Micky mousse bien

Pierre Bilic

Le médian gauche de Sclessin monte en régime avec, notamment, un apport collectif de plus en plus concret.

Il ne roule pas des mécaniques et s’appuie avant tout sur la tranquillité dans ses contacts avec les autres. Miljenko Mumlek, l’ancien milieu de terrain de Varteks Varazdin, un excellent club de D1 croate, a calmement pris ses marques au Standard.

Il aurait pu sentir sur ses épaules le poids des comparaisons quand certains en firent l’égal de Milan Rapaic. Miljenko Mumlek ne joua pas à ce jeu-là, ne prit pas des airs de star en débarquant à Sclessin, trouva son rythme de croisière, dénicha tranquillement sa place dans le vestiaire et sur le terrain liégeois. Micky, son surnom pour les amis, n’est pas une vedette repue mais un bon professionnel qui a déposé son fil à plomb au pied d’un des murs de la nouvelle maison de DominiqueD’Onofrio.

Samedi passé, face à Gand, son rendement tactique et technique fut intéressant et en hausse. Il géra les balles arrêtées et deux de ses frappes furent à la base des buts liégeois. Sa conduite de la sphère blanche fut excellente mais il devra encore s’adapter à quelques spécificités du championnat de Belgique.

 » Le jeu est évidemment plus engagé et plus rapide que dans mon pays « , reconnaît-il.  » Ici, il arrive souvent que la balle ne transite pas par la ligne médiane. Le trafic aérien est très présent, c’est un football où le souci de ruptures, de recherches des espaces en profondeur est important dans le chef de toutes les équipes. Je suis satisfait du match que j’ai livré face à Gand même si j’aurais aimé marquer mon premier but. J’en ai eu la possibilité à deux reprises et mes tentatives échouèrent de peu. A côté de cela, je crois avoir distillé quelques bons ballons vers EmileMpenza et Alexandros Kaklamanos. Ma production augmentera encore car je n’ai évidemment pas fini de découvrir les différents mécanismes tactiques et les automatismes de l’équipe « .

Micky mousse de mieux en mieux…

Renverser le jeu, servir Emile Mpenza en profondeur

Contre Gand, le Standard a aligné sa défense en ligne dans un 4-3-1-2. Dans le trio de la ligne médiane, Miljenko Mumlek et Roberto Bisconti se placèrent de part et d’autre de Lalo Sorondo. Le Croate était l’élément offensif de cette troïka. Sa mission était de renverser le jeu, de servir Emile Mpenza en profondeur et de tirer des fils vers Almani Moreira placé derrière les deux attaquants. Il devait le faire tout en serrant vers Lalo Sorondo et en dégageant le couloir afin de permettre les montées de GonzagueVan Dooren. Miljenko Mumlek s’acquitta bien de sa tâche. Son calme fut précieux.

C’est un homme de métier et cela se vit encore plus après l’exclusion justifiée de Lalo Sorondo. L’Uruguayen lève facilement le coude. Cela s’était déjà vu face à La Louvière quand il se paya le visage de Mamar Mamouni. Cette fois, ce fut au tour du Gantois Hamad Ndikumana de découvrir les  » qualités  » de frappeur du Sud-Américain. Ce dernier aurait réagi après avoir constaté que le Buffalo pinçait ses… bijoux de famille. Douloureux évidemment mais un professionnel ne peut pas se permettre de réaction violente qui entraîne une carte rouge après 48 minutes de jeu et des problèmes pour toute l’équipe. Cela lui coûtera quelques semaines de suspension.

Dominique D’Onofrio dut revoir son occupation de terrain face à ce Gand invaincu en déplacement. Roberto Bisconti glissa vers le centre et, en tant que pare-chocs, il y livra une deuxième mi-temps de bel acabit. Le coup de génie du coach liégeois fut de conserver deux attaquants, Almani Moreira décrochant un peu plus dans le jeu afin de garder la liaison avec la ligne médiane. Le Standard fut presque plus à l’aise à dix qu’à onze. Ce n’est pas l’effet du hasard. L’équipe fit alors preuve de solidarité et de maturité. La ligne médiane fut à la hauteur de sa mission. Miljenko Mumlek y contribua en travaillant tranquillement et en s’efforçant avec succès de contrôler la circulation du ballon.

Tout n’est pas encore parfait mais le onze de  » DD  » a retrouvé un rythme de croisière et prouvé que le large succès acquis à l’Antwerp ne serait pas sans lendemain. Un nouveau défi les attendra lors de leur prochain voyage, à St-Trond.

 » Je sais que c’est quasiment un derby et qu’il règne toujours une ambiance de feu dans ce petit stade, surtout quand le Standard s’y déplace « , affirme Miljenko Mumlek.  » Un troisième succès consécutif serait assez significatif pour ce groupe qui travaille beaucoup « .

A son arrivée en Belgique, Miljenko Mumlek ne s’attendait pas à vivre rapidement une grosse crise de confiance. Le Standard avait bien entamé la saison avant d’encaisser trois défaites avec ses nouveaux renforts.

 » C’était assez surprenant vu la qualité de ce noyau « , affirme Micky.  » Je suis arrivé en même temps que Lalo Sorondo et Emile Mpenza. J’étais séduit par les atouts du Standard qui, en plus, avait fait revenir un star, un joueur qui peut évoluer partout en Europe : Emile. C’était fort mais toute équipe a toujours besoin d’un peu de chance et parfois d’un petit but qui lance la mécanique. Or, nous sommes restés muets durant trois matches et cela a semé le doute. Un footballeur, c’est fragile et il suffit parfois de quelques détails pour bloquer une situation « .

