Mi-figue, mi-raisin

Le jeune gardien d’Overijse s’impatiente… patiemment dans l’ombre.

A 17 ans, Tom Meyers a réussi des débuts de choix en D2, lors du déplacement du RWDM à La Louvière. Bon dans les airs, sûr de lui, audacieux, intrépide, ce gamin originaire d’Overijse est de la graine des grands portiers. « C’est un gardien né », dit de lui Eric Deleu, son entraîneur spécifique. « Il est très bon dans tous les domaines. Il saura gérer sa réussite actuelle ». (Foot Magazine, août 1998)

Si le RWDM tient le haut du pavé en D2, il le doit dans une large mesure au brio de son portier, Tom Meyers. Encensé plus souvent qu’à son tour depuis un bon mois, le principal intéressé s’efforce toutefois de garder les pieds sur terre. « Sur le plan psychologique, Tom surpasse tout le monde », affirme Eric Deleu. « Je n’ai encore jamais vu un jeune de 17 ans faire montre d’une telle maturité et d’une telle sérénité. Je dois même parfois le freiner. Il maîtrise à ce point les différents aspects du keeping qu’il a parfois tendance à vouloir trop en faire. Je ne doute pas un seul instant qu’il fera une grande carrière s’il persévère dans la même voie. Techniquement et psychiquement, il est paré. La seule chose qu’il doit étoffer, c’est son body ». (Foot Magazine, octobre 1998)

« Je suis en toute grande forme et je veux prouver que je ne suis pas titulaire par hasard au RWDM », affirme Tom Meyers. « Les contacts avec Mouscron ont été rompus, mais les Français de Rennes ont fait de mon transfert une priorité ». (Het Laatste Nieuws, avril 2000)

Tom Meyers n’est pas le premier venu. « Mon ambition, c’est de jouer en D1 », dit-il. (Het Nieuwsblad, octobre 2000)

Le deuxième gardien molenbeekois est perçu comme un portier de grand talent. Le deuxième club de la capitale ne s’y est d’ailleurs pas trompé en lui faisant signer un contrat de longue durée. En outre, Meyers est régulièrement appelé en équipe nationale. (La Gazette des Sports, octobre 2000)

Le problème de Meyers, c’est qu’il ne progresse plus. Il joue rarement et ne peut pas progresser de façon phénoménale à l’entraînement. Son statut de troisième gardien du RWDM lui a aussi coûté une place chez les Espoirs. « Tom a du talent, mais depuis deux ans, il pense que tout va aller tout seul », lance Deleu. « Il ne s’est plus amélioré. Il est sur un nuage et il est urgent qu’il en redescende, qu’il se remette en question ». (Voetbal Magazine, juin 2001)

En 1998, Meyers a vécu son pire cauchemar, au Lierse. Guy Vandersmissen l’avait titularisé dans les buts. C’était bien parti, avant le match en Coupe à Lierre. Résultat: 8-1. Au lendemain de cette dégelée, dans laquelle il n’avait pourtant aucune responsabilité personnelle, il fut débarqué et on ne l’a pratiquement plus revu. Lors des deux dernières années, il n’a effectué que des apparitions sporadiques lorsque le titulaire faisait faux bond. Pourtant, son talent reste intact et de nombreuses équipes sont à l’affût d’un gardien qui n’a que 20 ans. (La Gazette des Sports, décembre 2001)

« RWDM: transférer massivement et s’en mettre plein les poches »

Les commentaires d’époque sont unanimes: Tom Meyers (17 avril 1981, 1m82, 70 kg) était considéré comme un futur grand gardien belge. Aujourd’hui, il se bat dans l’anonymat de La Louvière, comme troisième gardien. Qu’avez-vous fait de vos 21 ans?

Tom Meyers: C’est vrai, je n’ai toujours que 21 ans. J’ai encore du temps devant moi pour m’affirmer définitivement, pour prouver que j’ai le niveau de la première division. Même si je suis évidemment conscient que je devrai bientôt franchir un palier. Je ne peux pas rester éternellement un grand espoir. Je m’étais fixé l’âge de 22 ans pour percer définitivement. Je ferai le point dans un an ou deux. S’il le faut, je suis prêt à redescendre en D2. Ou même en D3, qui est de toute façon une meilleure vitrine que la Réserve d’un club de D1.

Après tous les commentaires positifs que vous avez suscités entre 17 et 20 ans, vous ne pouvez évidemment pas être satisfait d’un statut de troisième gardien à La Louvière. Il est rare que le numéro 3 ait l’occasion de s’exprimer en championnat.

Je sais. En signant mon contrat ici, l’été dernier, je savais très bien que j’aurais très peu de chances d’être aligné en Première cette saison. Mais à partir du moment où aucune autre offre ne m’était parvenue, je ne pouvais pas faire le difficile. J’ai craint de devoir arrêter complètement le football. Quand je suis arrivé, il y avait déjà Tidman et Van Steenberghe dans le noyau. On m’avait dit que Tidman ne resterait pas, mais on m’avait aussi expliqué que le club était à la recherche d’un titulaire. Dès que Proto est revenu, Tidman est passé dans le noyau B mais je suis resté numéro 3.

