MIEUX DOSÉ

Quelle est la valeur du team d’Emilio ? Le capitaine se hasarde au pronostic.

Le décor : le stade de Bruges entre la défaite en championnat à Roulers et le déplacement en Lituanie pour le match contre Suduva en tour préliminaire de la Coupe de l’UEFA. Le capitaine, Sven Vermant (33 ans), nous reçoit et la discussion débute forcément sur le thème de ce revers inattendu, subi lors de la deuxième journée de la compétition.

Avant ce premier déplacement de la saison, Marc Degryse avait dit qu’il voulait que vous jouiez autrement que l’an dernier hors de vos bases et que ce n’est qu’après cela qu’on verrait où vous en étiez.

Sven Vermant : Et voilà que nous subissons déjà notre première défaite. C’est dur à avaler. J’espère que tout le monde va désormais redescendre sur terre.

Birger Maertens a dit que, par moments, il a vécu les mêmes sensations que la saison dernière, lorsque vous n’avez remporté que quatre matches en déplacement.

Je pense qu’on doit faire attention à ce qu’on dit immédiatement après un match. Une semaine plus tard, on est déjà plus posé. Moi, je n’ai pas l’impression que le groupe avait peur de ce qui s’était passé l’an dernier en déplacement. On ne peut absolument pas comparer. Mais nous devons donner davantage de nous-mêmes pour ce groupe. Notre premier match en déplacement a mal tourné, c’est à nous de faire en sorte qu’il en soit autrement et de prouver, après 34 matches, que nous pouvons être champions.

En attendant, Anderlecht compte trois points d’avance sur vous.

Sans très bien jouer, les voilà avec un six sur six. C’est comme ça et il nous reste à prendre des points dans les matches qui viennent. Celui qui veut être champion a toujours de la pression. A nous de démontrer qu’on ne nous déstabilise pas aussi vite.

Vous avez gagné 5-0 contre La Gantoise et perdu 3-2 à Roulers : entre ces extrêmes, où se situe la vraie valeur du Club Bruges ?

On le verra dans les prochaines semaines. Tout le monde a pu voir que c’était bon contre La Gantoise et mauvais à Roulers. Nous avons commis trop d’erreurs pour pouvoir l’emporter. Je pense que la différence se situe dans notre jeu : nous avons joué très différemment de la semaine précédente. Nous avons manqué d’agressivité et certaines consignes n’ont pas été respectées, comme sur les longues rentrées en touche. Mais je ne veux pas entrer dans les détails. On peut en parler pendant des heures avant la partie mais c’est la façon dont on exécute les choses sur le terrain qui compte. Il faut avoir du respect envers tout le monde mais être sûr de ses qualités. A nous de montrer ce que vaut exactement ce que Club Bruges.

 » Une bonne chose que les problèmes apparaissent maintenant  »

Contre La Gantoise, vous avez exercé le pressing tandis que contre Roulers, vous avez surtout joué dans votre moitié de terrain.

C’est parfois aussi l’adversaire qui nous oblige à jouer comme cela. En première période, il y avait beaucoup d’espaces sur le côté droit, celui de Brian Priske, et nous aurions dû jouer beaucoup plus avec lui. Ce n’est pas à moi de dire quels joueurs ont été bons ou mauvais. Il ne faut pas oublier que le football est un sport d’équipe et, sur ce plan, c’est le groupe tout entier qui a échoué à Roulers. Nous devons confirmer ce que nous avons montré contre La Gantoise. Pas à long terme mais très rapidement. Plus vite on récupère le ballon, plus on est serein. Courir sans cesse derrière la balle est beaucoup plus difficile et fatigant. Avoir de l’emprise sur le match, c’est le mérite de toute l’équipe car si les attaquants ne gênent pas la reconstruction adverse, les défenseurs sont rapidement isolés. C’est un tout, c’est la réalité.

Jonathan Blondel a été encensé pour son premier match, on a parlé de niveau de Ligue des Champions. Mais à Roulers, on l’a à peine vu. Pensez-vous qu’il soit capable de supporter les éloges ou risque-t-il de perdre la tête ?

Ne voyons pas les choses de façon trop individuelle mais je ne pense pas que ce sont les louanges qui ont changé quelque chose à son jeu. Tout le monde ne joue pas toute une saison au même niveau mais je pense que nous ne pouvons nous mettre en évidence que si nous nous donnons tous à 200 %. C’est ça qui fait la différence entre les forts et les faibles. Il ne faut pas oublier que nous n’avons joué que deux matches de championnat. Nous ne devons pas non plus commencer à penser que nous ne sommes plus bons à rien. On ne peut pas crier victoire après un match mais il ne faut pas non plus prétendre que tout ce que nous avons construit est démoli après une défaite. A nous de corriger rapidement les erreurs qui ont été commises.