L’attente d’un déclic

Les inconditionnels crièrent alors leur colère et le Croate fit la connaissance de la fièvre liégeoise.

 » Les supporters du Standard me font penser à ceux de Hajduk Split « , dit-il.  » Les Dalmates ont également un tempérament de feu et quand cela chauffe au stade Poljud, cela s’entend. Les Liégeois sont comme eux et ne cachent pas leurs émotions. C’est stressant mais cela fait également le charme des villes où le football est très important « .

Avec cinq matches de championnat de Belgique à son compteur, Miljenko Mumlek peut déjà se faire un bonne petite idée du profil de notre football. Il fit ses débuts contre Genk en prenant la place de Papy Kimoto après 70 minutes de jeu. Emile Mpenza en fit de même à ce moment-là en remplaçant Alexandros Kaklamanos.

 » Genk était encore dans une phase de transition lors de sa venue à Sclessin « , affirme-t-il.  » Les Limbourgeois, m’a-t-on dit, ont dû remplacer toute leur ligne d’attaque tout en cherchant un successeur à Josip Skoko. Genk a été très défensif chez nous mais j’ai quand même noté un souci de garder le ballon. Même si elle s’exprima en contres, cette équipe a un style assez hollandais. Genk a eu la chance d’ouvrir assez rapidement la marque par Koen Daerden. A partir de ce moment-là, ce fut d’autant plus difficile pour le Standard que Genk se replia et misa sur les contres. Nous méritions d’égaliser, cela ne se discute pas. Hélas, cela ne se concrétisa pas par manque de chance. Genk, par contre, exploita un coup franc et une balle détournée pour doubler son capital. Je me suis rendu compte qu’on lutte de la première à la dernière minute en Belgique. Genk, en tout cas, connaissait le Standard de A à Z. Cela m’amène à penser que le travail de scouting est très important ici. A chaque match, on nous parle d’abondance des qualités de l’adversaire : c’est une bonne chose. Si nous étions parvenus à égaliser contre Genk, beaucoup de choses auraient été différentes. Notre public a été extraordinaire ce jour-là et signa un tifo d’une grande beauté « .

Après ce faux-pas, le Standard tourna un remake du Cercle des poètes disparus à Bruges. Les Liégeois mirent les deux genoux à terre face aux néo-promus. Et, comme ce fut le cas face à Genk, les Rouches gaspillèrent des cartouches, son gardien de but ne fut pas à la hauteur et le mental en prit un coup.

 » Ce ne fut évidemment pas bon du tout « , analyse Miljenko Mumlek qui joua tout le match.  » Les Brugeois s’accrochèrent comme des naufragés à leur but d’avance. Là aussi nous aurions dû marquer même si le gardien de but du Cercle fut impressionnant. Nous avons baissé les bras et c’est ce que l’adversaire attendait. Avec au bout du compte un deuxième but pour le Cercle et l’attente reportée pour nous d’un déclic. Je savais qu’un simple but changerait tout « .

Le Standard s’enfonçait dans la crise, les doutes, les problèmes. Le 27 septembre, c’est l’estomac noué que les Liégeois offrirent le couvert aux hommes d’ Ariel Jacobs. Ce fut le deuxième match complet de Miljenko Mumlek en Belgique. Les Loups venaient de tenir la dragée haute à Benfica (1-1 en match aller de la Coupe de l’UEFA) et jouèrent sans complexe à Sclessin. Le médian croate faisait la découverte d’une équipe typiquement belge : stable, dotée de vitesse et de perforation en pointe, agressive à la récupération, s’appuyant sur une tactique aux grandes lignes stables, donc éprouvées. Les Loups exploitèrent une bourde défensive liégeoise pour prendre l’avance.

Greffe enfin réussie

 » J’estime aussi, comme d’autres, que la D1 belge est difficile et intéressante « , souligne Miljenko Mumlek.  » La Louvière a posé de solides problèmes à Benfica, c’est tout dire. Nous avons affronté un bloc. Et le scénario fut un peu le même que contre Genk. La Louvière a ouvert la marque. Le Standard a galopé derrière les événements, n’est pas parvenu à faire la jonction et a finalement encaissé un deuxième but « .

Trois matches, trois défaites, six buts encaissés, deux par rencontre, zéro sur neuf, bonjour la haute tension, supporters en colère, crise : le déplacement à Deurne était vital. Là, le Standard entama bien le mois d’octobre et étala enfin volonté, hargne, esprit compétitif, etc. La greffe des nouveaux était enfin réussie.

 » Ce ne furent pas des moments faciles à vivre « , reconnaît Miljenko Mumlek qui joua 86 minutes au Bosuil.  » Mais c’est là que le déclic s’est produit. L’Antwerp luttait pour garder la tête hors de l’eau. Emile Mpenza a ouvert la marque et le reste a suivi. Il y avait de la vitesse, de la profondeur, de la précision, de l’organisation. Là, j’étais sûr que c’était le bon départ pour nous. Le Standard a alors eu dix jours pour préparer la suite des événements « .

Le succès acquis face à Gand est, en quelque sorte, une confirmation mais Miljenko Mumlek sait qu’il faudra une belle et longue série de victoires pour retrouver un classement plus digne des potentialités rouches. En attendant, il suit des cours de français et s’est installé avec sa femme Liljana et leur fils Arijan, six ans, dans le centre de la Cité ardente. Tchantchès aussi aura été séduit par sa gentillesse.

 » Un footballeur, c’est fragile. Il suffit parfois de quelques détails pour bloquer une situation « 

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