Mieux qu’un tremplin

Pourquoi et par quel biais, l’ex-Standardman a signé à Benfica.

Cinq ans à Benfica : on avait beaucoup parlé de l’Angleterre, de l’Italie voire de l’Allemagne, mais c’est finalement le grand club portugais qui a recueilli les faveurs d’ Axel Witsel. Son papa, Thierry, est satisfait.  » Benfica, c’est plus qu’un tremplin à mes yeux « , estime-t-il.  » C’est un grand club professionnel, qui a un passé prestigieux et qui joue dans un stade de 65.000 places, l’Estadio da Luz, qui affiche quasiment complet à chaque match.  »

Au niveau des couleurs, Axel ne sera pas dépaysé.  » Au niveau du numéro non plus « , poursuit Thierry,  » puisqu’il aura le même qu’au Standard : le 28. Mais ce n’est forcément pas cela qui a été le facteur décisif dans le choix. Ce qui l’a séduit, c’est surtout le prestige du club, les ambitions et le cadre de vie. Le style de football, aussi. C’est un football latin, donc technique, qui se joue au sol. Cela devrait convenir à Axel. Dois-je vous rappeler, aussi, qu’il y a déjà eu un Belge là-bas ? Michel Preud’homme n’a laissé que de bons souvenirs à Lisbonne. Et Axel sera confronté à un lourd héritage : il n’aura pas le droit de décevoir. On attend beaucoup de lui. L’accueil qui lui a été réservé à son arrivée en atteste : les supporters benfiquistes l’ont déjà adopté. Pour Axel, c’est peut-être le bon moment pour aller à Benfica : c’est un club qui a faim, qui est avide de revanche après avoir dû laisser tous les trophées au grand rival du FC Porto, la saison dernière. Benfica se retrouve un peu dans la situation d’Anderlecht après avoir perdu le test-match face au Standard.  »

Les ambitions pour la saison prochaine sont claires : gagner des trophées au Portugal (championnat, Coupe du Portugal et Coupe de la Ligue) et aller le plus loin possible sur la scène européenne, à commencer par le tour préliminaire de la Ligue des Champions.

Axel avait-il fait le tour de la question en Belgique ?  » Difficile à dire « , estime Thierry.  » On n’a jamais fait totalement le tour de la question, il y a toujours moyen de gagner davantage. S’il était resté six mois de plus, il aurait peut-être remporté un deuxième Soulier d’Or. On ne le saura jamais. Mais il est clair qu’Axel aspirait à un départ, à découvrir d’autres horizons, à franchir un palier supplémentaire. Il sait qu’il doit beaucoup au Standard, mais je pense pouvoir dire qu’il a beaucoup apporté au Standard également. « 

Thierry ne considère pas le championnat portugais comme un  » petit  » championnat.  » Il jouit sans doute d’un prestige moins grand que la Premier League anglaise ou la Liga espagnole, mais le niveau est très bon et la compétition est très suivie par les recruteurs. En tout cas, je voudrais remercier SEM, l’agence de management avec laquelle Axel est sous contrat depuis un peu plus d’un an, et en particulier son représentant pour la Belgique, ValentinBalongo. Dès le départ, ces gens se sont montrés extrêmement chaleureux, très humains dans leur approche et attentifs aux souhaits du joueur. Ils nous ont mis en confiance. Nous avons été très bien accueillis lorsque nous avons visité leurs bureaux de Londres, où l’épouse de M. Balongo nous a aidés pour les traductions.  »

 » Kompany et Fellaini ont ouvert les yeux des Anglais « 

Valentin Balongo, un Belgo-Congolais vivant en Belgique, travaille pour SEM depuis deux ans.  » C’est la principale agence de management en Angleterre « , explique-t-il.  » Elle compte plusieurs joueurs d’Arsenal, de Chelsea et de Manchester United sous contrat. Avant qu’elle ne me charge de cette mission, elle n’avait pas de représentant en Belgique. Le football belge avait, jusqu’il y a quelques années, encore peu de crédit aux yeux des Anglais, mais l’éclosion de joueurs comme VincentKompany et MarouaneFellaini a un peu changé leur vision du football belge. J’ai su persuader Axel Witsel, qui venait d’obtenir le Soulier d’Or à l’époque, de rejoindre notre écurie, surtout grâce à son papa Thierry que j’ai connu à l’Académie où jouent mes deux fils. Je lui ai expliqué que SEM pouvait offrir davantage de services que d’autres agences en Belgique et je l’ai convaincu. Le fait de se lier à une agence anglaise n’a pas empêché Axel de rejoindre un grand club portugais, comme vous le constatez.  »

En Belgique, Balongo travaille pour SEM avec Raphaël Maréchal, qui s’occupe surtout de scouter les jeunes talents.  » Valentin et moi, nous nous sommes connus à l’Académie Robert-Louis Dreyfus, car nos enfants y jouent dans la même catégorie « , explique ce dernier.  » Nous travaillons aussi bien avec des jeunes, comme JérémySerwy ou le gardien HendrikVanCrombrugge, qu’avec des vedettes déjà confirmées comme Axel. Nous essayons de donner la priorité au bien-être du joueur, de le conseiller sans trop tenir compte de l’aspect purement lucratif. Il nous est arrivé de conseiller à un joueur de rester dans son club, alors qu’un transfert pouvait être rémunérateur pour nous.  »

Par rapport aux sommes citées précédemment, les six millions évoqués dans le cadre du transfert de Witsel peuvent paraître peu élevés.  » Peut-être la nouvelle direction du Standard a-t-elle voulu respecter la promesse de la précédente, en ne s’opposant pas à un départ « , se risque Maréchal.

Ce dernier pense aussi que le championnat portugais n’est pas aussi  » petit  » qu’on veut bien le dire.  » Que je sache, Porto a tout de même remporté l’Europa League. Son entraîneur, AndréVillasBoas, a suivi les traces de JoséMourinho en partant à Chelsea et pourrait bien y amener quelques joueurs. FabioCoentrao a quitté Benfica pour le Real Madrid. Le club possède encore quelques grands noms : PabloAimar et JavierSaviola, pour ne citer qu’eux. Ce ne sont pas des signes d’un petit championnat.  »

Si Thierry Witsel fait l’éloge de SEM, la réciproque est vraie.  » Axel a toujours été très bien conseillé par son père « , estime Maréchal.  » C’est une chance pour lui d’avoir un père qui connaît le football, qui est lui-même entraîneur de jeunes et qui sait guider son fils. « 

PAR DANIEL DEVOS

 » Pour Axel, c’est peut-être le bon moment d’aller à Benfica : c’est un club qui a faim. « 

(Thierry Witsel)

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