MICHEL NGONGE ET THIERRY HENRY

Le maillot de Titi a fait doublement plaisir.

Michel Ngonge :  » J’ai beau avoir sillonné l’Europe d’est en ouest, de Samsunspor en Turquie jusqu’à Kilmarnock en Ecosse, mon armoire aux souvenirs ne regorge pas d’une kyrielle de maillots. Davantage que les traces matérielles, ce sont plutôt les rencontres avec d’autres footballeurs, à la fin des matches, qui m’ont toujours interpellé en priorité. En Turquie, sitôt les matches terminés, je me remémore quelques conversations des plus intéressantes que j’ai eues avec des potes africains qui jouaient dans les rangs adverses. Comme Jay-Jay Okocha par exemple, ou encore Daniel Amokachi. Avec eux, et bien d’autres encore, j’ai toujours préféré échanger les numéros de téléphone au lieu de pièces de vêtements. Mais je peux comprendre très aisément que certains collègues auraient eu d’autres priorités.

Il est toutefois arrivé à l’une ou l’autre reprises qu’indépendamment des coordonnées d’un opposant, j’hérite quand même de sa vareuse. De ce point de vue-là, dans mon hit-parade personnel, je placerai au numéro 1 la tenue d’un footballeur que je ne possède toutefois plus aujourd’hui : celle de Thierry Henry. Il faut savoir qu’à l’époque où je défendais les couleurs de Watford, l’équipe chère à Elton John s’était entraînée durant toute une période dans les anciennes installations d’Arsenal. Pas mal de Gunners, pour des raisons de facilité évidentes, avaient alors choisi d’élire domicile non loin de là. Du coup, après les séances de préparation, il n’était pas rare que je croise l’un d’entre eux au resto. Et c’est ainsi que j’avais pu lier connaissance avec deux gars qui sont devenus d’authentiques amis entre-temps : Titi d’une part ainsi qu’une autre figure de proue de la bande à Arsène Wenger : Patrick Vieira.

Si j’ai gardé le jersey du médian français, celui de Thierry, je l’ai remis en fin d’année passée à Patrick Mauléon. L’infortuné Namurois, qui souffrait depuis de nombreux mois de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, avait fait l’attention d’un match de bienfaisance de la part d’anciens potes namurois comme les frères Eric et OlivierSuray et Roch Gérard, auxquels plusieurs autres éléments de renom s’étaient joints, tels Philippe Albert et Marc Wilmots. Chacun d’entre eux avait apporté un maillot souvenir, destiné à faire l’objet d’une vente aux enchères. Parmi tous ces dons, Patrick avait cependant tenu à conserver celui que Thierry m’avait remis, parce que c’était un joueur qui ne le laissait pas indifférent. Je suis heureux d’avoir fait plaisir à Pat de cette manière. Je revois toujours ses yeux qui pétillaient à cette occasion. C’est la dernière fois, malheureusement, que je me suis retrouvé à ses côtés. Quelque temps plus tard, le mal incurable dont il souffrait, caractérisé par une dégénérescence des muscles, l’emportait à jamais.

Lors des dernières fêtes de fin d’année, je suis retourné quelques jours à Londres et le hasard a voulu que je revoie Thierry. Je lui ai rapporté l’histoire de son maillot et il était ému d’avoir pu contenter quelqu’un de la sorte. Titi m’a demandé dans la foulée si je désirais une autre de ses tenues. Je me suis contenté de son nouveau numéro de portable. Pour moi, il suffisait amplement à mon bonheur. Mais je suis heureux d’avoir pu faire une bonne action avec la vareuse qu’il m’avait remise en mains propres quelques années plus tôt « .n

par Bruno Govers

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