meilleur est à venir

Comment le président s’y est-il pris pour vous convaincre de rester, après les sommes astronomiques qui avaient été proposées ?

Il m’a expliqué que le FC Séville était très ambitieux et qu’il voulait en faire une équipe championne. Il m’a dit que la concrétisation de cet objectif serait d’autant plus facile si je restais. On verra comment on envisagera l’avenir en fin de saison.

En début de saison, vous annonciez sur votre site web que vous resteriez une saison supplémentaire. Mais elle se termine dans trois mois.

OK, j’aurais tout aussi bien pu annoncer : – Au moins une saison supplémentaire. Peu importe. Je n’ai jamais caché qu’un départ vers une formation plus puissante, en Espagne ou ailleurs, ne m’intéressait pas. Tout comme je n’ai jamais affirmé que je resterai fidèle à vie au FC Séville. Mais le jour où je partirai, si je pars, je veux que ce soit par la grande porte, pas à la dérobade. Les Sévillans apprécient autant Daniel Alvés que Daniel Alvés apprécie les Sévillans.

Pour vous convaincre de rester une saison de plus, Del Nido devra sans doute revoir votre contrat à la hausse ?

Je ne me préoccupe pas trop de cela. Je sais que les promesses du président sont toujours tenues. Pour l’instant, ce qui me préoccupe en premier lieu, c’est la concrétisation des objectifs sportifs du club. Comme l’affirme le slogan du FC Séville : le meilleur est à venir.

Aviez-vous imaginé un instant que vous pourriez valoir 20 millions d’euros ?

Non, mais lorsque j’ai quitté le Brésil, je ne pensais ni au prix de transfert ni à la clause libératoire, j’avais simplement envie de jouer. J’évoluais dans une équipe moyenne, celle de Bahia, et je débarquais dans une formation de grande réputation en Espagne. J’ai réussi mon pari et j’en suis très heureux.

Liverpool aurait-il pu satisfaire vos ambitions ?

Il en avait été question, l’été dernier, mais d’autres équipes prestigieuses s’étaient intéressées à moi. Dire qu’un club qui avait remporté la Ligue des Champions ne m’intéressait pas, serait travestir la vérité.

On avait aussi évoqué le Real Madrid. En avez-vous parlé avec Cicinho ?

Non, mais j’ai lu qu’il ne souhaitait pas quitter le club madrilène. C’est logique : lorsqu’on a la chance d’intégrer un cercle aussi prestigieux, on a envie d’y triompher. Surtout lorsqu’on a les qualités pour le faire, comme c’est incontestablement son cas. De toute façon, si un club souhaite me transférer, il devra d’abord s’adresser au FC Séville.

Jusqu’où ira Daniel Alvés ?

L’avenir nous l’appendra. A l’heure qu’il est, mes deux principaux objectifs sont la qualification pour la Ligue des Champions et un long parcours avec l’équipe nationale brésilienne.

par lucas haurie (esm) – photos:belga/quicler

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