Les joueurs qui ne sont pas allés au duel n’étaient pas là non plus au rebond du ballon, par exemple.

Nous savions ce à quoi nous devions faire attention et, je ne vois pas pour quelle raison, nous n’avons pas été attentifs. Mais il vaut peut-être mieux que cela nous arrive maintenant que plus tard.

Plus pro

Que pensez-vous de vos propres prestations jusqu’ici ?

Je ne pense pas que le fait d’être aligné aux côtés de Jonathan Blondel plutôt que d’Ivan Leko change grand-chose pour moi. J’essaye d’être constant, de garder un certain niveau tout au long de la saison et cela me réussit plutôt bien. Un joueur doit s’adapter à ses équipiers. Pour vous donner un exemple : Jo est plus rapide, il faut donc jouer un peu plus dans sa foulée, tandis qu’Ivan préférait recevoir le ballon dans les pieds. Mais les noms de ceux qui sont sur le terrain n’ont pas tellement d’importance. Ce qui compte, c’est que les places soient prises par ceux qui peuvent le mieux exécuter le système.

Blondel a souvent dit que votre présence était importante pour lui car vous parlez et dirigez. Avez-vous beaucoup d’emprise sur lui ?

A certains moments, il faut lui dire de se sortir le plus rapidement possible d’une situation problématique, afin qu’il n’y ait pas de dégâts. On peut aussi lui dire de jouer un peu plus haut ou un peu plus bas. Parfois, il a tendance à jouer un peu haut mais c’est aussi une question qui concerne l’ensemble du groupe : il faut être le plus compact possible et ce n’est pas toujours facile. Que ce soit devant ou derrière, il faut de la discipline afin de limiter les espaces entre les lignes.

Voulez-vous dire par là que le Club a parfois trop tendance à vouloir y aller ?

Parfois, oui. Et alors, les défenseurs ont l’impression que nous jouons trop haut. Ce sont des choses qui doivent se décider en cours de match. C’est pour cela que je répète qu’à un certain moment, la solution doit venir des joueurs. L’entraîneur peut régler certaines choses, nous dire où se trouve la clef, mais les joueurs doivent prendre certaines décisions. Un joueur qui reçoit un ballon sur la ligne de but doit décider lui-même s’il dribble. Pour un changement d’aile, c’est au joueur de voir la possibilité et de décider s’il donne le ballon ou pas. J’ai déjà vu beaucoup de choses changer en bien ici. C’est pourquoi je dis qu’il est trop facile de dire après deux matches que tout va bien ou que tout va mal. A de nombreux points de vue, nous travaillons de façon beaucoup plus professionnelle qu’avant, que ce soit en matière d’entraînement ou de préparation.

Dosage revu et corrigé

Jan Van Winckeln, votre préparateur physique, affirme qu’au point de vue de la condition, Bruges est très bien préparé.

De nos jours, on ne s’en sort plus uniquement en se basant sur une bonne technique. On a vu à la Coupe du Monde que les équipes motivées à 100 % et bien organisées pouvaient aller très loin. Nous avons eu une très bonne préparation, même si cela ne s’est pas toujours remarqué aux résultats. Nous avons bien entamé la saison. Contre le PSG, nous avons beaucoup mieux joué que dans les autres matches amicaux. Et même si on ne parle pas du PSG, on a vu contre La Gantoise que nous étions bien dans le coup. Nous n’avons pas laissé l’occasion à notre adversaire d’entrer dans le match et les Gantois ont dû se sentir mal au moment de préparer la deuxième journée. Je répète qu’il est très important de nous concentrer sur nos objectifs. Nous devons conserver notre organisation et il n’est pas question que les deux arrières latéraux montent en même temps pour soutenir la division offensive.

Car alors, comme on l’a vu à Roulers, Clement et Maertens se retrouvent trop souvent en situation de deux contre deux.

Ils ont été isolés, c’est vrai, et ce n’est jamais facile pour des défenseurs centraux.

Et si l’équipe est mise sous pression, elle risque de laisser trop d’occasions à l’adversaire.

Nous ne devons montrer personne du doigt. Chacun doit se regarder dans le miroir et se demander ce qu’il peut faire de mieux. La force d’un groupe, c’est la somme de l’investissement personnel de chacun.

Que pensez-vous de la préparation physique ? Vous sentez-vous mieux que les autres années ?

