De Heerenveen à l’Ajax pour 16,25 millions : le transfert interne le plus cher de l’histoire du championnat hollandais.

Une fusée ! Miralem Sulejmani (19 ans) n’a eu besoin que d’une saison chez les pros pour devenir un des gibiers les plus convoités du marché européen. En début de saison dernière, ses stats se résumaient à un petit match en D1 serbe avec le Partizan Belgrade, pendant la saison 2005-2006. A la fin de ce championnat-là, il y a un transfert à Heerenveen, aux Pays-Bas. Mais les clubs ne parviennent pas à se mettre d’accord et la FIFA tranche : suspension pour le prodige offensif et donc toute la campagne 2006-2007 loin des spots. Puis, il y a ce fantastique championnat 2007-2008, toujours à Heerenveen : 34 matches, 15 buts, une dizaine d’assists. Mais aussi le trophée de la Fondation Johan Cruijff qui récompense le plus grand talent de l’année. Et ses premières capes en équipe serbe.

Forcément, des grands clubs affluent. De France : Le Mans et Lille, bof… D’Angleterre : Chelsea, autrement plus prestigieux. Egalement des Pays-Bas : le PSV Eindhoven, Feyenoord et l’Ajax. Sulejmani a finalement choisi de déposer ses valises à Amsterdam. Vu l’intérêt et son contrat courant jusqu’en 2010, celui que l’on surnomme Mickey devait évidemment coûter cher. Et il a effectivement coûté beaucoup d’argent : 16,25 millions d’euros. Nouveau record pour un transfert dans le championnat hollandais -l’ancien était détenu par un autre attaquant, Klaas-Jan Huntelaar.

Sulejmani, c’est une fine gâchette mais aussi une grande gueule et un sacré caractère. Il fait sa formation au Partizan Belgrade- sa ville natale. Il n’en retient que du bonheur, en tout cas sur le plan sportif :  » Il y a quelques années, l’UEFA a désigné l’école du Partizan comme la meilleure d’Europe avec le centre de formation de l’Ajax « . Mais ça se corse pour lui quand les choses sérieuses s’annoncent. Il est intégré au noyau de Première mais le club tarde à lui faire signer un contrat pro. L’attaquant de génie s’impatiente, s’énerve et claque la porte. Il fait un test à l’AZ, concluant, mais le transfert capote pour une question d’agents. Il signe alors à Heerenveen, se fait suspendre mais ne regrette rien aujourd’hui.

 » C’était le prix à payer pour progresser et pour entamer une belle carrière. Finalement, il n’était pas trop élevé. Surtout que j’ai profité à fond de cette saison sans football pour m’améliorer, pour me préparer à ma découverte de la D1 néerlandaise. S’il n’y avait pas eu cette année sans matches, je n’aurais jamais été aussi fort en 2007-2008. Je me suis concentré sur des aspects bien précis de mon évolution. Notamment le physique : j’ai pris entre 8 à 9 kilos de muscles « .

Ceux qui le font avancer : Mijatovic et van Nistelrooy

La saison dernière, Sulejmani a joué quelques matches épiques, notamment contre l’Ajax. Son adversaire direct, le défenseur international John Heitinga, a été tourné en bourrique pendant une heure et demie. Commentaire du Serbe après ce match :  » Avec tout mon respect pour Heitinga, qui est un excellent joueur, il a eu de la chance que je ne mette pas cinq ou six buts « . Ce soir-là, sa valeur virtuelle sur le marché des transferts est subitement estimée à 10 millions. Et il vient de faire un premier pas vers l’Ajax. Marco van Basten, toujours sélectionneur orange mais futur coach à Amsterdam, en fait sa priorité avec un autre buteur, l’Argentin Dario Cvitanic (Banfield). Il les aura finalement tous les deux pour le prochain championnat : ça risque de péter !

L’Ajax a-t-il fait une bonne affaire ? Sportivement, on devra encore attendre quelques semaines pour le savoir. Financièrement, ça aurait pu mieux se passer. Ce club avait déjà contacté Sulejmani quand il avait 17 ans, en lui demandant de patienter jusqu’à l’âge de 18 ans, en lui expliquant qu’il serait tenu à l’£il. Il aurait fallu aller plus vite en besogne pour éviter de devoir dépenser plus de 16 millions. On ne sait pas combien le joueur va gagner à Amsterdam, on devine simplement que le salaire sera à la hauteur de la somme de transfert.

 » Mais je n’ai jamais pensé à l’argent. A Heerenveen, j’avais le minimum pour un extracommunautaire : 177.000 euros par an. Si j’avais voulu m’en mettre plein les poches, je serais resté en Serbie. Mais ce n’est pas ce que je voulais. Mon ambition est purement sportive, je veux devenir le meilleur joueur du monde. Je rêve de jouer la Ligue des Champions, d’en disputer la finale et d’y marquer le but décisif comme mon compatriote Predrag Mijatovic avec le Real, contre la Juventus, il y a juste 10 ans. J’avais un poster de Mijatovic dans ma chambre et je veux marcher sur ses traces. Sur celles de Ruud van Nistelrooy aussi. Il était resté une seule saison à Heerenveen avant d’exploser au PSV, à Manchester United puis au Real. Je veux une carrière comme la sienne « .

Sulejmani l’Ajacide se produira-t-il avec ses godasses jaunes préférées ? A Heerenveen, club très strict sur le plan vestimentaire (notamment), c’était mal vu. Là-bas, on exige que les joueurs rentrent le maillot dans le short et portent des chaussures noires. Le Serbe voulait du jaune, ce qui irritait son entraîneur ( Gertjan Verbeek, qui coachera Feyenoord la saison prochaine). L’attaquant a répliqué :  » Je plante 15 buts et tu ne dis plus rien de mes godasses, ok ? ». Il l’a fait.

par pierre danvoye

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