Pourquoi n’êtes-vous jamais parvenu à confirmer définitivement avec le RWDM, après vos débuts prometteurs?

Il y a beaucoup de choses à dire sur la politique de ce club. Freddy Smets avait une priorité: acheter de grands noms pour entretenir l’image du club. Il y avait clairement, dans le noyau, des jeunes aussi forts que ces transferts. Mais ils ne jouaient pas. Evidemment, c’est tentant d’attirer des joueurs connus et de se mettre de l’argent en poche… Mais on voit où cette politique de recrutement a mené le RWDM. Plusieurs fois, j’ai cru que j’allais monter d’un cran. Mais je voyais systématiquement débarquer un nouveau gardien: Van de Velde, puis Doumen, puis Van de Putte. Moi, je ne comptais pas. A Molenbeek, on ne comprenait pas qu’il ne servait à rien d’avoir 35 joueurs professionnels. J’ai perdu beaucoup de temps et beaucoup d’argent là-bas: je n’ai plus été payé à partir du mois de février de cette année, on m’a privé d’une prime importante et le club n’a pas honoré ses paiements au fonds de pension. »Seul Emilio peut relancer Anderlecht »

C’était la direction qui transférait, mais c’était quand même l’entraîneur qui faisait l’équipe, non?

J’ai connu pas mal de coaches au RWDM, mais un seul croyait vraiment en moi: René Vandereycken. Je n’avais que 15 ans quand il m’invitait, le mercredi après-midi, à participer aux entraînements du noyau A. Ce fut une expérience fabuleuse. C’était le grand RWDM avec Rosez, Grujic, Vandersmissen, Pierre, Jacob, Laeremans, etc. A 16 ans et 10 jours, j’étais sur le banc en D1 avec Vandereycken. Quand il est parti à Anderlecht, il a voulu m’attirer là-bas, mais les négociations entre les deux clubs n’ont pas abouti. Cela voulait en tout cas dire qu’il croyait en moi. Plus tard, Vandersmissen m’a lancé en équipe Première, en D2. J’ai joué une dizaine de matches, puis il y a eu le fameux match de Coupe au Lierse.

Le grand tournant de votre jeune carrière?

Sans aucun doute. Le cauchemar dans toute sa splendeur. Pour mon premier match contre une équipe de D1, j’ai été servi. Cavens a marqué quatre fois et j’ai même encaissé trois buts en deux minutes. Mais je n’étais pas le seul responsable: toute l’équipe du RWDM manquait de qualités et de maturité pour donner une réplique valable à ce Lierse-là, qui a d’ailleurs remporté cette Coupe de Belgique. Une semaine plus tard, Godart prenait ma place. Depuis lors, je piétine. Pourtant, je suis convaincu de n’être pas moins bon qu’il y a quatre ans. En fin de saison dernière, Emilio Ferrera m’a permis de jouer un match de championnat de D1, contre Alost: je ne l’ai pas déçu. La presse a écrit que j’avais joué le match parfait. Recevoir une chance pareille de la part de Ferrera, c’est terriblement valorisant. Il a été mon meilleur entraîneur jusqu’à présent. Il voit tout. Il suffit d’écouter ses commentaires à la télé, ça saute aux yeux. En quelques minutes, il peut vous dire de quelle manière il faut s’y prendre pour battre l’adversaire du prochain match. Il n’essaye jamais de vous expliquer comment il faudra faire pour viser un point. Non, ça ne l’intéresse pas. S’il y a un coach, en Belgique, capable d’amener Anderlecht au top, c’est lui et personne d’autre. Le Lierse a actuellement le meilleur entraîneur et le meilleur manager: Herman Van Holsbeeck. éa explique la réussite de ce club.

Comment analysez-vous la confirmation de plusieurs joueurs que vous avez côtoyés dans les sélections de jeunes?

J’ai disputé une soixantaine de matches en Cadets, Scolaires et Juniors. J’ai aussi été convoqué en Espoirs. Je suis toujours en attente alors qu’il y en a plusieurs qui ont percé: Bourdon, Renard, Gillet, Buffel, Chatelle, Vangeel, Vervalle. Parce des entraîneurs ont osé leur faire confiance. A La Louvière, si Proto n’avait pas reçu une chance de montrer ce qu’il valait, il en serait toujours à mon stade aussi. J’ai raté de bonnes occasions. Broos me voulait à Mouscron mais le RWDM ne m’a pas laissé partir. Il y a un an, c’est le GBA qui a voulu me transférer. Là aussi, on m’a obligé à rester à Molenbeek. J’ai essayé de faire comprendre à Smets que je n’avais plus aucune ambition au RWDM, mais il n’a rien voulu entendre. Les décisions de la direction du RWDM expliquent en partie que je sois tombé dans l’oubli.

Pierre Danvoye

« Vandereycken me voulait à Anderlecht et Broos a tenté de m’attirer à Mouscron »

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