On tient beaucoup plus compte des efforts fournis et on nous accorde un temps de récupération adapté. D’un point de vue général, l’intensité des entraînements a été adaptée aux périodes d’efforts et de récupération. Tout est mieux dosé.

 » C’est quoi, une belle victoire ? »

Clement a ainsi appris qu’il se donnait parfois beaucoup trop à l’entraînement et qu’il devait lever le pied à certains moments.

Je me souviens encore parfaitement que, lors de mon arrivée au Club, nous nous entraînions sans cardiomètres. Nous devions couvrir deux grands tours et un petit, tous dans le même temps. Aujourd’hui, chacun s’entraîne en fonction de ses capacités mais il y a des jours où les entraînements sont plus longs ou plus courts, en fonction des phases de travail dans lesquelles nous nous trouvons. Il est fort possible que nous restions plus de deux heures sur le terrain.

Ferrera est arrivé à cinq semaines de la fin de la saison 2005-2006 ? Dans quelle mesure a-t-il eu le temps de transmettre ses idées au groupe ?

J’ai remarqué une nette progression au cours des derniers matches de la saison dernière et, depuis la reprise, chacun sait exactement ce que l’entraîneur attend. D’abord des victoires, bien entendu ( il rit).

Après le match contre le PSG, il a affirmé que le Club ne marquait pas beaucoup sur des erreurs de l’adversaire.

A Roulers, nous avons eu une dizaine d’occasions nettes. Ajoutez-y nos deux buts, qui n’étaient pas les plus faciles à marquer, cela fait douze. Il est très positif de se créer autant d’occasions mais il faudra évidemment les transformer. Nous avons donc de l’espoir et des regrets. Pour moi, il ne faut pas nécessairement bien jouer. Les victoires les plus belles sont souvent celles acquises à force de caractère.

Mais ce groupe a-t-il assez de caractère, justement ?

Il le faut, sans quoi nous serons limités et trop faciles à éliminer. Je pense que nous avons suffisamment de caractère mais nous devons veiller à le montrer dès le début de match.

Pensez-vous que Koen Daerden soit aussi fort qu’à Genk ?

Tout le monde a besoin d’un temps d’adaptation. Je suis revenu ici après y avoir joué pendant huit ans et, même en connaissant la maison, j’ai eu besoin de temps. Il ne faut pas voir les choses de façon trop individuelle : si l’équipe joue bien, tout le monde va en profiter. Koen a inscrit un but important lors du premier match et je trouve qu’il remplit bien son rôle. Il ne se cache pas et se bat mais il est bien possible qu’il ait encore besoin d’un peu de temps pour atteindre son meilleur niveau.

Ne pas toucher à Ceulemans

La mentalité dans le vestiaire a-t-elle changé ?

Certainement. D’autant que, même dans le cabinet médical, nous avons d’autres missions, comme les soins préventifs. Nous devons donc souvent être là vers 8 h 30 et rester après l’entraînement. Les nouveaux venus sont des gens posés qui font en sorte que tout soit plus équilibré. Je veux dire que nous travaillons comme nous devons le faire. Un professionnel doit vivre pour son sport. Si nous voulons atteindre nos objectifs, il nous faudra compter sur un noyau en forme et des gens qui se donnent à 200 %.

Les louanges que l’on porte au professionnalisme d’aujourd’hui sont-elles autant de critiques à l’adresse de Jan Ceulemans ?

La seule chose que je retiens, c’est que Jan Ceulemans est un monument à Bruges, et cela, rien ni personne ne pourra le lui enlever. Même pas ce qui s’est passé la saison dernière.

Songez-vous encore à l’équipe nationale ?

Pas vraiment. René Vandereycken a succédé à Aimé Anthuenis mais je n’ai pas encore été repris dans sa sélection. Je ne me fais donc pas d’illusions à ce sujet. Le plus important, c’est le Club Bruges, d’autant que je ne suis plus tout jeune. J’ai 33 ans et il faut aussi que le sélectionneur national respecte une certaine ligne de conduite.

Vous êtes capitaine, vous êtes le bras droit du coach sur le terrain mais, curieusement, on ne vous a jamais entendu dire que vous vouliez devenir entraîneur.

Laissez-moi toujours jouer au football et être présent chaque jour sur le terrain car tous ceux qui ont arrêté me disent que c’est la plus belle des tâches en football. Je n’ai pas encore le sentiment de vouloir devenir entraîneur dans X années. Cela peut encore changer mais je ne sais pas encore si c’est mon ambition. J’ai connu beaucoup de choses en Allemagne et tout est donc possible. Il y a pas mal de choses que je peux faire et je connais mes possibilités.

RAOUL DE GROOTE

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